EuroBusinessMedia (EBM) : iShares vient d’annoncer l’enregistrement en France de deux ETFs Barcap € Corporate Bond ex-financials. Benoît Sorel, bonjour. Vous êtes Directeur chez iShares à Paris. Les obligations corporate attirent des flux importants d’investissements en 2012, comment explique-t-on cela ?
Benoit Sorel : La recherche de rendement est le thème clé de ce début d’année, pour Blackrock comme pour nos clients, avec des yields sur les Govies allemands à cinq ans à moins de 1%, moins de 2% pour la France. Les investisseurs se tournent pour aller chercher le rendement là ou il est, chez les entreprises et en particulier les Investment Grade, qui ont parfois d’ailleurs des comptes plus sains que ceux des gouvernements.
EBM : Ce qui est surprenant de l’extérieur, c’est de voir le recours à des ETFs pour investir sur des obligations, en particulier sur de l’Investment Grade ?
Benoit Sorel : Vous avez parfaitement raison. C’est un mouvement récent et très puissant. En fait, jusqu’ici, une obligation Investment Grade était tenue jusqu’à maturité, avec assez peu de volatilité. Aujourd’hui, le marché obligataire est beaucoup plus volatil au niveau du taux de référence, du benchmark gouvernemental et du spread des émetteurs, donc on cherche de plus en plus d’investissements tactiques, comme les ETF, pour se positionner sur ce marché.
EBM : Justement, pouvez-vous nous parler un peu plus en détail de ce nouvel ETF d’obligations Investment Grade sans financières ?
Benoit Sorel : Ces nouveaux ETF, puisqu’il y en a deux ! Il y a à la fois le ex-financials et le ex-financials 1-5 qui réduit la duration. Ces nouveaux ETF viennent d’être enregistrés en France mais existent depuis septembre 2009. Ils ont déjà 1 milliard et demi d’euros d’Assets Under Management, avec €700 million de collecte nette en 2011 et déjà €400 million de collecte nette en février 2012. Ils répondent tout simplement à un besoin de marché, c’est ce que ces chiffres montrent, puisque 50% de l’indice Investment Grade Corporate Global est composé de financières qui ont un risque très différent du reste de l’indice qui est composé de services et d’industriels. Et on le voit typiquement depuis septembre 2011 jusqu’en février 2012, les spreads financières ont été divisées par deux avec la mise en place du LTRO. Aujourd’hui les investisseurs souhaitent vraiment savoir ce qu’ils ont en book et préfèrent identifier le risque des financières et le sortir de l’indice.
EBM : Quel l’impact cela a-t-il de sortir les financières de l’indice en termes de rendement ?
Benoit Sorel : L’indice global Euro Corporate Investment Grade a un rendement de 1% supérieur à l’indice ex-financials. Et ce qu’on disait, les investisseurs sont prêts à abandonner ce pourcent de rendement pour se positionner, sans les financières, quitte à les avoir quelque part ailleurs dans leurs books.
EBM : Benoit Sorel, Directeur chez iShares à Paris, merci beaucoup.
Benoit Sorel : Merci à vous.