EuroBusiness Media (EBM) : Groupama, l’un des principaux assureurs mutualistes européens publie ses résultats pour le premier semestre 2011. Christian Collin, bonjour. Vous êtes directeur Général Finance et Risques de Groupama. Quels sont les faits marquants de ce premier semestre 2011 ?
Christian Collin : Je crois pouvoir dire que le premier semestre se traduit par des résultats qui sont solides, qui sont de qualité au plan opérationnel, au plan technique, avec un résultat opérationnel économique qui augmente de 76%, et que ces résultats permettent d'absorber la charge qui résulte du plan de soutien de la Grèce.
Au plan opérationnel, au plan technique, je crois devoir souligner que nous avons en assurance non-vie, en assurance de biens et de responsabilité, un ratio combiné qui progresse très favorablement. Il s'établit à 99,6%, en baisse de 5 points du fait d'une meilleure maîtrise de la sinistralité, d'une baisse de la sinistralité en France et dans la plupart des pays européens.
Je crois pouvoir souligner aussi que notre développement en assurance de biens et de responsabilité est assez élevé, avec une croissance de notre chiffre d'affaires de 4,5%, et même de 4,7% en France c'est-à-dire supérieure au rythme du marché, favorisé par des ajustements tarifaires mais aussi par le développement du nombre de contrats que nous avons en portefeuille.
Et puis dans le domaine des assurances de la personne, dans le domaine de l'assurance vie, notre chiffre d'affaires est en repli de -11% conformément à l'évolution du marché qui fait face à des incertitudes de nature fiscale, financière, qui affectent le secteur de l'épargne.
Mais je crois que ce qu'il est important de souligner c'est vraiment que nous avons réussi au premier semestre à renforcer le poids de la prévoyance, le poids de la santé, dans notre chiffre d'affaires; et puis dans le domaine de l'épargne à renforcer le poids des contrats en unité de compte, qui représentent désormais 12,4% de notre production contre 3% l'année dernière, c'est-à-dire une multiplication par quatre.
EBM : D'un point de vue plus financier, quel est l'impact de la crise des dettes souveraines et notamment de la Grèce ?
Christian Collin : Le Groupe Groupama a décidé de soutenir et de participer au plan de soutien de la Grèce et d'en tirer les conséquences dès le premier semestre dans ses comptes. Nous avons ainsi provisionné 21% des obligations grecques qui arrivent à maturité en 2020 et dans les années antérieures à 2020, et ceci représente une charge nette dans notre compte de résultat du premier semestre de 84 millions d'euros dans nos comptes consolidés, et de 88 millions d'euros au niveau de l'ensemble du Groupe.
Mais après cette provision - je crois que c'est important de le souligner - notre résultat net s'établit à 147 millions d'euros et il est en progression de 16%, et que notre marge de solvabilité reste stable à 130%. Je précise que cette opération sera sans impact, naturellement, sur la capacité du Groupe à offrir à ses assurés une rémunération de leur épargne de qualité et dans le marché.
EBM : Le contexte économique et financier s'est durci. Quelles conséquences en tirez-vous ?
Christian Collin : Je crois effectivement qu'on peut dire que l'environnement économique et financier, le secteur de l'assurance, sont dans un contexte difficile. Et dans ce contexte nous avons renforcé des mesures pour améliorer encore notre rentabilité. Vous l'avez sans doute observé, nous avons fait une pause dans les acquisitions et c'est une démarche qui est raisonnable.
Dans le domaine de l'amélioration de notre performance technique et opérationnelle, nous déployons un ensemble de mesures - et nous continuerons de le faire - en assurance non-vie d'abord, en adaptant nos tarifs, en poursuivant nos actions de sélection des risques, de surveillance des portefeuilles. Et je crois que ces mesures commencent à porter leurs fruits. On l'a vu au 30 juin avec notre ratio combiné qui a été ramené à 99,6%. Et sur le moyen terme nous nous sommes fixé un objectif de ratio combiné de 98% plus ou moins deux points suivant le cycle de l'assurance.
Dans le domaine de l'assurance vie nous poursuivons les actions pour développer la prévoyance, la santé, et aussi dans le domaine de l'épargne les contrats en unités de compte qui sont moins consommateurs de fonds propres. Et cela se traduit déjà dans nos résultats dans la mesure où notre marge sur affaires nouvelles a doublé à fin juin, passant de 3,7% à 7,2%.
Et enfin dans le domaine de la maîtrise des frais généraux nous poursuivons toutes les actions qui ont été engagées et nous avons même pris des décisions complémentaires pour accélérer la rentabilité de nos principales filiales avec par exemple la cession récente, c'était le 2 août, de nos activités Santé au Royaume-Uni. Nous travaillons également sur le regroupement, sur la fusion de Gan Eurocourtage avec Groupama Transport dans une logique de rationalisation de ces activités. Nous adossons notre filiale portugaise en assurance dommages à notre filiale espagnole, et nos activités en Slovaquie à notre filiale hongroise, de façon à optimiser et réaliser des économies d'échelle. Enfin sur Gan Assurances nous avons un projet actuellement en cours qui consiste à regrouper des sites de gestion pour des raisons d'efficacité mais également pour favoriser le positionnement de cette entreprise sur sa clientèle de professionnels et des entreprises.
EBM : Priorité à la rentabilité certes mais qu'en est-il de la croissance des activités ?
Christian Collin : Et bien nous concentrons tous nos efforts pour soutenir notre activité et notre croissance organique au profit de tous les réseaux de distribution du Groupe et aussi par Internet où nous capitalisons sur le succès d'Amaguiz - puisque Amaguiz à fin juin a un an d'avance sur son business plan avec 95000 contrats automobile en portefeuille et 25000 contrats habitation; d'ailleurs Amaguiz lancera à l'automne je pense une offre Santé sur son site.
Sur ce modèle nous avons relancé la société Clickseguros, notre société de vente directe en Espagne; la campagne de publicité est en cours. Et puis nous avons un projet important qui est de lancer en Pologne une offre de vente directe d'assurances, et ceci sans doute à partir du début de l'année 2012.
Au-delà de l'assurance directe nous avons des partenariats qui sont tout à fait prometteurs comme par exemple celui que nous avons conclu avec la Banque Postale - la société en joint venture que nous avons constitué avec elle et dont nous avons 35% du capital - enregistre des résultats tout à fait satisfaisants aujourd'hui avec près de 1000 affaires nouvelles par jour alors même que nous n'avons pas lancé de campagne de publicité.
EBM : Christian Collin, Directeur Général Finance et Risques de Groupama, merci beaucoup.
Christian Collin : Merci.
