EuroBusiness Media (EBM): Altarea Cogedim vient de publier ses résultats annuels 2010. Alain Taravella, bonjour. Vous êtes le Président Fondateur d'Altarea Cogedim. Avant de parler plus en détail de vos résultats annuels, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre Groupe, né il y a 4 ans de la fusion d'une foncière et d'un promoteur immobilier, une combinaison peu courante. Quelle était la logique stratégique derrière ce rapprochement entre deux métiers si différents ?
Alain Taravella (AT): Comme vous le rappelez, j’ai créé Altarea il y a une quinzaine d’années et, à l’origine, Altarea était une foncière de développement commerce qui s’est beaucoup développée au cours des dix premières années de son existence. En 2007, j’ai estimé qu’il fallait élargir son champ d’action et de pouvoir intervenir sur l’ensemble des champs de l’immobilier. Il me paraissait important que, non seulement, nous soyons dans le domaine des centres commerciaux, mais également dans le logement qui est un marché profond, et également dans les bureaux, qui certes est une activité cyclique, mais extrêmement liée à l’activité économique.
La combinaison des trois métiers permet à Altarea Cogedim maintenant d’être à la fois une foncière, avec la récurrence des revenus, des loyers des centres commerciaux, mais également un promoteur avec une très forte valeur ajoutée.
EBM: Pour revenir à votre actualité du jour, la publication de vos résultats annuels, quels sont vos commentaires sur la performance groupe en 2010 ?
AT: En 2010, nous avons publié de très bons résultats. Tout d’abord, le premier indicateur, c’est le résultat net récurrent qui augmente de 11 %, ce qui est une performance dans le marché actuel qui est quand même relativement atone et, ce qui est beaucoup plus spectaculaire, c’est la croissance de notre actif net réévalué (ANR) qui augmente de 23 %.
EBM: Il y a trois grands pôles chez Altarea Cogedim: l’immobilier commercial, le logement et les bureaux. Est-ce que votre activité d'immobilier commercial a beaucoup souffert de la baisse de la consommation des ménages liée au ralentissement économique ?
AT: Certes, le chiffre d'affaires des commerçants a baissé pendant les années de crise. Les années 2008 et 2009 n’ont pas été excellentes, mais nous avons constaté depuis le début de l’année 2010 une reprise de la consommation. Cette reprise de la consommation est d’ailleurs beaucoup plus importante dans un des modèles que nous développons, à savoir les Family Villages où nous constatons, depuis 2007, depuis le début de la crise, non pas une baisse du chiffre d'affaires, mais une augmentation de 23 % du chiffre d'affaires des commerçants. Donc, nous sommes sur un modèle qui est particulièrement fort, particulièrement résilient. C’est ce que j’appellerais un centre commercial low-cost, proche des consommateurs, qui fait que nous pouvons capitaliser sur ce format pour notre développement futur.
EBM: Dans votre activité logements, où en est-on du redémarrage de la construction de logements neufs? Quid de l'environnement réglementaire dans lequel vous évoluez, est-il plutôt favorable ou défavorable aujourd'hui ?
AT: Le logement est un très grand succès pour Altarea, comme d’ailleurs pour tout le marché. L’année 2010 a été une très bonne année. Je voudrais juste donner quelques chiffres. En 2010, nous avons vendu 4 100 logements représentant un volume de placement de près de 1,3 milliards [d’euros], le double de ce que nous vendions en 2007.
Pourquoi ? Parce que notre société Cogedim, qui est une marque extrêmement connue, a non seulement très bien performé dans le haut de gamme qui était son marché habituel, mais a réussi également à faire des performances tout à fait valables dans l’entrée de gamme et le moyen de gamme. Donc, nous réussissons à être un promoteur de qualité, sur tous les secteurs géographiques, dans toutes les gammes.
Nous avons également une actualité nouvelle. Nous lançons un produit qui s’appelle Cogedim Club. C’est un produit destiné aux seniors. Il ne faut pas oublier que Cogedim est à l’origine du produit Hespérides qui est extrêmement connu en France. Nous le modernisons, nous le dynamisons, et nous lançons notre première résidence cette année. C’est également un relais de croissance extrêmement important pour nous.
EBM: Dans votre troisième pôle, l'activité de bureaux, on est clairement en bas de cycle, avec peu d'investissements de la part des intervenants. Comment faites-vous pour maintenir la profitabilité dans ce métier dans l'environnement actuel ?
AT: Je l’ai indiqué précédemment. Nous avons très bien performé en 2010. Nous avons très bien performé en commerce avec une hausse des loyers. Nous avons plus que performé, super-performé en logement, en immobilier d’entreprise. La conjoncture, comme vous venez de le dire, est plutôt basse. Donc, un des enjeux importants pour nous est de ne pas prendre de risques inconsidérés et de gérer les risques au plus près. Aujourd’hui, nous n’avons pas d’engagement bureaux, donc nous sommes très bien pour aborder le marché.
Comment sera demain ? Demain, nous pensons qu’il va y avoir une reprise et notamment cette reprise va être permise par la transformation des besoins des entreprises, des investisseurs, qui souhaitent des immeubles qui soient à développement durable, qui soient BBC (Bâtiment Basse Consommation), qui aient une haute qualité environnementale et technologique. Et c’est la spécialité de notre groupe.
Donc comment allons-nous rebondir ? Nous avons une maîtrise technologique, nous avons des équipes. Nous avons beaucoup d’opérations sur lesquelles nous travaillons et nous venons de lever tout à fait récemment un fonds qui, au départ, fera 350 millions d’equity, qui nous permettra de saisir les opportunités financières. Demain, dès que la reprise se produira – et elle ne manquera pas de se produire, à quel moment ? nous ne le savons pas – nous avons tous les atouts pour rebondir.
EBM: Vous l’avez déjà un peu abordé, mais pour conclure, quelles sont vos perspectives pour l'année 2011 ?
AT: Tout d’abord, les excellents résultats 2010 nous permettent d’annoncer le versement d’un dividende au titre de l’exercice 2010 de 8 euros, soit une augmentation de 11 % par rapport à celui de l’année dernière.
Nos perspectives 2011 : notre métier a une assez bonne visibilité et, compte tenu des résultats du logement et des ventes de logements qui se comptabiliseront dans nos comptes dans les deux prochaines années, nous pouvons annoncer d’ores et déjà une croissance de notre résultat récurrent supérieure à 10 % sur 2011 et 2012 qui entraînera une augmentation du dividende du même montant.
A plus long terme, nous croyons à une croissance soutenue de nos résultats, compte tenu du socle solide sur lequel est fondé Altarea Cogedim.
EBM: Alain Taravella, Président Fondateur d’Altarea Cogedim, je vous remercie.
AT: Merci.