EuroBusiness Media (EBM) : Le contexte actuel de taux extrêmement bas rend la recherche de rendement particulièrement difficile pour les investisseurs ou les entreprises qui ont des liquidités à placer sur le marché monétaire. Laurent Fabiani-Lagarde bonjour, vous êtes le gérant du fonds G Fund Alpha Fixed Income de Groupama Asset Management. Votre fonds ambitionne de répondre au triple objectif des investisseurs aujourd'hui qui recherchent à la fois la liquidité, la sécurité et le rendement. Pourriez-vous nous en dire plus sur les caractéristiques du fonds ?
Laurent Fabiani-Lagarde : Effectivement, aujourd’hui les sociétés de gestion font face à un gros défi lié à la baisse des rendements. C’est pour cela que Groupama AM a proposé une solution innovante par l’intermédiaire du fonds G Fund Alpha Fixed Income dont l’objectif de rendement s’élève à Eonia +150, sachant que c’est un niveau de rendement qui est simultanément attractif et réalisable dans le cadre d’une gestion sécurisée. Alors, je précise que cet objectif de rendement doit être réalisé quelles que soient les conditions de marché et avec une contrainte de risque qui est celle d’une perte maximale de 2 % sur l’horizon d’investissement, sachant que cet horizon d’investissement est de 12 mois. Enfin, concernant la liquidité, le fonds est un fonds à liquidité quotidienne, c’est-à-dire que l’investisseur peut, si nécessaire, récupérer tous les jours son investissement.
EBM : Quel est l'univers d'investissement du fonds G Fund Alpha Fixed Income ?
Laurent Fabiani-Lagarde : L’univers d’investissement du fonds a été défini à partir du constat suivant, à savoir que le rendement est quelque chose de très mobile qui dans le temps passe d’une classe d’actifs à l’autre, et qu’il faut donc pouvoir d’y précéder. Il faut donc offrir beaucoup de flexibilité à la gestion, ce qui passe d’une part par l’ouverture à un univers d’investissement qui est large et c’est pour cela qu’aux briques traditionnelles utilisées par la gestion, nous en avons ajouté trois : les obligations à haut rendement, la dette souveraine émergente, ainsi que les obligations convertibles. Il faut également donner plus de flexibilité aux gérants en matière de moteurs de performance et c’est pour cela que nous avons doté le fonds de deux possibilités supplémentaires, à savoir les stratégies de volatilité, mais aussi les stratégies de change. Il est clair que ce surcroît de flexibilité qui est accordé aux gérants ne doit surtout pas se faire au détriment de la sécurité du portefeuille.
EBM : Justement, la gestion des risques semble être au cœur du processus de gestion du fonds. Comment gérez-vous le risque du portefeuille ?
Laurent Fabiani-Lagarde : Clairement l’objectif de rendement du fonds est une performance régulière, une performance qui est élevée mais qui n’est pas faramineuse et qui s’inscrit dans le cas d’une gestion sécurisée. Donc tout à fait logiquement nous devons en priorité exclure tout accident de marché de la performance du portefeuille. Comment cela va-t-il se traduire ? Par exemple, si on crée un fonds en euro, qu’est-ce qu’on va faire ? On va acheter des devises qui jouent le rôle de valeur refuge, comme le franc suisse, comme le dollar américain. Pour nous prémunir contre les risques extrêmes, nous allons également exclure du portefeuille tout émetteur dont la situation de trésorerie ne lui permet pas de couvrir la totalité de ses besoins d’exploitation jusqu’au remboursement de l’émission qui est dans notre portefeuille. Nous sommes également très attentifs à la bonne diversification du portefeuille, puisque nous constatons malheureusement que très souvent des positions qui ont l’air d’être diversifiées ne le sont pas du tout. Si on prend par exemple le cas d’une émission espagnole ou d’une émission italienne, on a l’impression d’être sur deux noms différents. En réalité ce sont des émissions qui sont extrêmement corrélées et lorsque des choses vont mal se passer il va y avoir un phénomène de baisse simultanée de ces investissements. Donc cela veut dire clairement qu’il faut s’assurer que la volatilité globale du portefeuille, grâce à la diversification, va être plus faible que la somme des volatilités de chaque stratégie.
EBM : Comment s'est comporté ce fonds dans les différentes phases de marché, puisque vous recherchez la performance absolue quel que soit le contexte de marché ? Y arrivez-vous ?
Laurent Fabiani-Lagarde : Si nous regardons la performance du fonds sur un historique qui correspond à l’horizon d’investissement, à savoir 12 mois, on constate d’une part que le contrat est rempli, puisque nous avons très fortement surperformé l’Eonia. Et nous remarquons d’autre part que nous avons réussi notre dé-corrélation à la baisse, puisque dans le grand mouvement baissier qui s’est étalé sur la quasi-totalité du dernier trimestre de 2011, alors que les marchés obligataires perdaient jusqu’à 4 %, le fonds a eu une performance qui était totalement « flat ». Et si on regarde le grand mouvement haussier qui s’en est suivi, on constate que le fonds a été capable de générer aussi la performance et d’accompagner la hausse, d’enregistrer une performance qui représente à peu près les deux tiers de celle du marché.
EBM : Enfin, pour conclure, quelles sont vos thématiques d'investissement aujourd'hui, et comment les traduisez-vous en pratique dans votre portefeuille ?
Laurent Fabiani-Lagarde : La construction du portefeuille repose principalement sur le constat que les émetteurs publics souverains ont de très grandes difficultés à se reformer, alors que les émetteurs privés ont montré leur capacité à adapter leurs outils de production et leur périmètre d’intervention tout au long de la crise. Cela nous conduit naturellement dans le portefeuille à sous-pondérer très nettement les émissions souveraines, et cela au profit des émissions privées. Sachant qu’au sein des émissions privées, nous préférons très nettement les entreprises non financières aux entreprises financières-bancaires, dont nous constatons qu’elles sont toujours à la recherche d’un business model qui leur fait défaut et qui sont en plus dans une situation de bilans qui sont extrêmement fragilisés.
EBM : Laurent Fabiani-Lagarde, merci.
Laurent Fabiani-Lagarde : Merci de votre écoute.