EuroBusinessMedia (EBM) : Société Générale, l'un des plus grands groupes européens de services financiers, publie ses résultats pour le 3e trimestre 2016. Frédéric Oudéa, bonjour. Vous êtes le Directeur général de Société Générale. Alors, au 3e trimestre, Société Générale affiche de bonnes performances commerciales et financières.
Quels sont, selon vous, les facteurs qui expliquent ces bons résultats ?
Frédéric Oudéa : Effectivement, comme vous le dites, au 3e trimestre nous avons enregistré de bonnes performances commerciales et financières, et trimestre après trimestre, nous démontrons notre capacité à nous adapter à un environnement incertain et difficile.
D'abord, un revenu qui croît, ça c'est le résultat de la conquête de clients dans tous nos métiers. Ensuite, une bonne gestion des frais et un niveau de coût du risque qui est très bas, qui reflète la bonne qualité de l'octroi de crédit et, bien sûr, la qualité de notre portefeuille de crédit. Donc, au total, un résultat net qui progresse fortement, qui affiche une bonne rentabilité sur le capital de 9,7 % sur le 3e trimestre. Et puis autre facteur très favorable qui, là aussi, s'inscrit dans une discipline, c'est le renforcement de notre bilan, de nos ratios de capital avec, notamment, un Core Tier One qui progresse fortement à 11,4 %.
Donc, on le voit, nous avons des fondations que nous consolidons pour bâtir et relever les défis de la transformation du secteur bancaire en général.
EBM : Et comment l'activité de la Banque de détail en France résiste-t-elle à un environnement de taux bas, voire négatifs ?
Frédéric Oudéa : Alors, au sein de notre business model équilibré, il y a différentes activités, notamment la Banque de détail en France, qui est celle qui souffre de la situation des taux d'intérêts bas et même négatifs. Cette situation ne doit pas occulter la qualité des performances commerciales. Nous conquérons des clients à un niveau extrêmement élevé, tant clients particuliers que clients entreprises. Ainsi, par exemple, Boursorama a désormais 920 000 clients. Nous avons des entrées en relation avec les entreprises qui se situent à des niveaux historiquement élevés. Bref, nous fournissons le type de services utiles à nos clients. Ensuite, dans les revenus, cette croissance des volumes, croissance des clients, ne compense pas totalement l'impact des taux bas, notamment sur le replacement de nos dépôts. Il n'y a rien de spécifique à la Société Générale : l'ensemble des activités de banque de détail en Zone Euro subit le même sort. Par ailleurs, nous nous transformons et nous intégrons de plus en plus de technologie digitale. Nous avons d'ailleurs, j'ai été très satisfait, que nous ayons eu le 3e prix parmi les entreprises du CAC 40 et le 1er des institutions financières. Je crois que nous montrons encore une fois la capacité de transformation de notre réseau et ça, c'est porteur d'avenir pour les prochaines années.
EBM : Et vos activités de Banque de détail à l'international et services financiers avaient enregistré de bonnes performances au 2e trimestre. Cette tendance se confirme-t-elle ?
Frédéric Oudéa : Totalement. Et je dois dire, je reviens à ce business model équilibré, ce sont des activités de Banque de détail et de services financiers fondamentalement hors de la Zone Euro. Donc, qui font face à un environnement meilleur : pas de taux négatifs, des courbes de taux en général plus normales, des situations de marché bancaire moins mûres, bref des potentiels de croissance supérieurs. Et au total, des activités et des croissances économiques dans ces pays supérieures à celles qu'on connaît en Zone Euro.
Bref, forts de nos présences stratégiques, nous sommes en train de continuer à développer nos activités et ce pôle confirme son potentiel de croissance comme il confirme, d'ailleurs, son potentiel de rentabilité. Et nous avons, et c'est un élément fort, nous avons retrouvé une situation bénéficiaire en Russie. On voit que toutes les trajectoires, là aussi, sont en train de s'améliorer et il me semble que ce pôle confortera dans les prochains trimestres cette perspective de croissance rentable.
EBM : Et comment s'est comportée votre Banque de Grande Clientèle et Solutions Investisseurs dans un environnement de marché contrasté ?
Frédéric Oudéa : Là encore, grande satisfaction. Ce pôle confirme sa capacité de résilience, de croissance et d'adaptation. Nos revenus progressent globalement et, en particulier, dans les activités de marchés et, notamment, de taux, de crédit de change. D'une manière générale, ce pôle s'adapte. Et ce pôle s'adapte en travaillant aussi sur sa base de coûts et en maîtrisant bien ses risques. Le coût du risque se situe à un niveau faible. Et plus que jamais, ce pôle, je crois, est capable de conquérir des nouveaux clients, de gagner des parts de marché dans un monde où beaucoup de nos concurrents sont amenés à revoir leur stratégie. Ceci est, me semble-t-il, là aussi, porteur d'avenir pour les prochaines années.
EBM : Donc, pour vous, ces résultats démontrent l'efficacité de la transformation du Groupe ?
Frédéric Oudéa : Je le crois. Il ne peut pas y avoir de miracle dans ce domaine. C'est un processus qui demande beaucoup de discipline, beaucoup de méthode. Mais trimestre après trimestre, les résultats que nous enregistrons montrent que oui, ce groupe se transforme. Ce groupe, encore une fois, a des business model pertinents à la fois pour les clients et pour les régulateurs. Et sur la base de ces business model, nous continuons à nous transformer avec beaucoup de détermination et, je crois, une ambition et une culture commune qui sera la clé de succès pour les prochaines années.
EBM : Frédéric Oudéa, Directeur général de Société Générale, merci beaucoup.
Frédéric Oudéa : Merci.