EuroBusiness Media (EBM) : Air Liquide, leader mondial des gaz pour l'industrie, la santé et l'environnement, publie ses résultats pour l’année 2011. Benoît Potier, bonjour. Vous êtes le Président-Directeur Général d'Air Liquide. Comment qualifiez-vous cette année 2011 ?
Benoît Potier : 2011 est une bonne année avec une performance solide, à la fois en chiffre d’affaires, en résultat et en bilan. Chiffre d’affaires d’abord, avec un niveau d’activité qui est resté élevé tout au long de l’année, une croissance soutenue des résultats, que ce soit le résultat opérationnel ou le résultat net, et enfin les éléments clés du bilan, je pense notamment au cash-flow, à la maîtrise de la dette et au retour sur capitaux utilisés. L’année s’est déroulée de manière relativement contrastée, avec une première moitié d’année qui a été très bonne, et une deuxième moitié d’année plus contrastée puisque le quatrième trimestre a enregistré un ralentissement de la croissance, qui a été plus sensible dans le secteur de la sidérurgie et de l’électronique, et qui a été marqué par une attitude prudente de certains de nos clients, notamment en toute fin d’année. Quand on regarde les deux années de croissance que sont 2010 et 2011, nous enregistrons une croissance moyenne pondérée de 10% par an. Le Groupe a donc poursuivi sa croissance, notamment dans les Economies en développement, qui aujourd’hui représentent 21% des ventes, alors que ces mêmes Economies en développement représentaient 15% en 2008. Le Groupe a également montré sa capacité à s’adapter dans un environnement contrasté, notamment en fin d’année.
EBM : Quels sont les chiffres clefs à retenir de l’exercice 2011 ?
Tout d’abord, le chiffre d’affaires du Groupe, a près de 15 milliards d’euros en croissance de 7,2%, avec des effets de change et de gaz naturel qui se compensent. Et puis un chiffre d’affaires Gaz et Services lui-même en croissance comparable de 7,5%, qui est un taux de croissance assez soutenu. Je voudrais aussi retenir les gains d’efficacité à 270 millions d’euros dans l’année, ce qui est supérieur à l’objectif annuel que nous avons fixé dans le cadre du plan ALMA 2015. Ces gains d’efficacité conduisent à une amélioration de la marge, qui ressort à 16,8%, soit 10 points de base de plus (hors effet de gaz naturel) que celui que nous avions atteint en 2010. Cet effet de levier positif conduit donc à un résultat net à plus de 1,5 milliard d’euros, en hausse de 9,4%, qui nous permettra de proposer une nouvelle progression du dividende. Enfin, le nombre de collaborateurs s’est élevé à plus de 46,000 en 2011, soit 2,700 collaborateurs de plus qu’en 2010, ce qui nous permet, comme nous nous étions engagés, de préparer l’avenir des cinq prochaines années. Au global, c’est une nouvelle année de croissance avec amélioration des résultats opérationnels, qui reflète la capacité du Groupe à maintenir sa dynamique tout en maîtrisant ses dépenses.
EBM : Quelle a été la performance dans les différentes zones géographiques du Groupe ?
Cette année, toutes les zones géographiques sont en croissance. Tout d’abord, les Economies avancées, avec un taux de croissance de l’ordre de 5%, ce qui est bien sûr à mettre au crédit de toutes les équipes dans ces zones, et puis une croissance Gaz et Services dans les Economies en développement qui est de l’ordre de 20%, avec une répartition dans le monde assez homogène, avec à peu près 15% de croissance dans les zones Amériques en développement, 24% dans la partie Est et Centrale de l’Europe, notamment en Russie et dans les pays attenant à la Russie, et 24% de croissance dans la zone Asie-Pacifique en développement. Je mentionnerai également près de 8% de croissance sur la partie nord américaine de la zone Amériques, qui démontre que même dans les Economies avancées, nous avons des taux de croissance assez importants.
EBM : Et pouvez-vous nous donner quelques exemples des avancées dans des nouveaux pays ?
Et bien cette année nous nous sommes implantés dans un certain nombre de nouveaux pays, et j’ai en tête la Mexique, qui est un pays très important qui complète notre dispositif d’Amérique du Nord, et puis l’Ukraine, qui fait suite à l’implantation en Russie et qui nous permettra de nous accroître dans le domaine de la sidérurgie. Et puis, il y a eu aussi des expansions, je pense au Chili, je pense à l’Arabie Saoudite où nous avons annoncé il y a quelques années des développements importants, la Russie, la Turquie et bien sûr la Chine qui reste un des grands moteurs de croissance du Groupe Air Liquide. Au global, nous avons poursuivi notre développement géographique avec des choix stratégiques qui, on peut le dire, portent aujourd’hui leurs fruits.
EBM : Quelle a été la performance par secteur d’activité ?
Tous les secteurs d’activité sont également en croissance sur l’ensemble de l’année. Je vais commencer par la Grande Industrie, qui affiche un taux de croissance de 12% et qui a été dynamique en première moitié d’année avec des démarrages d’unités de production et des contrats notamment dans les domaines de l’énergie et de l’environnement. Et puis le deuxième secteur, qui est celui de l’Electronique, qui a affiché également une progression de l’ordre de 12%, avec des nouveaux contrats notamment dans le photovoltaïque. Le troisième secteur d’activité, plus stable, c’est l’Industriel Marchand, qui a fait preuve d’une bonne résistance face à des marchés qui sont restés contrastés et des volumes liquides en hausse, avec au global un taux de croissance de l’ordre de 3% sur l’ensemble de l’année. Et enfin la Santé, qui affiche, comme à l’accoutumée, une croissance très régulière, grâce à la santé à domicile et à l’hygiène.
EBM : Et dans les autres secteurs d’activité du Groupe ?
Les autres secteurs d’activité, notamment l’Ingénierie et la Construction, ont également bien performé. Dans l’Ingénierie, nous avons enregistré une hausse des commandes au quatrième trimestre, qui est plutôt une bonne surprise de ce trimestre. Et nous avons sur l’ensemble de l’année, une bonne contribution également des activités de Soudage, qui ont fait preuve d’une reprise par rapport à la crise, la Chimie de Spécialités, et la Plongée, qui elles aussi, ont apporté une contribution importante à la croissance de l’année. Au global, c’est une grande diversité et une solidité de nos activités et de nos marchés.
EBM : Comment cette année 2011 s’inscrit-elle par rapport aux objectifs du plan ALMA 2015 ?
Notre plan ALMA 2015 comporte quatre volets : un volet Croissance, un volet Efficacité, un volet Rentabilité du capital et enfin un volet Responsabilité. Dans le volet Croissance, nous avons démontré en 2011 l’accélération de la croissance du chiffre d’affaires du Groupe puisque nous avons affiché deux points de croissance de plus que par rapport à la croissance de la période 2005-2008. Les décisions d’investissements cette année ont également atteint 2 milliards d’euros et se situent à plus de 60% dans les Economies en développement, ce qui nous positionne bien sûr sur les marchés en croissance. En matière d’Efficacité, ce sont 270 millions d’euros d’efficacités qui ont été générés cette année. C’est un résultat qui est supérieur à l’objectif annuel du plan ALMA qui était de 200 millions d’euros. La Rentabilité sur les capitaux utilisés s’élève à 12,1%, elle est donc située dans la plage 12% à 13% qui est celle que nous avons fixée pour ALMA 2015. Et enfin, nous avons préparé cette année le déploiement de notre démarche de Responsabilité que nous mettrons en œuvre au courant de l’année 2012, grâce notamment à des indicateurs de responsabilité. L’année 2011 traduit donc un bon avancement de notre programme ALMA 2015 et une mobilisation de toutes les équipes pour atteindre ces objectifs.
EBM : Dans le contexte économique mondial actuel, quelles sont vos perspectives pour 2012, et êtes-vous confiant à moyen terme ?
Notre point de départ pour 2012, c’est d’abord le contexte dans lequel nous avons opéré en 2011. Cette une année de performance solide dans un environnement qui a été perturbé en fin d’année. Cette année, c’est également une année qui a été en ligne avec nos objectifs à moyen terme que nous avons définis dans le cadre d’ALMA 2015. Ce qui est plus important, c’est l’appréciation que nous avons des tendances de nos marchés qui ont été confirmées au courant de l’année 2011 et c’est également la poursuite de la dynamique d’investissement qui rythme le moyen terme et notamment l’année 2012. Au global, sauf dégradation majeure de la conjoncture, Air Liquide vise en 2012 une croissance de son résultat net.
EBM : Et quel est votre degré de confiance à moyen terme ?
A moyen terme, trois choses sont importantes. D’abord, les opportunités d’investissement : notre portefeuille d’opportunités d’investissements se monte aujourd’hui à plus de 4 milliards d’euros, et il est supérieur à ce que nous avions fin 2010. En 2011, nous avons décidé 2 milliards d’euros d’investissements supplémentaires, qui devraient générer des ventes dans les années qui viennent. Le deuxième point, c’est notre croissance et les marchés sur lesquels nous opérons. Notre croissance, elle, n’est pas limitée à la seule croissance du PIB. Nous avons des capacités, à la fois de reprises de sites, des capacités toujours à repousser les frontières de notre métier, à l’exemple de ce que nous avons fait récemment dans le domaine de l’Electronique avec le fluor, de la Santé avec les services, dans le cadre du diabète, dans le domaine de la Grande Industrie, grâce à gazéification, et puis dans les domaines un peu nouveaux comme l’hydrogène-énergie ou les gaz médicaments. Les relais de croissance du Groupe sont au cœur des tendances du 21ème siècle. Le troisième point, c’est celui de l’Efficacité, qui est aujourd’hui devenue une sorte d’ADN à l’échelle mondiale, et qui nous permet d’adapter le Groupe dans ses structures, de l’adapter à un environnement qui peut être contrasté, et ce, grâce à des équipes qui sont toujours solidaires et motivées. Tout ceci permet au Groupe de renforcer sa présence sur les marchés en croissance et d’être confiant dans son développement à moyen terme.
EBM : Benoît Potier, Président-Directeur Général d’Air Liquide, je vous remercie.
Benoît Potier : Merci.