EuroBusiness Media (EBM) : Le groupe VINCI, la plus grande société de concession et de construction au monde cotée en bouse, publie ses résultats annuels 2010. Xavier Huillard, bonjour. Vous êtes le Président-directeur général de VINCI. Comment définiriez-vous la performance réalisée l'an dernier par le groupe ?
Xavier Huillard (XH) : VINCI a réalisé une solide performance en 2010. Notre chiffre d'affaires a progressé de presque 9 %, tandis que le résultat opérationnel et le résultat net ont quant à eux augmenté à un rythme un peu plus rapide, de l'ordre de 11 % chacun. Nous avons pu y parvenir en renforçant nos positions dans les segments d'activités dégageant les marges les plus importantes, à la fois en Europe et en dehors d'Europe, en partie grâce aux acquisitions de Cegelec, Faceo et Tarmac. Nous nous sommes également montrés très proactifs en adaptant nos structures aux nouvelles réalités du marché. Et puis, plus important sans doute, nos collaborateurs ont tous œuvré dans le même sens afin d'améliorer ou de maintenir les bénéfices du groupe, malgré un environnement difficile.
EBM : Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vos deux principales activités : Concessions et Contracting ?
XH : Si nous commençons par les Concessions, la croissance de nos recettes de péages sur les autoroutes françaises a été conforme à nos prévisions, à savoir + 4 %. Cette performance résulte d'une part de l'augmentation de 2 % du trafic à réseau stable et d'une croissance similaire due aux hausses tarifaires contractuelles et également à l'ouverture de nouvelles sections. Plus important encore, nous avons dépassé l'objectif que nous nous étions fixé pour le taux de marge d'EBITDA, en clôturant l'exercice à 68,8 %. Mais l'élément le plus important est sans doute le fait que la branche Contracting a vu son chiffre d'affaires croître de plus de 9 % et son taux de marge opérationnelle s'accroître de 20 points de base. Le pôle Construction a réalisé la meilleure performance, avec une progression de sa marge de 40 points de base. Quant au pôle Énergie, il s'est également très bien comporté et sa marge reste quasiment stable par rapport à 2009 et ce en dépit des coûts d'intégration des nouvelles acquisitions, et en particulier de l’acquisition de Cegelec.
EBM : Quels sont vos commentaires sur l'activité commerciale ? Par exemple, quel a été le flux des nouvelles commandes et où se situait le niveau du carnet de commandes à fin 2010 ?
XH : L'année 2010 a été une année riche en succès commerciaux. Nos prises de commandes ont augmenté de 8 % par rapport à 2009. Nous avons obtenu plusieurs gros contrats comme le GSM-Rail, ou encore un gazoduc de 450 km en Papouasie-Nouvelle-Guinée, également deux stations de métro à Londres, deux immeubles privés importants à Paris, une infrastructure d'une LGV à Hong Kong, un chantier autoroutier en Caroline du Nord aux États-Unis ainsi que, par exemple, une centrale électrique au Maroc. Par conséquent, notre carnet de commandes a atteint les 26 milliards d'euros en fin d'année, en hausse de 15% sur un an, et ce carnet de commandes représente en moyenne 11 mois d'activité. Nous avons également gagnés un grand nombre de grands contrats de concessions ou de PPP, par exemple la LGV Tours-Bordeaux, et ces contrats qui sont en phase finale de closing financier ne seront rentrés en carnet de commandes que lorsque nous les aurons clos financièrement.
EBM : Y a-t-il des domaines potentiellement problématiques qui mériteraient de retenir notre attention aujourd’hui ?
XH : Vous savez, Adrian, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Et donc oui, bien sûr il y a des sujets auxquels nous attachons une attention particulière, mais rien qui dans les conditions actuelles puisse avoir des répercussions importantes sur le groupe. Par exemple, nous lisons dans la presse de nombreux articles mentionnant des augmentations du coût des matières premières. Nous voyons le prix du pétrole augmenter, nous voyons le prix de l'acier augmenter. Néanmoins, j'aimerais faire remarquer à ceux qui nous regardent que les niveaux de prix actuels sur le marché ne constituent pas, en soi, pour le groupe VINCI un problème insurmontable. Il faut garder en mémoire qu'une bonne partie de nos contrats comprennent des clauses de révision des prix et que par ailleurs nous sommes par nature plutôt prudents. Et que nous mettons en place pour certains contrats des systèmes de couverture, en particulier sur des fournitures d'acier ou de bitume. Il y a également les troubles politiques en Afrique du Nord, et il s'agit d'une région où évidemment nous faisons des affaires. Si cette instabilité devait se confiner à l'Égypte, à la Libye et à la Tunisie, alors l'impact de ces troubles sur notre chiffre d'affaires en 2011 serait de l'ordre de 130 millions d'euros à peu-près. Ainsi donc, oui, bien sûr nous sommes vigilants, comme toujours, mais non, il n'y a rien qui puisse aujourd'hui constituer pour nous un problème majeur.
EBM : Enfin, pour conclure, quelles sont vous les perspectives pour l’année 2011 ?
XH : Tout simplement, Adrian, nous pensons que la croissance de notre chiffre d'affaires sera légèrement supérieure à 5%. Par ailleurs, nous avons comme objectif de continuer à augmenter un peu le taux de marge d'EBITDA des Concessions autoroutières et maintenir la marge opérationnelle du Contracting au niveau élevé que nous avons atteint en 2010. Dans ce contexte, la progression en 2011 du résultat net et du résultat net par action devrait être proche de la croissance que nous observerons sur le chiffre d'affaires.
EBM : Xavier Huillard, Président-directeur général de VINCI, merci.
XH : Merci Adrian.