EuroBusiness Média (EBM) : Société Générale, l'un des tous premiers groupes de services financiers européens, publie ses résultats 2018. Frédéric Oudéa, bonjour.
Frédéric Oudéa : Bonjour.
EBM : Vous êtes le Directeur Général de Société Générale. Quelle a été la performance de Société Générale en 2018 et où en est l’exécution de votre plan stratégique ?
Frédéric Oudéa : D’abord, 2018, ce sont des résultats solides, dans un environnement difficile. Des revenus qui progressent, des coûts maîtrisés, un coût du risque bas et un résultat net de 3,8 milliards d’euros.
Mais au-delà, effectivement, c’est la première année de notre plan stratégique annoncé il y a 12-15 mois. Et quand on fait le bilan, la première chose qu’on peut dire, c’est qu’on a délivré sur beaucoup d’initiatives de croissance, notamment dans nos métiers de Banque de Détail, en France et à l’étranger, et dans nos métiers de financement et de conseil. Et là, les dynamiques sont très bonnes.
A l’inverse, dans un environnement chahuté notamment en fin d’année, les performances des activités de marché sont plus décevantes par rapport, en tout cas, à nos attentes.
Au-delà de la dynamique des métiers, ce qui est satisfaisant, c’est que nous respectons notre plan de route en matière de plan d’efficacité. Nous avons également ce coût du risque bas qui reflète la qualité de nos actifs. Et puis n’oublions pas qu’en 2018 nous avons mis derrière nous les trois grands litiges, nous avons enlevé l’incertitude financière liée aux trois grands litiges potentiels qu’on avait encore en début d’année.
Bref, on a dégagé l’horizon pour bâtir des fondements robustes et prolonger la trajectoire de transformation profonde du groupe avec, bien sûr, notamment, l’émergence des technologies digitales qui irriguent tous nos métiers et toutes nos fonctions.
Au-delà de ces réalisations, il y a aussi en 2018 un changement d’environnement. Changement d’environnement par rapport à – presque – l’euphorie d’il y a 12-15 mois sur la croissance mondiale. Il y a eu une rupture en milieu d’année, avec plus de craintes sur la Chine, sur la Zone Euro. Mais aussi, au fond, plus d’incertitudes géopolitiques et la confirmation que le cadre réglementaire en Europe va continuer à devenir de plus en plus contraignant.
Donc, nous avons la nécessité d’intégrer à la fois, par exemple, des perspectives de taux d’intérêts plus bas mais également, bien entendu, d’anticiper stratégiquement ce que peuvent signifier ces contraintes croissantes d’un point de vue réglementaire.
EBM : Pouvez-vous nous expliquer comment l’exécution de votre plan va s’adapter à cet environnement dégradé et quels leviers allez-vous actionner ?
Frédéric Oudéa : Tout d’abord, on continue cette stratégie de long terme d’établir un groupe bancaire diversifié au service de ses clients, engagé dans les transformations positives de nos économies et de nos sociétés et capable d’avoir une rentabilité durable, soutenable et responsable.
Ensuite, pour chacun de nos métiers :
Nous allons prolonger la transformation des réseaux de détail en France qui font face à l’émergence des nouvelles technologies, à des évolutions profondes des attentes des clients. Nous sommes bien partis. Il s’agit de prolonger l’effort tout en tenant compte, bien sûr, d’un environnement de taux d’intérêts plus dégradé mais qui ne change pas la stratégie et la vision de nos différentes enseignes.
En ce qui concerne la Banque de Détail à l’international et les services financiers, moteurs de croissance confirmés en 2018, il s’agit d’en tirer le plein profit en allouant du capital et, bien sûr, en continuant à développer nos bases de clientèles, en innovant et en nous adaptant aux différentes géographies dans lesquelles nous sommes, en synergie totale avec le reste du groupe.
En ce qui concerne, enfin, les activités de Grande Clientèle, les activités de financement et de conseil se portent bien. On entend continuer à les développer sur la base d’expertises assez uniques sur lesquelles nous sommes souvent leaders mondiaux pour accompagner le financement d’infrastructures, le développement de nos clients, le trade finance etc., toutes sortes d’expertises très utiles à nos clients entreprises.
En ce qui concerne les activités de marché, c’est là qu’on ajuste l’allocation de capital stratégique pour tenir compte de l’environnement plus difficile, plus contraint, que je décrivais dans les prochaines années.
En quoi consiste cet ajustement ? C’est allouer plus directement, de manière plus sélective notre capital aux franchises dans lesquelles nous avons des zones d’excellence – je pense en particulier aux produits structurés, je pense au développement du prime brokerage. Et en revanche, refocaliser nos activités, par exemple, sur tout ce qui est crédit, taux. Réduire les zones moins rentables et puis gagner en efficacité opérationnelle en utilisant mieux nos moyens, et, donc, en dégageant 500 millions d’euros d’économies supplémentaires qui viendront s’ajouter au 1,1 milliard d’économies que nous avions fixé comme cap sur les trois prochaines années pour l’ensemble du groupe.
Au-delà de la trajectoire de chacun des métiers et, bien sûr, du groupe dans son ensemble en termes de rentabilité, nous confortons, à l’occasion de la publication de ces résultats, notre trajectoire en capital. Nous confirmons notre cible CET1 et nous nous donnons les moyens d’arriver à cette cible avec une totale confiance notamment en réhaussant le programme de cession de nos actifs qui ne sont pas cœur. Et donc, au total, nous confirmons cette capacité aussi d’avoir des fondations solides en matière de capital.
Ce plan va se mettre en place dans les deux prochaines années et je suis extrêmement confiant que grâce à ce plan, non seulement nous maintiendrons et gagnerons même en impact vis-à-vis de nos clients, mais bien entendu, nous améliorerons la rentabilité structurelle de ces métiers.
Au total, je voudrais vous dire en tout cas ma confiance sur notre capacité à progresser, étape après étape, d’une part dans cette trajectoire d’une banque responsable, assurant cette croissance et partenaire de confiance de ses clients et, bien sûr, avec une rentabilité acceptable pour nos actionnaires.
EBM : Frédéric Oudéa, Directeur Général de Société Générale, merci beaucoup.
Frédéric Oudéa : Merci.