EuroBusiness Media (EBM) : Le groupe VINCI, premier groupe mondial de concessions et de construction côté en bourse, vient de publier ses résultats pour le premier semestre 2011, des résultats qui font apparaître une croissance du chiffre d’affaires et du résultat net, chacune dépassant les 15 %. Xavier Huillard, bonjour. Xavier Huillard, bonjour. Vous êtes le Président-directeur général de VINCI. Comment le marché doit-il interpréter les performances de VINCI ?
Xavier Huillard : Et bien, Adrian, je pense que ce premier semestre parle de notre passé, de notre présent et de notre avenir. Du passé parce que nous avons démontré notre capacité à surmonter sans encombre les périodes difficiles, comme celle qui a démarré en 2008. Du présent parce que nous affichons l’un de nos meilleurs semestres tant en termes d’activité que de rentabilité. Enfin, notre carnet de commandes est actuellement à un niveau historique record et cela est évidemment de bon augure pour notre futur.
EBM : VINCI semble caracoler en tête de peloton, et ce de manière régulière. Comment l’expliquez-vous ?
Xavier Huillard : Il s’agit certainement de la conjugaison entre notre expérience, la diversité de nos expertises et activités, le renforcement de notre présence sur des marchés internationaux, le tout accompagné d’une dose importante de prudence. Nous étions probablement parmi les premiers dans le métier à vanter activement les mérites d’une politique « qui privilégie les marges avant le volume ». Nous avons d’ailleurs mis en œuvre et poursuivi cette politique sans relâche, même lorsqu’elle a été synonyme de décroissance du chiffre d’affaires. Vous savez, dans nos métiers de contracting, il est extrêmement facile de « courir après la croissance » mais cela peut être souvent extrêmement dangereux. Dans notre cas nous sommes restés maîtres de nos nerfs pendant le cycle baissier qui a été initié par la faillite de Lehman Brothers et nous récoltons maintenant les fruits de cette stratégie. Ce n’est pas nouveau : nous sommes restés et nous demeurerons attachés à cette politique.
EBM : VINCI a remporté la plus importante concession pour le tracé d’une voie ferrée en Europe, avec la signature du contrat pour la ligne de TGV Tours-Bordeaux. Qu’est-ce que cela signifie pour le Groupe ?
Xavier Huillard : Il s’agit avant tout de la plus belle illustration de la pertinence de notre modèle de business qui est fondé sur l’intégration des activités de concession et des activités de contracting. Le projet de LGV Tours-Bordeaux, qui représente un investissement total de près de 8 milliards d’euros, va apporter aux trois pôles qui forment notre branche Contracting (c'est-à-dire le pôle Energies, le pôle Routes et le pôle Construction) plus de cinq années d’activité. A l’issue de cette phase de construction, nous nous occuperons de l’exploitation et de la maintenance de cette nouvelle infrastructure ferroviaire pendant près de 45 ans.
EBM : On rapporte, dans la presse, que VINCI aurait signifié son intérêt pour les concessions aéroportuaires que Hochtief a mises en vente. Pouvez-vous nous expliquer la logique stratégique sous-jacente ?
Xavier Huillard : Je crois qu’il est plus exact de dire que VINCI est intéressé par le développement de son activité de concessions et que ces concessions sont chez nous essentiellement centrées sur les infrastructures de transport. Infrastructures de transport, cela veut dire des autoroutes, des parkings, des lignes ferroviaires mais aussi des concessions aéroportuaires. Et pourquoi des concessions aéroportuaires ? Parce que ce que l'on constate - et cela va continuer à être vrai dans le futur - c'est que la croissance de trafic dans ces concessions aéroportuaires est supérieure à la croissance économique sur période longue. Le renforcement de nos activités dans les concessions aéroportuaires fait donc intégralement partie des priorités stratégiques de VINCI. Nous avons récemment étendu le périmètre de cette activité, avec l’aéroport de Nantes ainsi que celui de Saint-Nazaire, et nous sommes aussi intéressés par des opportunités en dehors de France.
EBM : Pour conclure, au vu des excellentes performances enregistrées par VINCI au premier semestre, le marché s’attend à une révision à la hausse de vos prévisions de résultats pour l’ensemble de l’exercice 2011. Comment qualifieriez-vous aujourd'hui la révision des prévisions de VINCI ?
Xavier Huillard : Adrian, nous avons relevé nos prévisions, mais nous l’avons fait avec prudence. Personne ne peut nier que nous vivons une « période chahutée ! ». La volatilité des marchés atteint des niveaux extrêmes. Les incertitudes qui pèsent sur les données macroéconomiques vont croissantes dans plusieurs grands pays de l’OCDE. Certains pays ont déjà revu à la baisse leurs prévisions de croissance. Pour autant, pour ce qui nous concerne, à fin juin, nous étions en avance sur nos objectifs de résultats, qui tablaient déjà, je vous le rappelle, sur une croissance de plus de 5 % du chiffre d’affaires du Groupe. Nous avons donc relevé à environ 7% la hausse attendue de notre chiffre d’affaires pour l'ensemble de l'exercice 2011. Cela résulte de la conjonction de deux facteurs. Le premier facteur c'est sur les autoroutes : il y a six mois, nous pensions que le chiffre d’affaires de ces concessions autoroutières en France allait connaître une croissance de plus de 4 %. Cependant, à fin août, nous sommes à environ +3,7 % et donc nous pensons aujourd'hui que la croissance pour l’année entière 2011 devrait être légèrement inférieure à 4 %. Second facteur : compte tenu des très bonnes performances réalisées au premier semestre par notre activité de contracting - c'est-à-dire nos activités Energies, Routes et Construction - le chiffre d’affaires de la branche Contracting devrait connaître une croissance comprise entre 7 et 8 %. Enfin, la progression du résultat net part du Groupe devrait se situer entre 5 % et 6 %.
EBM : Xavier Huillard, Président-directeur général de VINCI, je vous remercie.
Xavier Huillard : Merci.