EuroBusiness Media : Orange, l’un des tous premiers opérateurs télécom dans le monde, publie ses résultats 2018. Nous sommes avec son Président-directeur général Stéphane Richard, bonjour.
Stéphane Richard : Bonjour.
EBM : Ensemble, nous allons revenir sur les faits marquants de cet exercice 2018. Si vous deviez définir cet exercice, en un mot, quel serait-il ?
Stéphane Richard : ce serait sans doute le mot « accélération » parce que cette année 2018 a vu le Groupe délivrer, dans l’ensemble, une très belle performance en accélération sur 2017. Accélération d’abord dans le chiffre d’affaires puisqu’on fait une croissance de 1,3 % en 2018, en accélération, donc. Accélération sur l’EBITDA qui croît de 2,7 % en 2018 mais aussi accélération sur l’operating Cash-Flow qui croît, lui, de 1,7 %.
C’est au total un très bel ensemble de résultats. Le Groupe atteint tous ses objectifs. Très important de le dire d’entrée de jeu.
Nous, on y voit le résultat, bien sûr, d’une stratégie que nous poursuivons avec ténacité depuis plusieurs années, qui est en particulier fondée sur la recherche de la différenciation à partir de la qualité des réseaux, ce qui suppose un effort d’investissement important et plus généralement, d’ailleurs, de la qualité de l’expérience clients.
Je crois qu’il est important de souligner aussi que tous nos pays ont participé à cette belle dynamique. La France signe une deuxième année consécutive de hausse de ses revenus. La zone Afrique/Moyen-Orient poursuit sa croissance à un rythme élevé et elle fournit, d’ailleurs, la moitié de la croissance globale du Groupe. Et puis on a encore quelques très belles performances en Europe. Je pense notamment à l’Espagne et à la Roumanie qui terminent aussi sur une belle lancée puisque la croissance s’accélère même au 4e trimestre.
Orange est, aujourd’hui, le numéro 1 en Europe sur la fibre optique et la convergence. Je pense qu’il faut voir dans ces 2 éléments très importants de notre activité, de notre stratégie, non seulement les marqueurs d’Orange mais aussi, je crois, les fondations de cette croissance saine. Nous avons un parc de clients convergents qui a continué à progresser en 2018, nous sommes le numéro 1 de la convergence. C’est un choix qu’on a fait très tôt. C’est une conviction qu’on a eue très tôt. Et on est par ailleurs l’opérateur qui déploie le plus de fibre optique jusqu’à l’abonné, en Europe.
Voilà le tableau général. C’est un groupe solide. Solide sur ses fondamentaux et qui a délivré en 2018 une performance de très belle facture.
EBM : Alors, cette accélération dont vous nous parlez, des résultats de votre EBITDA en particulier, c’est le fruit d’une meilleure discipline sur les coûts. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?
Stéphane Richard : Oui, nous sommes depuis plusieurs années maintenant extrêmement focalisés sur la maîtrise de nos coûts. Nous avons, à cet effet, à cette fin, engagé plusieurs programmes successifs. Sur la période 2015-2018, on avait un objectif de 3 milliards d’économie bruts et on a signé 3,5 milliards, donc on est au-dessus de nos objectifs. On a engagé également, plus récemment, un programme qui vise à optimiser la dépense unitaire des CapEx, qui nous permet aussi de viser une économie d’1 milliard d’euros qui sera, en partie, réinvestie dans les réseaux. Donc, cet effort est continu, nous ne nous relâchons absolument pas là-dessus et, d’ailleurs, nous avons décidé de prolonger cet effort en lançant un nouveau plan qui vise à dégager 1 milliard d’euros d’économies sur nos OpEx sur la période 2019-2020.
Cette maîtrise des coûts doit se déployer sur l’ensemble de nos coûts. Bien sûr sur le réseau, car c’est un poste de coût très important, mais aussi sur l’IT, sur la distribution. Je vais donner quelques illustrations de ce que ça peut donner en se servant beaucoup de la digitalisation aussi comme levier de l’amélioration de la performance.
On peut prendre l’exemple de la relation clients. On a constaté entre 2015 et 2018 une baisse d’1/3 du nombre d’appels arrivés dans nos centres d’appels ce qui, bien évidemment, génère derrière des économies très substantielles sur les coûts de fonctionnement. Ceci est le résultat, à la fois, des efforts de qualité que nous faisons, mais aussi de la rapidité par laquelle nous avons redéployé la relation clients vers les nouveaux canaux et, je pense notamment, bien sûr, au canal digital.
L’autre exemple, c’est la distribution physique. Nous avons, depuis quelques années, à la fois réduit le nombre de nos boutiques mais, en même temps, on a beaucoup investi dans ces boutiques, on les a modernisées, on en a fait les écrins de la nouvelle expérience clients que nous voulons promouvoir chez Orange et on les a aussi ouvertes sur de nouveaux services, en particulier les services financiers que nous lançons.
EBM : On s’intéresse à présent aux initiatives d’Orange dans les services financiers sur mobiles, notamment Orange Bank dont on a beaucoup parlé. Où en êtes-vous en la matière ?
Stéphane Richard : Les services financiers sur mobiles, c’est pour nous un axe très important. Il a enregistré, en 2018, une avancée très spectaculaire puisque, si on prend Orange Money dans la zone Afrique/Moyen-Orient, nous avons fin 2018, 14 millions de clients actifs. C’est une hausse de 25 % par rapport à l’année précédente. Donc, on voit que l’essor de ce service se poursuit et on devient vraiment un service absolument incontournable dans la vie quotidienne de dizaines de millions d’Africains. Et puis il y a eu le lancement d’Orange Bank en France, dont nous sommes très satisfaits, puisque nous avons réussi en 1 année à ouvrir 250 000 comptes environ, ce qui est un très beau démarrage pour une banque complètement nouvelle, qui offre une expérience tout à fait originale puisqu’elle est à la fois digitale et, quand même aussi, physique, puisqu’il y a un accueil en boutique qui est prévu. Donc, un démarrage très encourageant, très prometteur sur Orange Bank.
Au total, que ce soit en Afrique ou en Europe, nous avons beaucoup de projets dans les mois et les années qui viennent pour développer cette ligne d’activité chez nous car nous sommes convaincus que se dessine une forme de convergence entre ces 2 métiers ; le métier de la finance mobile et le métier d’opérateur télécom qui partagent en fait énormément d’actifs (la distribution, la maîtrise de la technologie, la maîtrise de l’usage aussi du smartphone, la sécurité), cet opérateur de confiance que nous voulons être pour tous nos clients. Nous sommes convaincus qu’il y aura une forme de convergence entre ces 2 métiers, celui de la finance mobile et celui des télécoms.
EBM : Alors, on passe à vos perspectives 2019. Ce qu’il faut savoir, c’est que certaines normes comptables vont changer. Avec quelles conséquences ? Expliquez-nous.
Stéphane Richard : En effet, en 2019, nous passons aux normes comptables IFRS 16 qui vont nous amener à modifier certains agrégats (je pense notamment à l’EBITDA qui va devenir l’EBITDAaL, after lease, et puis aux CapEx qui vont devenir les eCAPEX pour Economic CaPex.
Ces changements ne remettent absolument pas en cause les tendances dynamiques de hausse que nous avons présentées et exposées dans notre Investor Day en 2017.
Dans le détail, en ce qui concerne l’EBITDAaL, nous prévoyons en 2019 de poursuivre la hausse mais, néanmoins, à un rythme plus modéré que celui que nous avons enregistré en 2018 simplement parce que les conditions de marché sur nos principaux pays (et je pense notamment à la France et à l’Espagne) doivent nous amener à être peut-être plus prudents, plus réalistes sur cet objectif.
En ce qui concerne les CapEx, donc les eCAPEX, je confirme ici qu’elles amorceront leur baisse dès cette année 2019. L’Operating cash-flow sera, lui, toujours en hausse.
Nous maintenons, bien sûr, la discipline financière à travers l’objectif de garder un ratio de 2 entre la dette nette et l’EBITDAaL.
Et puis, enfin, en ce qui concerne le dividende, le niveau de 70 cents qui sera voté cette année en assemblée générale doit être considéré comme un plancher, sachant que le montant définitif sera fixé en 2020 sur la base des résultats de 2019.
Voilà l’ensemble de nos prévisions. Vous voyez qu’on est à la fois dans une forme de continuité dans la performance, avec un ensemble d’indicateurs qui poursuit quand même sa dynamique, tout en prenant en compte, aussi, les évolutions de l’environnement que nous voyons se dessiner et je pense notamment à nos principaux marchés européens.
EBM : En conclusion, Stéphane Richard, que diriez-vous ?
Stéphane Richard : En conclusion, une vraie satisfaction devant les résultats de 2018, une grande confiance sur nos perspectives de 2019. Je voudrais, si vous me le permettez, dire un mot de remerciement à la fois pour nos actionnaires qui nous sont fidèles, et qui ont raison de l’être, parce que l’entreprise est solide, elle tient ses engagements et elle continuera à le faire. Et puis aussi, évidemment, un mot de remerciement pour l’ensemble des collaborateurs du groupe, les 150 000 salariés du Groupe Orange qui contribuent chaque jour par leur énergie, par leurs compétences, par leur attachement aussi à l’entreprise, à la réalisation de ces performances.
EBM : Stéphane Richard, Président-directeur général d’Orange, merci beaucoup.
Stéphane Richard : Merci à vous.