EuroBusiness Média (EBM) : Société Générale, l'un des plus grands groupes européens de services financiers, publie ses résultats pour le 1er trimestre 2019. Frédéric Oudéa, bonjour.
Frédéric Oudéa : Bonjour.
EBM : Vous êtes le directeur général de Société Générale. Comment analysez-vous les résultats du Groupe pour ce 1er trimestre 2019 ?
Frédéric Oudéa : D’abord, je pense que la très bonne surprise, c’est l’augmentation forte de notre capital. C’est un point important pour nos investisseurs qui s’interrogeaient sur le fait de savoir si nous serions capables de respecter notre trajectoire. Et là, il y a une très forte augmentation grâce à une bonne maîtrise de nos encours pondérés et, bien sûr, au bénéfice de premières cessions qui se sont finalisées.
Et puis, au-delà de ça, les résultats sont sans mauvaise surprise, solides, dans un environnement européen encore difficile. On a des revenus métiers qui progressent en dépit de cet environnement, des frais de gestion maîtrisés et un coût du risque qui reste très bas. Cela nous permet d’afficher une rentabilité, sur le capital, résiliente. Et, au total, je pense que c’est un bon début d’année compte tenu d’un environnement, en Europe, qui restait plutôt défavorable.
EBM : Alors, plus précisément, quelles ont été les dynamiques de vos principaux métiers ?
Frédéric Oudéa : On a toujours un certain contraste.
Dans la Banque de détail en France, on a de très bonnes performances commerciales. L’économie française reste plutôt dynamique, les encours de crédit croissent et, on continue à développer nos fonds de commerce. Mais on souffre toujours des taux d’intérêts négatifs. La bonne nouvelle étant, quand même, qu’on a une stabilisation du revenu par rapport au T4 2018 en ce qui concerne la marge d’intérêt. Et on continue, bien sûr, la transformation de nos réseaux. Au total, sur cette année, on s’attend à une amélioration progressive de l’évolution des revenus avec, sur 2019, un chiffre entre 0 et -1 %, donc une baisse qui s’atténue pour retrouver de la croissance l’année prochaine.
En ce qui concerne les activités de Banque de détail à l’International et les Services Financiers, on a aussi ce premier trimestre la confirmation absolue, pour toutes les géographies et tous les métiers, du potentiel de croissance rentable. Partout, les franchises se développent extrêmement bien, les revenus croissent de manière très forte. Il y a un effet de ciseaux positif avec les coûts. Là aussi on transforme, avec le digital qui se développe partout. Au total, avec un coût du risque bas, la rentabilité progresse encore, le résultat net aussi, alors même qu’il y a deux, trois cessions qui sont intervenues au 1er trimestre.
Et puis, dans les activités de Banque de Grande Clientèle et Solutions Investisseurs, on a un certain contraste entre les activités de financement - qui sont toujours très dynamiques - et les activités de marché, dans un contexte peu favorable : on sort du T4 2018 avec beaucoup d’incertitudes des investisseurs qui sont en attente, avec assez peu de volume d’activité en Europe. Mais, au total, on a des revenus qui restent somme toute très comparables à ceux de nos pairs. Donc, des performances qui sont encourageantes. Il faut continuer le travail, mais au total, plutôt encourageantes pour l’ensemble des métiers du Groupe.
EBM : Justement, pouvez-vous nous en dire davantage sur l’adaptation de l’exécution de votre stratégie ?
Frédéric Oudéa : 2019 va s’inscrire dans une perspective de long terme. Comment contribuer positivement aux transformations profondes de nos sociétés, de nos économies, de nos clients dans beaucoup de domaines ? Et nous-mêmes, nous avons à poursuivre l’adaptation de nos métiers.
Donc 2019 sera une année assez fondamentale pour les réseaux de détail en France parce que c’est une étape décisive dans la digitalisation de nos processus. On poursuit aussi bien sûr l’adaptation de nos réseaux d’agences, on continue à former nos personnels à de nouveaux métiers, de nouvelles fonctions. Je pense que ce sera aussi une année qui sera un point d’inflexion du point de vue des résultats financiers puisqu’on va avoir une amélioration progressive de la tendance sur les revenus.
L’activité de banque de détail à l’international et des services financiers doit continuer à confirmer son potentiel de croissance. On a achevé le recentrage en termes de géographies, donc, aujourd’hui, la concentration, c’est vraiment développer les franchises et les adapter. Bien sûr, le contexte en Afrique et en Russie est différent. Mais quelque part, partout, il faut profiter de dynamiques de marchés positives, bien meilleures qu’en Zone Euro, tout en continuant à adapter nos business models.
Et sur la banque de Financement et d’Investissement, et notamment sur les marchés, on a annoncé en début d’année un ajustement de l’allocation de capital, des ajustements un peu stratégiques. L’enjeu, c’est de les faire le plus vite possible tout en gardant, bien sûr, la proximité avec nos clients et cette cohérence du business model. J’ai toute confiance. On a déjà les premiers résultats de ces actions engagées. Mais bien entendu, c’est dans les deux ou trois prochains trimestres qu’on aura lancé la totalité de ces initiatives.
Bref, une année qui va être bien occupée mais qui, à mon avis, peut être assez décisive pour Société Générale et je pense qu’on peut marquer beaucoup de points.
EBM : Frédéric Oudéa, merci beaucoup.
Frédéric Oudéa : Merci.