EBM : Société Générale, l'un des plus grands groupes de services financiers en Europe, publie ses résultats pour 2022. Frédéric Oudéa, Bonjour et bienvenue !
Frédéric Oudéa : Bonjour.
EBM : Vous êtes le Directeur général de Société Générale. Quel bilan dressez-vous des résultats au quatrième trimestre et plus globalement sur l'ensemble de l'année 2022 ?
Frédéric Oudéa : On a au 4ème trimestre de très bonnes performances. C’est le 10ème trimestre de très solide performance de tous nos métiers et ça conclut une année intense dans un environnement que l’on connaît tous : très incertain, très chahuté. Avec de très très bonnes performances des métiers, c’est le meilleur résultat sous-jacent qu’on appelle « Underlying » du Groupe et tous les métiers ont contribué à cette performance. Avec bien sûr, dans les résultats publiés, en plus, la cession de la Russie. On a su s’adapter à cet environnement géopolitique incertain. Les métiers se sont très bien développés, nous avons continué à bien gérer nos coûts, donc on a une amélioration de notre efficacité opérationnelle. Puis, très important, le coût du risque est resté maintenu à 28 points de base, tant sur le T4 que sur l’ensemble de l’année. Bref, une année au total très réussie et qui montre la dynamique de nos fonds de commerce.
EBM : Quelle a été la performance de vos différents métiers ?
Frédéric Oudéa : Alors, sur l’ensemble de l’année, comme au T4, la banque de détail a continué à s’adapter, tout en poursuivant la fusion de nos deux réseaux, à un environnement de croissance correct, mais avec des mécanismes qui sont plus pénalisants du point de vue du marché français avec la hausse des taux d'intérêt. On a néanmoins une progression par exemple des commissions qui montre la bonne dynamique commerciale. Et puis, nous avons été disciplinés dans la gestion de la production de crédits. On a poursuivi la fusion de nos deux réseaux, c'était très important et on continue là aussi à bien maîtriser les coûts. En ce qui concerne nos réseaux internationaux, en très forte croissance, ce sont des marchés qui bénéficient beaucoup plus directement de la hausse des taux d'intérêt. C'est vrai dans l'Europe centrale et orientale comme en Afrique, où les économies ont d'une manière générale rebondi après la période COVID. Et là aussi, il y a des programmes de transformation en ce qui concerne la maîtrise des coûts et un bon coût du risque. Nous avons des résultats très spectaculaires dans le secteur de la mobilité. C'est à nouveau un secteur qui a bénéficié au T4, comme sur l'ensemble de l'année, de ce marché de l'automobile un peu perturbé, avec des ventes de véhicules d'occasion qui se sont très bien déroulées. Mais au-delà, il y a une croissance organique très forte et là aussi, vous le savez, ALD est embarquée dans un projet formidable d'acquisition de LeasePlan. Très bonne activité en matière de bancassurance dans la vente des produits d'assurance. Et puis au T4, on a eu une activité de banque d'investissement et de financement et de marché extraordinairement tonique, en ligne d'ailleurs avec la performance de l'ensemble de l'année 2022. Sur les marchés, bonne dynamique commerciale, très bonne gestion du risque et de l'incertitude sur les marchés avec un certain niveau de volatilité. Des activités de financement et de conseil qui se sont très bien développées, notamment dans le financement d'infrastructures, autour du financement de la transition énergétique, et puis bien sûr aussi dans tout ce qui est cash management. Bref, c'est une année 2022 extrêmement réussie et, je le répète, qui a été très intense. Et je remercie bien entendu toutes les équipes de Société Générale pour tout le travail accompli.
EBM : Enfin, pourriez-vous revenir plus précisément sur les avancées stratégiques et quelles sont les priorités et perspectives pour 2023 ?
Frédéric Oudéa : C'est vrai que l'année 2022 a été très intense dans nos avancées, nos progrès dans un certain nombre de projets stratégiques. D'abord, la fusion de nos deux réseaux de banques de détail en France. Cette nouvelle banque, elle existe. La fusion est effective d'un point de vue juridique depuis le 1ᵉʳ janvier 2023. Il nous reste des migrations informatiques sur le premier semestre pour terminer le travail de cette création de nouvelle banque SG. Boursorama a continué à se développer très fort avec notamment le partenariat avec ING et au total, c'est 1,4 million de clients supplémentaires cette année, 4,7 en fin 2022 avec des chiffres record de conquête de clients. Ces deux projets importants que l'on a continué à avancer de manière très positive : l'acquisition de LeasePlan par ALD pour créer un champion mondial dans la mobilité durable, avec des étapes franchies très importantes en 2022 ; et l'annonce en fin d'année de la création d'une joint-venture avec Alliance Bernstein pour créer une plateforme de recherche qui couvrira plus de 1 000 entreprises à destination des investisseurs et bien sûr des entreprises qui souhaiteront continuer à se développer sur les marchés. On crée des leaders mondiaux et quand je regarde les progrès de ces projets stratégiques, je sais que nous allons recueillir dans les deux ou trois prochaines années tous les fruits de ces développements. En parallèle, en 2022, n'oublions pas, bien entendu, l'attention portée sur tout ce qui concerne la RSE, la transition énergétique et l'enjeu climatique, avec des ambitions rehaussées en matière de pivotement de nos portefeuilles de financements. Avec l'ambition aussi de former nos équipes pour accompagner tous nos clients dans leur transition. Que dire de plus spécifiquement de 2023 et des perspectives sur cette année et les prochaines années ? D'abord, comme je l'ai dit, confiant sur le moyen terme, nous avons confirmé nos engagements financiers pour 2025. 2023 à l'évidence, c'est une année de transition. D'abord, en termes de changement de direction générale, Slawomir Krupa me succédera fin mai, donc changement de gouvernance. Bien entendu, on a aussi des étapes importantes pour terminer ces projets stratégiques que je mentionnais dans les tout prochains mois. Et d'ailleurs, mon attention est très portée sur ces sujets-là. Enfin, d'un point de vue financier, parce que cette année encore, on souffrira des mécanismes spécifiques du marché de banque de détail qui auront des impacts négatifs dans cette période de hausse brutale des taux. Il y aura un bénéfice en 2024-2025 et, par exemple, la dernière année de contribution à la constitution du Fonds de stabilité européen, qui nous aura coûté beaucoup et qui aura pesé sur notre rentabilité. Nous nous engageons dans cette année de transition avec détermination et confiants sur nos perspectives de moyen terme en poursuivant le travail sur l'ensemble de ces grands chantiers stratégiques.
EBM : Frédéric Oudéa. Merci.
Frédéric Oudéa : Merci.