Journaliste
Stéphane Richard, bonjour.
Vous êtes le Président-Directeur général d'Orange. Vous venez de nous présenter les résultats du 2ème trimestre de 2020, après une période hors normes. Le Groupe s'est distingué avec des résultats très résistants dans ce contexte. Alors ma première question concerne vos premiers enseignements sur la manière dont le Groupe s'est comporté au plan général et on reviendra ensuite sur les chiffres.
Stéphane RICHARD, Président-Directeur général d’Orange
Bonjour, vous avez raison. D'abord, ce premier semestre, et en particulier le deuxième trimestre, a été une période totalement inédite, totalement hors-norme avec cette crise sanitaire et les mesures de confinement qui ont été prises dans la plupart des pays où nous opérons. Le premier constat qui s'impose est vraiment celui de la résilience exceptionnelle de ce Groupe, quand on voit un chiffre d'affaires pratiquement à l'équilibre sur le 2ème trimestre et un EBITDAaL au total sur le semestre qui a très légèrement fléchi. Donc le premier message que je voudrais passer ici, c'est vraiment celui d'une résilience tout à fait exceptionnelle de ce Groupe, de son métier, de ses activités dans un contexte de crise sanitaire globale comme celui que nous avons connu. Or il y a beaucoup de facteurs qui expliquent cela, bien sûr. D'abord, la qualité de nos réseaux et le fait qu'ils ont joué un rôle absolument crucial dans cette période. Vous savez qu'on a dû absorber des trafics considérables, avec des hausses de l'ordre de 30 % en moyenne sur les réseaux fixes comme sur les réseaux mobiles. Donc la qualité de ces infrastructures, évidemment, a joué un rôle déterminant. Mais je crois que plus que tout cela, c'est vraiment l'engagement des hommes et des femmes du Groupe que je tiens à saluer ce matin. Parce que certes, nous avons de la technologie, nous avons des réseaux, nous avons des millions de kilomètres de câbles, nous avons au fond le produit des investissements continus que nous faisons depuis des années. Mais au-delà de cela, nous avons surtout 150 000 hommes et femmes dans ce Groupe qui ont été là, qui ont été disponibles, qui ont eu la capacité de s'adapter en quelques heures au confinement que nous avons connu pratiquement partout. Je veux ici rappeler que 100 000 salariés du Groupe sont passés en télétravail pratiquement du jour au lendemain. Pour la plupart, c'était la première fois qu'ils passaient dans ce mode de travail. Et je voudrais particulièrement saluer les pratiquement 20 000 hommes et femmes du Groupe qui ont continué eux à travailler à l'extérieur, sur site, certains dans des boutiques, d'autres sur le réseau. C'est vraiment grâce à cette mobilisation incroyable des hommes et des femmes d'Orange que nous avons pu afficher ces performances au premier semestre.
Journaliste
Quelles sont les réalisations emblématiques de ce trimestre ?
Stéphane RICHARD
Comme je le disais d'abord, c'est la résilience qui est à saluer et à remarquer. Nous avons un chiffre d'affaires et un EBITDAaL qui, sur le deuxième trimestre, je l’ai dit, sont pratiquement, pratiquement à l'équilibre. Et sur le premier semestre 2020, le chiffre d'affaires est en légère croissance, ce qui est quand même une performance incroyable qu'il faut ici particulièrement saluer, et un EBITDAaL qui est en légère décroissance. Mais compte tenu des impacts directs de cette crise sanitaire, là aussi, je crois que c'est un très beau résultat.
La première chose à souligner, c'est l'attractivité de nos réseaux. Je l'ai évoqué sur la capacité technique qu'ils ont démontré, pendant cette crise, de supporter l'usage très intensif que nous avons connu. Cela se manifeste aussi par le fait qu'on a eu dans ce premier semestre 2020, une accélération assez forte des co-financements, notamment en France, sur la fibre, ce que personnellement j'interprète comme un message très positif au fond, puisque cela veut dire que les autres acteurs du marché viennent ici valider en quelque sorte la stratégie d'investissement qui a été la nôtre à travers ces co-financements. J'aimerais d'ailleurs que nos investisseurs et le marché, globalement, reconnaissent l'importance de ces co-financements comme finalement une contribution très positive, une forme de validation des choix qui ont été faits, qui ont été des choix ambitieux ces dernières années. D'ailleurs, à ce propos, malgré cette crise, malgré les mesures de confinement, nous avons continué à construire. Nous avons continué à déployer ce réseau, et notamment le réseau de la fibre. Je vous donne un seul chiffre : sur le premier semestre de 2020, le nombre de lignes déployées en France sur la fibre a augmenté de 75 % par rapport à la même période l'année dernière. Certes, il y a eu un ralentissement des chantiers, mais globalement, on a tout de même poursuivi cet effort d'investissement à un niveau très élevé.
Un autre chiffre important, je crois, c'est le nombre de clients 4G du Groupe qui a augmenté de 16 % au premier semestre de 2020. Le nombre de clients fibre optique, lui, a augmenté de 19 %. Vous voyez que, malgré une fois de plus cette crise sanitaire et ses conséquences, nous avons eu une activité très soutenue sur l'ensemble de nos technologies, la 4G dans le mobile, la fibre dans le fixe. La stratégie de l'opérateur multi-services s'est trouvée, là aussi, en quelque sorte confortée, illustrée par exemple par le fait que la consommation de vidéo à la demande pendant le confinement a fortement crû de 24 % en France. Bien évidemment, les familles qui étaient regroupées au foyer ont davantage utilisé les services qu'on leur offre à la maison.
Peut-être un dernier élément d'information qui est, je le crois, important pour nos actionnaires. J'ai décidé, comme vous le savez, de remanier assez profondément l'équipe dirigeante du Groupe. Et donc c'est une équipe différente, rajeunie, avec des talents que j'ai fait venir de nos pays et avec une très forte expérience opérationnelle qui va être en charge de relever les défis des prochains trimestres. Je crois que c'est important que l'on ait ce nouveau souffle, cette nouvelle énergie aussi dans notre équipe, à la suite de ces quelques mois incroyables que nous avons vécus.
Journaliste
Passons aux chiffres. Quel est l'impact de cette crise et quels sont les points forts du trimestre ?
Stéphane RICHARD
Donc si nous prenons les principaux chiffres, nous avons un chiffre d'affaires, je l'ai dit, qui, au 2ème trimestre, est en recul très léger de 0,4 % et, total sur le semestre, + 0,3 %. Nous avons donc un chiffre d'affaires en légère hausse sur ce premier semestre de 2020. Je le rappelle encore une fois parce que je trouve ce chiffre en lui-même assez remarquable. Alors ce chiffre d'affaires a été pénalisé par des impacts directs de cette crise et, notamment du lockdown, avec la fermeture de 75 % de nos boutiques, l'arrêt quasi complet du roaming puisqu’il n’y a plus de tourisme et qu’il n’y a plus d'échanges de personnes dans nos pays, donc pratiquement plus de plus de roaming. Et puis un impact plus fort sur la branche entreprise qui est d'abord pénalisé par le roaming, plus encore que les autres parties de l'entreprise, et qui a aussi subi un ralentissement très fort de son activité intégration IT, avec un fort ralentissement des projets des entreprises. Ça, c'est du côté des éléments un peu négatifs. Mais, malgré ces impacts que chacun peut bien imaginer sur cette crise, vous voyez qu'on a quand même globalement un chiffre d'affaires qui est très résistant puisqu'il est quasiment à l'équilibre sur le 2ème trimestre et en légère croissance sur le premier semestre.
Du côté de l'EBITDAaL, c’est-à-dire la profitabilité du Groupe, on a un recul très limité au deuxième trimestre, de 1,8 %. Encore plus limité si on prend les chiffres du premier semestre : le recul n'est que de 0,8 %, ce qui signifie une quasi-stabilité de l'EBITDAal, malgré un impact Covid-19 qui se monte à environ -160m€. Ce qui veut dire que nous avons été capables de compenser l'essentiel de cet impact négatif par des mesures très énergiques aussi sur nos coûts qui ont quasiment contrebalancé, je dirais, l'impact négatif de cette crise sanitaire sur l'EBITDAaL.
Journaliste
Qu'en est-il de vos CAPEX et de votre organic cash-flow ?
Stéphane RICHARD
Alors du côté des CAPEX, les eCAPEX comme nous les appelons aujourd'hui, on a une baisse assez sensible de -16 % au deuxième trimestre, qui s'explique d'abord par le grand chantier, qui explique en grande partie le niveau élevé de nos CAPEX ces dernières années, qui est celui du déploiement de la fibre optique en France, a été fortement impacté par la crise sanitaire. Donc il y a eu un ralentissement du déploiement. Il y a d'autres effets. Il y a notamment ce que j'évoquais tout à l'heure, l'accélération des co-financements en France qui, mécaniquement, entraîne une baisse au niveau des CAPEX. Et puis il y a une opération que nous avions annoncée et que nous avions finalisée de cession de tours non-stratégiques en Espagne. Au total, nous avons une baisse assez forte de cet agrégat des CAPEX qui, je veux le dire, ne traduit pas en fait un ralentissement en lui-même de notre effort d'investissement, notamment dans la fibre. C'est la conséquence mécanique à la fois de la crise sanitaire et aussi l'impact des co-financements qui se sont fortement accélérés, comme je l'ai dit au premier semestre.
Du côté de l'organic cash-flow, nous avons de très bonnes nouvelles puisque nous avons un organic cash-flow qui est en très forte augmentation, pratiquement multiplié par 2,5 en 2020 par rapport à 2019 et qui s’élève à 255m€, et ceci malgré des mesures de soutien exceptionnelles que nous avons décidées en direction de notre écosystème, notamment des fournisseurs du Groupe. On a décidé de payer beaucoup plus vite, notamment les petites entreprises qui sont les partenaires d'Orange, pour exprimer ainsi notre solidarité dans cette période. Ceci a eu un impact important de plusieurs centaines de millions d'euros sur notre BFR. Malgré cela, nous avons un organic cash-flow qui est en très forte augmentation.
Journaliste
Ensuite venons-en à vos pays et à vos métiers. Quels sont les pays et quels sont les métiers qui ont marqué ce trimestre en termes de chiffre d'affaires, chiffre d'affaires qui, comme vous l'avez indiqué, recule seulement très légèrement au 2èmetrimestre de 0,4 % ?
Stéphane RICHARD
C'est vrai que ce chiffre de -0,4 % recouvre des variations, assez contrastées selon les pays et les métiers. Je commence par les métiers. Du côté des métiers, on a la convergence d'abord qui est quand même le socle de notre stratégie, le wholesale qui est une façon de valoriser les investissements continus qui sont faits dans les réseaux. Du côté de l'entreprise, les services IT intégration qui sont toujours en croissance. Donc ce sont plutôt des messages très positifs. En sens inverse, les ventes d'équipements, évidemment avec des boutiques très largement fermées, mais aussi les agrégats mobile only et fixe only sont en recul. C'est assez logique. Ça peut facilement se comprendre du fait de la situation que nous avons connue.
Si l'on regarde maintenant par géographie, la France, l'Afrique et le Moyen-Orient sont en croissance, ce dont on peut se réjouir, je crois, parce qu'à la fois l'Afrique est quand même le moteur de croissance du Groupe et il l’a toujours été, malgré cette situation très particulière. La France reste également en croissance, ce qui est un très beau résultat aussi. Comme nous le savons, la situation est plus compliquée en Espagne, on y reviendra. Et aussi sur le domaine entreprises qui a été, on l'avait dit depuis le départ, plus impacté par la crise sanitaire que les autres parties de notre activité.
Journaliste
Concernant le recul quand même plus marqué de votre EBITDAaL, qu'en est-il ?
Stéphane RICHARD
Alors du côté de l’EBITDAaL, très clairement, on voit deux business unit qui sont sous pression. D'abord l'Espagne qui enregistre une contraction de 7 % pratiquement de son EBITDAaL. Ce n'est pas nouveau. On sait bien qu'on est dans une partie du cycle en Espagne qui nous est défavorable et qui représente un défi très important pour nous dans les mois qui viennent. Mais nous avons pris toutes les mesures qu'il fallait pour le relever. On en reparlera. Il y a une partie qui est liée à la Covid-19, mais aussi une partie qui est plus structurelle, qui est liée à la dynamique concurrentielle du marché espagnol. Et puis il y a la partie entreprise qui elle enregistre une contraction de 19 % pratiquement de son EBITDAaL. Ce chiffre peut paraître très important. En réalité, il s'explique à hauteur des 2/3 par la crise de la Covid-19, notamment le quasi-arrêt du roaming et, je l’ai dit, le ralentissement très fort aussi des projets, notamment des projets de transformation digitale de nos clients entreprises.
Je redis un mot sur l'Espagne. Je sais, c'est légitime qu'elle constitue un point d'attention – et même un souci – au sein de notre communauté d'investisseurs et d'actionnaires. D'abord, je veux rappeler que l'Espagne a été une formidable « success story » pour le Groupe, parce qu'on a eu plusieurs années de performance tout à fait remarquable au niveau du chiffre d'affaires et de l'EBITDAaL. Je me permets ici de rappeler, qu’il y a dix ans, l'EBITDAaL de l'Espagne était de l'ordre de 20 % de chiffre d'affaires. Nous sommes aujourd'hui à 30 %. Il y a un progrès considérable qui a été fait. Depuis deux ans, la situation est plus compliquée parce que la dynamique concurrentielle de ce marché a totalement changé. En Espagne, nous avons deux phénomènes très importants. Le premier est la multiplication du nombre de marques et d'offres, puisque nous avons aujourd'hui pratiquement une quinzaine d'offres convergentes sur le marché espagnol, ce qui est gigantesque. Et puis l'autre phénomène qui est d'ailleurs lié au premier, c'est l'apparition, enfin, le très fort renforcement des offres low-cost sur ce marché qui a mis sous pression les acteurs. Je pense notamment à Telefonica et à Orange, qui vise plutôt le milieu, voire le haut de marché. Donc il est assez logique que nous ayons été parmi ceux qui ont été les plus impactés par cette évolution structurelle du marché espagnol. D'abord, on s'est plutôt bien défendu sur le haut de marché, notamment par les efforts que nous avons faits sur les contenus et sur le foot. Il faut quand même le souligner, la marque Orange a relativement peu souffert de cette évolution. Ce sont plutôt les autres marques que nous utilisons. Et puis surtout, nous avons décidé de refondre d'une façon très large et très profonde nos offres en Espagne, de façon à être beaucoup plus agressif sur le seul segment qui croît, sur le marché espagnol, qui est le segment du low-cost.
Et donc il y a tout un travail qui a été fait dans les premiers mois de cette année, qui commence maintenant à être concrètement à la disposition des consommateurs. Cela a commencé avec la marque « Amena » un peu avant l'été et cela va continuer avec les autres segments. Ce qui fait que je crois, qu'en Espagne, on a amorcé le retournement, en particulier par la refonte de notre stratégie marketing. C'est très important. Par ailleurs, comme vous le savez, j'ai décidé aussi de nommer un nouveau CEO en Espagne, Jean-François Fallacher, qui est un garçon de très grande qualité, qui a réussi un retournement extraordinaire en Pologne. On en parlera après. Avec les chiffres de la Pologne, je suis convaincu que Jean-François a vraiment tous les leviers dans les mains et toutes les qualités, toute l'expérience pour réussir ce retournement en Espagne. Je suis très optimiste et très confiant, même si je le dis, il faudra être un peu patient parce qu'on est sur des marchés où il faut sans doute quelques trimestres pour que ce retournement se voie vraiment et se vérifie dans le chiffre.
L'autre division qui est sous pression, je l'ai dit, c'est OBS, Orange Business Services, c'est la partie « entreprises ». Là, une fois de plus, on a un impact mécanique, direct et fort de la crise sanitaire. Le roaming qui s'est écroulé sur cette partie entreprise et qui est un contributeur important, notamment en termes de marge. Si on prend le chiffre global de la baisse de l'EBITDAaL sur la partie entreprise (de l'ordre de -19 %, comme je l'ai dit), je rappelle que les deux tiers de cette baisse sont expliqués par les effets directs de Covid-19. Donc ce n'est pas structurel, mais c’est vraiment un phénomène très conjoncturel qui a affecté cette partie « entreprises ». Il y a au sein de la partie « entreprises » des segments qui continuent à croître. Je citerai notamment la cyber-défense, la cyber-sécurité, qui a conservé un taux de croissance à deux chiffres pendant cette période. Je crois que c'est quand même aussi un élément très positif et qui justifie aussi les ambitions élevées que nous avons dans dans cette partie-là où Orange a su se constituer un vrai pôle d'expertise qui est aujourd'hui compétitif au niveau européen. Et puis enfin, je rappelle quand même que, sur cette partie « entreprises », on a 70 % de notre chiffre d'affaires qui est récurrent, qui est lié aux besoins de connectivité des entreprises qui, loin de baisser, y compris avec la crise que nous avons connue, crise sanitaire et économique aujourd'hui, ne font que se renforcer parce que cette crise aussi amène une accélération de la transformation digitale de l'économie et donc des besoins des entreprises dans ce domaine. Et cela commence par la connectivité. Donc je dirais, l’inflexion que l’on a connu ces derniers mois ne doit certainement pas remettre en cause ce constat que nous pouvons tous faire, qui est que le métier de fourniture de connectivité augmentée, de connectivité modernisée pour les entreprises est véritablement intact. Au contraire, elle sort même plutôt renforcée des événements que nous allons traverser.
Journaliste
Maintenant, parlez-nous des pays à succès.
Stéphane RICHARD
Les pays à succès, d'abord, c'est la France. Et quand on voit la violence de cette crise en France, la crise sanitaire et la crise économique qui arrive maintenant, l'explosion du chômage, les difficultés dans beaucoup de secteurs, les chiffres qui sont annoncés par beaucoup d'entreprises aujourd'hui, y compris de grandes entreprises en France, cela ne fait que souligner le niveau tout à fait extraordinaire de la performance qui a été réalisée en France, avec un chiffre d'affaires qui est en croissance, qui est en croissance de 2,7 % au 2ème trimestre et globalement encore sur le premier semestre. C'est lié en partie, à l'accélération des co-financements dans la fibre que j'évoquais tout à l'heure, qui avait été prévu et anticipé et qui est logique dans notre modèle économique. Je veux bien aussi souligner cela. Ce n'est pas un cadeau qui est tombé du ciel ! C'est vraiment un élément du modèle économique du déploiement de la fibre qui a été intégré depuis le départ et qui, une fois de plus, ne vient que récompenser la qualité du réseau que nous déployons, la qualité de cette infrastructure, la valeur de cette infrastructure et donc la performance d'activité et le chiffre d'affaires de la France, en progression, est pour moi, vraiment un grand motif de satisfaction. J'ajoute que si même on met de côté cet aspect des co-financements de la fibre, on a un core business, le chiffre d'affaires du service retail qui reste en légère augmentation, ce qui est tout de même, vraiment un beau résultat. Nous avons en France beaucoup de satisfaction. Nous avons des chiffres record dans l'acquisition sur le très haut débit fixe. Nous avons un très beau comportement aussi des offres Sosh digitales qui nous ont permis de bien résister aussi aux promotions qui ont continué, même si on a globalement une amélioration des conditions de marché en France, mais nous avons quand même toujours une activité très, très intense et donc Sosh a montré aussi son utilité et son efficacité dans cette période, en profitant aussi du recours accru de nos clients sur le canal digital.
Le deuxième pays à succès est plutôt un groupe de pays à succès, c'est l'Afrique. Vous savez, l'Afrique a été profondément touchée par l'épidémie. Bien sûr, il y a beaucoup de pays, la quasi-totalité des pays de la zone, pour nous, qui ont mis en œuvre des mesures de confinement. Malgré cela, on a pu conserver une croissance significative de nos activités. Nous avons une très belle performance en Afrique et au Moyen-Orient sur le très haut débit fixe. Ceci est tout de même un élément aussi un peu nouveau que je veux souligner, parce que l'on a longtemps vu cette zone Afrique comme exclusivement dédiée au mobile et arrivant dans le monde digital grâce aux réseaux mobiles. C'est vrai, mais j'en suis particulièrement heureux parce que j'ai personnellement beaucoup poussé dans ce sens. Les équipes n'étaient pas forcément convaincues qu'il fallait le faire et qu'il y avait une place aussi pour le très haut débit fixe. C'est ce que nous voyons aujourd'hui dans beaucoup de grandes villes africaines. Nous avons une demande de plus en plus forte et nous avons des taux de croissance formidables de très haut débit fixe, notamment de la fibre optique en Afrique. Cela se traduit d'ailleurs sur la zone Afrique Moyen-Orient par une performance de l'EBITDAaL qui est tout de même assez remarquable, puisque nous arrivons à afficher une croissance de 7 % de l'EBITDAaL sur le premier semestre. C’est lié à la bonne dynamique de l'activité, mais aussi aux efforts continus de transformation qui sont menés dans cette zone Afrique Moyen-Orient.
Du côté des éléments de satisfaction, je voudrais citer quand même aussi l'Europe. Nous avons évoqué l'Espagne, mais le reste de l'Europe a marqué une belle performance au premier semestre de 2020 et même au deuxième trimestre de cette année 2020. Malgré la crise sanitaire, nous avons un EBITDAaL qui, au total, est en croissance de l'ordre de 4 %, qui est notamment tirée par des résultats remarquables que nous avons eus en Pologne, en particulier. Je veux ici vraiment le redire : la Pologne a été longtemps – c'était un peu l'inverse de l'Espagne, si vous voulez – un pays où nous avons été plutôt sous pression et en déclin quasiment continu. Depuis deux ans, nous avons vraiment complètement retourné cette situation grâce aussi à la fibre qui a été un outil de reconquête pour nous extraordinairement efficace, mais aussi au mobile. Et nous avons aujourd'hui une dynamique très positive en Pologne, qui s'est vue encore sur ce premier semestre de 2020 et qui va continuer, car nous sommes loin d'avoir épuisé ce réservoir de croissance que nous avons en Pologne. Et puis il y a également la Belgique qui, là aussi, profite du retournement qui a été engagé il y a maintenant deux ans dans ce pays. Au total, l'Europe, les pays européens —en dehors de la France et de l’Espagne—du Groupe, ont enregistré de bons résultats au premier semestre de 2020, bons résultats qui soutiennent la performance globale du Groupe.
Journaliste
Vous aviez annoncé lors de votre Investor Day un grand plan d'économies de coûts de 1MM€ sur une base de coûts indirects de 14MM€. Où en êtes-vous à date ?
Stéphane RICHARD
D'abord, je veux vous rappeler qu'on a annoncé le principe d'un objectif lors de l'Investor Day, puis quelques mois après, nous avons indiqué que cet objectif, était dans le dur et gravés maintenant pour nous et faisait partie de la guidance que nous donnons au marché. Il y a eu un changement de statut par rapport à cet engagement, ce programme de 1MM€. Maintenant, c'est un véritable engagement de l'Entreprise et du management pour le réaliser. Et bien évidemment, pour y arriver, on a là aussi accéléré la mise en place de ce programme qui s'appelle « Scale Up », à la fois en mettant en place une équipe qui est entièrement dédiée à ce programme, avec un pilote et une petite équipe qui va donc l'organiser, le piloter et créer les outils qui sont nécessaires pour, dans chaque domaine, vérifier que l'on obtient bien ce niveau d'un milliard d'économies net. Là aussi, c'est quand même important de le souligner. Nous avons mené des plans d'efficacité dans le passé chez Orange, pratiquement tout le temps. Là, nous sommes passés à un niveau qui est un peu supérieur puisque ce n'est pas seulement de l'efficacité. Ce sont vraiment des économies nettes qu'on va aller chercher. Tout le management est ici totalement engagé et focalisé sur cet objectif qui fait vraiment partie de nos grandes priorités sur les deux ou trois ans qui viennent. Il y a beaucoup d'illustrations sur le démarrage de ce programme. J'en citerai une seule peut-être, qui est un programme que nous appelons « Oscar » et qui est qui consiste à développer l'utilisation des équipements de seconde main dans l'ensemble de nos réseaux. Vous savez que la mode est un peu aujourd'hui à l'économie circulaire, au recyclage, à une certaine forme de frugalité aussi dans l'utilisation des ressources des uns et des autres. Nous l'appliquons aussi pour la partie « réseau », qui est quand même un grand consommateur de eCAPEX pour nous, à travers ce programme « Oscar » qui connaît un démarrage très prometteur. Par exemple, l'équipe a mis en place une market place qui va être ouverte à l'ensemble de nos pays pour ce programme « Oscar », que nous pourrions tout à fait envisager d'ouvrir à d'autres opérateurs pour augmenter encore son efficacité. Parce que je crois que cette question de l'utilisation des équipements de seconde main dans les réseaux est un motif d'intérêt pour beaucoup d'opérateurs aujourd'hui dans le monde, et notamment en Europe.
Journaliste
Vous savez que les marchés ont été très déçus par l'annonce de la baisse du dividende en avril dernier. A quand le retour à votre plancher de 70 centimes ?
Stéphane RICHARD
La première bonne nouvelle que je veux donner ici, c'est que nous avons décidé de payer un acompte de 30 centimes d'euros en décembre 2020, qui est exactement le même montant que l'année dernière en cash. C'est, je dirais, en soi un premier message qu'il faut considérer comme celui de la volonté qui est la nôtre de revenir à une politique de distribution normale, en tout cas, qui s'inscrit dans la trajectoire de moyen terme ou de long terme d'Orange. Bien évidemment, on est encore un peu au milieu de cette crise, à la fois la crise sanitaire qui n'est pas terminée, chacun le sait, et la crise économique qui est devant nous, très largement. Et donc il y a un niveau d'incertitude qui est encore élevé. Je pense qu'il n’eut été pas très responsable aujourd'hui de s'engager sur un niveau dans l'absolu de dividende. Néanmoins, je vais être très clair. Ma volonté, celle de l'équipe qui est autour de moi, est de revenir à la distribution d'un dividende de 70 centimes d'euros. C'est notre volonté. C'est notre objectif. Nous ne pouvons pas aujourd'hui prendre cet engagement formel parce que, je l'ai dit, il y a encore trop d'incertitudes dans notre environnement et dans les semaines et les mois qui viennent. Mais je peux ici dire que nous ferons tous nos efforts pour renouer avec ce niveau de distribution de 70 centimes d'euros en donnant un rendez-vous au marché qui est quelque part à l'automne 2020, entre la publication des résultats du Q3 et la fin de l'année 2020. Je pense que là, on aura tous les éléments de visibilité pour pouvoir s'exprimer de façon claire sur ce sujet du dividende. Mais en tout cas, la détermination et la volonté sont totales de ma part.
Journaliste
Enfin, Stéphane Richard, pour conclure, je vous invite à donner votre mot de la fin
Stéphane RICHARD
Ma conclusion s'adresse à la fois à nos clients et à nos salariés, et puis évidemment à tous ceux sans lesquels tout ceci ne serait pas possible, c'est-à-dire nos actionnaires. Nos clients, d'abord : je dois dire ici qu'ils ont été très nombreux à souligner la disponibilité, l'efficacité et la qualité aussi des services qui leur ont été assurés par Orange pendant cette période très compliquée. Imaginez ce que la vie aurait été, la vie dans les entreprises, la vie à l'école ou plutôt à la maison, la vie des familles, si on n'avait pas été capable de proposer des réseaux fixes et mobiles pendant ces semaines de confinement. Ces réseaux fixes et mobiles ont été capables d'encaisser une surcharge d'activité tout à fait imprévue et inédite. Les témoignages de satisfaction de nos clients, entreprises et particuliers, dans cette période ont été innombrables et je pense qu'ils viennent quelque part récompenser aussi les efforts qui ont été faits par l'Entreprise. Pour moi, c'est très important. Cela se voit d'ailleurs dans des indicateurs comme le NPS, le Net Promoter Score qui, pendant ces semaines de confinement dans beaucoup de pays, notamment la France d'ailleurs, sont à des niveaux historiquement élevés. Je pense que c'est peut-être un message aussi à retenir de cette crise : l'image des opérateurs, et celle d'Orange en particulier, sort très renforcée de ces semaines de crise. Je veux dire ici merci à nos clients d'avoir été fidèles et merci de l'avoir exprimé comme ils l'ont fait aussi vis-à-vis de l'entreprise.
Il y a ensuite les salariés. Je l'ai déjà dit tout à l'heure, mais je veux ici le redire : on a eu vraiment une mobilisation sans faille de l'ensemble de nos salariés. Ceux qui étaient contraints au le télétravail. Ils s'y sont adaptés très rapidement. Ceux qui ont été obligés de continuer à fonctionner chez nos clients ou sur nos réseaux l’ont fait. Vraiment, une fois de plus, je veux ici les saluer. Vous savez, on les appelle les « héros du réseau ». Malheureusement, dans ces moments, il y a l'expression collective qui est chaleureuse et qui fait plaisir. Mais elle disparaît assez vite parce, qu'une fois que tout cela est fini, on passe à autre chose. Je ne voudrais pas qu'on les oublie, les « héros du réseau », parce qu'ils sont toujours là et ce sont toujours eux qui font la solidité et aussi la force et les valeurs de cette entreprise.
Du côté de nos actionnaires, maintenant. Ce que je voudrais dire, c'est que, je crois plus que jamais à la qualité intrinsèque de cette Entreprise. Je pense qu'elle a été encore mise en lumière par cette crise. Je crois que nous avons fait les bons choix depuis des années et je suis très confiant sur les perspectives de création de valeur d'Orange dans les années qui viennent. Certes, le cours de bourse aujourd'hui, je crois, ne reflète pas cette qualité, je le dis vraiment. Mais je suis convaincu qu'elle finira par être reconnue. En tout cas, nous ferons tous nos efforts pour cela, avec au fond, à la fin de tout cela, un agrégat économique et comptable qui est peut-être celui que nous suivons avec le plus d'attention, qui est le cash. Parce que pour pouvoir distribuer au niveau où on le souhaite à nos actionnaires, il faut qu'on produise davantage de cash. Vous savez qu'on a pris des engagements importants de ce côté-là, puisqu'on vise un quasi-doublement de l'organic cash-flow au terme du plan qui a été annoncé. Nous sommes en ligne avec cet engagement et nous sommes plus que jamais focalisés sur cette production de cash dans l'Entreprise et globalement sur la création de valeur.
Journaliste
Stéphane Richard, Président-Directeur général d'Orange, je vous remercie.
Stéphane RICHARD
Merci à vous.