EuroBusinessMedia (EBM) : Sanofi, leader mondial et diversifié de la santé, publie aujourd’hui ses résultats pour le deuxième trimestre 2014. Chris Viehbacher, vous êtes le Directeur Général de Sanofi, bonjour et bienvenue.
Chris Viehbacher : Bonjour, Katherine.
EBM : Quels commentaires vous inspire la performance du Groupe au deuxième trimestre 2014 ?
Chris Viehbacher : En 2013, nous avons tourné la page sur la question des expirations de brevets, et nous anticipions le retour de la croissance dès le mois de septembre. Le deuxième trimestre de cette année marque la poursuite de cette stratégie de croissance. Le chiffre d'affaires groupe progresse de 6,4 %, largement porté par Genzyme (+29 %) et le pôle Diabète (+16 %). Nos plateformes de croissance représentent désormais 76 % de notre chiffre d’affaires total, en progression de 14,5 %. Vous le voyez, nos plateformes de croissance sont désormais le fondement du succès de l’entreprise. Grâce à la bonne évolution des ventes, combinée à une gestion rigoureuse des coûts, le bénéfice par action augmente de 13,4 %. Cette maîtrise des coûts est primordiale : d’une part, nous restons attentifs aux économies, mais d’autre part, nous entrons dans une phase d’investissement. Le groupe a très bien géré ses allocations de ressources.
Ce qui est vraiment intéressant, c’est que la Recherche & Développement redevient un élément majeur de l’avenir de Sanofi. Nous avons annoncé cette semaine les résultats de 9 études cliniques de phase III consacrées à notre nouveau médicament contre le cholestérol LDL. Ils sont concordants, et démontrent que nous serons bientôt en mesure de réduire, comme jamais auparavant, les taux de cholestérol.
Nous avons aussi un nouveau vaccin contre la dengue, cette maladie qui constitue un très grave problème dans l’hémisphère sud. C’est le tout premier vaccin potentiel contre la dengue. Les premières études de phase III montrent que ce vaccin pourrait vraiment faire la différence, et même éliminer un jour cette maladie.
La dermatite atopique est une maladie extrêmement pénible pour les patients qui en souffrent. Ici aussi, nous avons enregistré des résultats assez spectaculaires dans les études de phase IIb.
Pour résumer : nous sommes sur le point d’obtenir l’approbation potentielle d’un nouveau médicament à prise orale contre la maladie de Gaucher, nous attendons la décision de la FDA pour un nouveau médicament contre la sclérose en plaques (Lemtrada™), nous avons déposé un dossier d’approbation pour un nouvel antidiabétique, le Toujeo®. En bref, il y a beaucoup d’activités autour des nouveaux médicaments, ce qui ne manquera pas de jouer un rôle croissant pour l’avenir de Sanofi.
EBM : Nous voici à la fin du premier semestre. Pouvez-vous confirmer vos prévisions pour l’exercice ?
Chris Viehbacher : Ce premier semestre se termine en effet sur une très bonne performance, ce qui nous amène à légèrement ajuster nos prévisions. Bien sûr, nous évoluons dans un monde complexe. Je pense aux différents événements dans différents pays, particulièrement au niveau des prix et des payeurs aux États-Unis, où la concurrence devient de plus en plus rude. Au début de l’exercice, nous avions annoncé un bénéfice par action en progression de 4 % à 7 %. Nous avons maintenant ajusté ces chiffres ; nous prévoyons désormais une progression du bénéfice net par action de 6 à 8 % pour l’exercice.
EBM : Dans le domaine du diabète, comment évolue le cadre concurrentiel de Lantus® ?
Chris Viehbacher : La division Diabète est de toute évidence l’un des grands vecteurs de croissance du groupe, et ses résultats n’ont pas déçu au deuxième trimestre. Nous avons globalement progressé de 16 %, à savoir 20 % aux États-Unis et 16 % dans les marchés émergents. Même en Europe, notre croissance avoisine les 5 %.
C’est évidemment très important pour le présent, mais nous devons également penser à la nouvelle génération de la franchise Diabète. Nous avons donc déposé auprès des autorités de santé, en Europe, aux États-Unis et au Japon, le dossier d’approbation d’un nouveau médicament appelé Toujeo®. Toujeo® offre la même efficacité et le même contrôle du diabète que Lantus®, mais avec un risque réduit d’hypoglycémie, surtout la nuit. C’est très important, car la crainte de l’hypoglycémie est une des principales causes de réticence à utiliser l’insuline. Ce nouveau médicament, au profil pharmacodynamique et pharmacocinétique plus régulier, nous semble susceptible d’apporter un confort d’utilisation accru, pour une efficacité et une sécurité analogues à celles qui font de Lantus® une référence depuis de nombreuses années.
Nous sommes également en train de lancer Lyxumia®, un GLP-1 ; par ailleurs, nous avons entamé les études de phase III d’une nouvelle combinaison de Lyxumia® et Lantus®, que nous allons appeler LixiLan. Nous préparons donc activement une nouvelle génération de produits, tout en réalisant déjà une excellente performance aujourd’hui.
EBM : Dans le domaine des maladies rares et de la sclérose en plaques, où en est la performance de Genzyme pour le premier semestre 2014 ?
Chris Viehbacher : L’acquisition de Genzyme aura vraiment transformé notre groupe en profondeur. Elle fait de nous le premier employeur du domaine des sciences de la vie dans l’écosystème majeur qu’est la région de Boston Cambridge à l’échelle mondiale. C’est pour nous une extraordinaire opportunité de croissance. Après avoir réorienté Genzyme sur les maladies rares et la sclérose en plaques, nous nous sommes tout d’abord attelés à rétablir la capacité de production de Genzyme ; afin que Genzyme poursuive une croissance solide à deux chiffres. L’an dernier, avec Fabrazyme®, nous avons repris notre place sur le marché US, et nous gagnons maintenant des parts de marché dans le reste du monde. Les ventes ont bondi de 44 % au cours du trimestre. Toutes nos activités touchant aux maladies rares évoluent très favorablement.
Mais ce qui est nouveau, chez Genzyme, c’est l’activité sclérose en plaques. L’an dernier a eu lieu le lancement d’Aubagio®. Aubagio® a connu une excellente croissance au cours du trimestre. Il s’agit d’un nouveau traitement à prise orale, une vraie alernative pour les patients. Nous avons également lancé Lemtrada™ en Europe, et c’est une grande nouveauté. Lemtrada™ apporte une efficacité sans précédent aux patients souffrant de sclérose en plaques. Nous attendons encore la décision de la FDA pour Lemtrada™ aux États-Unis. Or avec une croissance de 29 %, on peut dire que le modèle Genzyme fonctionne très bien. Genzyme est une société profondément axée sur le patient, ses équipes y sont particulièrement attentives. C’est cette culture de l’engagement vis-à-vis du patient que nous devons conforter au sein du Groupe Sanofi. Autant dire que la performance réalisée par l’équipe Genzyme au cours du trimestre est pour moi une grande source de fierté.
EBM : La reprise de la production des vaccins se poursuit-elle conformément aux prévisions ? Comment voyez-vous l’avenir de votre vaccin contre la dengue ?
Chris Viehbacher : L’activité Vaccins a été un élément difficile de nos résultats 2013. Nous avons eu des problèmes de production. La fabrication de vaccins est en soi compliquée ; les interruptions de production font donc malheureusement partie des risques de ce métier. Cela étant, à la fin de l’année dernière, la situation était à nouveau sous contrôle, et la production a rapidement repris son rythme de croisière au premier semestre de l’année. La croissance n’a pas été au rendez-vous, car produire des vaccins prend du temps. Après une interruption de la production, il faut du temps pour que la chaîne d’approvisionnement tout entière soit de nouveau alimentée. Nous n’en attendons pas moins une croissance à deux chiffres pour les vaccins au 2e semestre.
Dans le domaine des Vaccins, deux éléments sont particulièrement intéressants : le premier est la grippe. Sanofi Pasteur a pris une excellente initiative. Ils ont reconsidéré l’injection antigrippale classique et l’ont réinventée. Une nouvelle idée contre la grippe est donc née. Pourquoi ne pas tenter d’administrer le vaccin antigrippal sans utiliser cette aiguille qui effraie tant de patients ? Elle est remplacée par une micro-aiguille intradermique très courte. Par ailleurs, notre système immunitaire s’affaiblit avec l’âge. Nous avons donc prévu une formulation plus puissante pour les personnes âgées de plus de 65 ans. Enfin, l’une des particularités de la grippe, c’est que le vaccin doit évoluer chaque année, puisque le virus lui-même mute chaque année. Généralement, le vaccin protégeait contre trois souches du virus, ce qui nous a semblé insuffisant. Nous nous sommes mis d’accord avec le CDC pour produire un vaccin quadrivalent, de manière à offrir une protection contre quatre souches virales. Ainsi, nous avons créé un véritable portefeuille de vaccins antigrippaux qui consolide le leadership de Sanofi Pasteur dans le secteur des vaccins aux États-Unis. Notre part de marché y est supérieure à 50 %, et une fois de plus, nous avons été les précurseurs dans ce domaine. La grippe est donc au cœur de notre activité Vaccins.
Deuxièmement, ce qui nous passionne particulièrement aujourd’hui, c’est que nous pouvons envisager, et même planifier, le lancement d’un vaccin contre la dengue. Contrairement à ce qui se passe dans le monde pharmaceutique, dans celui des vaccins, on ne lance un nouveau vaccin qu’une fois par décennie. A titre d’exemple, aucun vaccin antigrippal véritablement nouveau n’est sorti depuis le lancement des vaccins HPV il y a une dizaine d’années. Lancer un nouveau vaccin est, par conséquent, un événement important. La dengue constitue une menace très importante dans l’hémisphère sud. Notre vaccin a démontré une protection supérieure à 50 %. Alors, pourquoi cela pourrait paraître moins bien que ça ne l’est en réalité ? Le vaccin contre la dengue n’a pas pour unique vocation de protéger l’individu. En réalité, avec les vaccins, on protège une population grâce à la réduction du nombre d’individus infectés. Un moustique pique une personne infectée avant d’en piquer une autre qui ne l’est pas. Moins il y aura de gens infectés, moins l’on risquera d’attraper la dengue. C’est pour cette raison d’ailleurs, que la dengue se manifeste surtout dans les centres urbains : les moustiques ne doivent pas voler très loin pour passer d’une personne à l’autre. Les grandes villes comme Singapour, Kuala Lumpur, Sao Paolo attendent impatiemment le vaccin contre la dengue, car il permettra aussi de réduire la charge qui pèse sur les hôpitaux. Et effectivement, ce vaccin contre la dengue entraîne une diminution de 67 % des hospitalisations. La dengue apparaît sous différentes formes, notamment associée à une fièvre hémorragique. Dans ce cas, nous avons prouvé que nous pouvions réduire de près de 89 % le nombre de cas de dengue hémorragique. C’est extrêmement prometteur pour la santé publique, et de ce fait pour Sanofi Pasteur.
EBM : Pouvez-vous nous en dire davantage sur alirocumab dans le traitement du cholestérol ?
Chris Viehbacher : Avant toute chose, un rappel : malgré les travaux de recherche menés depuis de nombreuses années, malgré une multitude de nouveaux produits, les maladies cardiovasculaires restent l’une des principales causes de décès. L’excès de cholestérol LDL, parfois appelé « mauvais » cholestérol, est l’un des quatre grands facteurs de risque cardiovasculaire susceptibles de recevoir un traitement préventif. Bien sûr, depuis 20 ans, les statines ont complètement révolutionné la médecine cardiovasculaire : capables de réduire de 15 à 20 % le taux de cholestérol LDL, elles ont considérablement amélioré la vie d’un grand nombre de personnes. Et pourtant, les crises cardiaques et d’autres formes de maladies cardiovasculaires continuent de causer de nombreux décès, pourtant évitables. Il y a donc là un besoin non satisfait. Pour de nombreux patients souffrant de maladies cardiovasculaires, le recours aux statines sera suffisant. Mais pour trois catégories de patients au moins, cela risque de ne pas être le cas. Il y a d’abord les patients qui ont déjà subi un incident cardiovasculaire tel qu’une crise cardiaque. Si leur taux de cholestérol reste élevé malgré les statines et d’autres médicaments, s’ils souffrent d’autres facteurs de risque cardiovasculaire tels que l’hypertension ou le diabète, ils pourraient avoir intérêt à utiliser, en plus des statines, un médicament susceptible d’encore réduire leur taux de cholestérol LDL de 50 à 60 %. Une deuxième catégorie de personnes affichera un taux de cholestérol trop élevé, malgré les statines, pour des raisons génétiques. Or nous connaissons la forte corrélation entre un taux de cholestérol élevé et les incidents cardiovasculaires tels qu’un infarctus du myocarde. Si nous pouvons aider à réduire leur taux de cholestérol des personnes génétiquement prédisposées à un taux trop élevé, ce qu’on appelle l’hypercholestérolémie familiale, nous aurons bien travaillé. Enfin, quels que soient les avantages des statines, tout le monde ne les tolère pas. Il y a donc une catégorie de personnes qui soit prennent des doses trop faibles de statines, soit n’en prennent pas du tout à cause des effets secondaires. Pour toutes ces personnes, il y a désormais une alternative. Nous considérons cela comme une avancée majeure pour les patients dont le taux de cholestérol est insuffisamment régulé par les statines. Nous venons d’annoncer les résultats de 9 études cliniques en phase III, en plus d’une 10e étude annoncée antérieurement. Chacune de ces études a atteint ses critères d’évaluation principaux. Outre cela, une étude d’innocuité à long terme menée auprès de 2.000 patients a permis de constater un déséquilibre entre certains des événements de sécurité. Cette étude n'avait pas pour but d’analyser les résultats, mais en analysant les effets secondaires, nous avons constaté que le nombre d'incidents cardiovasculaires et de décès était inférieur dans le groupe sous alirocumab que dans le groupe sous placebo. A ce stade, il ne s’agit que d’une analyse expérimentale et non définitive ; et en outre, une étude health outcome study doit étudier ces critères d’évaluation dans le temps. Mais elle me semble encourageante, dans la mesure où elle montre qu’en plus de parvenir à réduire le cholestérol LDL, il semble que nous soyons aussi en mesure de peser sur les outcomes. Nous prévoyons de déposer un dossier d’approbation avant la fin de l’année. Nous venons également d’annoncer l’acquisition, avec notre partenaire Regeneron, d’un droit d’accès à un examen prioritaire d’approbation d'alirocumab après de la FDA. Si nous parvenons à déposer le dossier vers la fin de l'année, et si nous obtenons cet examen prioritaire, nous pourrions lancer le produit fin 2015.
EBM : En Santé animale, les derniers trimestres ont été difficiles. La performance s’est-elle rétablie ?
Chris Viehbacher : Absolument. Nous sommes très heureux que l’activité Santé animale ait renoué avec la croissance au cours du trimestre. Comme le savent bon nombre de nos investisseurs, cette activité comporte deux volets : Animaux de compagnie et Animaux de production. L’activité Animaux de compagnie est dominée depuis plusieurs années par une marque extrêmement performante, Frontline®. Sur le marché mondial de la Santé animale, c’est la seule marque dont le chiffre d'affaires dépasse 1 milliard de dollars. C’est de très loin le plus important produit du secteur. Bien évidemment, le brevet a expiré depuis plusieurs années, et nous avons perdu quelques parts de marché. Ces dernières années, la saisonnalité du marché a changé. Nous avons eu deux années caractérisées par une forte présence de puces et de tiques ; mais en 2013, année plus difficile à cause d’une météo plus fraîche et plus humide, il y a eu moins de puces et de tiques. Le marché tout entier s’est contracté, alors qu’il avait progressé les deux années précédentes. Cette année, la météo a été plus favorable pour nous. Malheureusement, les puces et les tiques sont plus nombreuses, et nos chiens et nos chats ont donc besoin d’une meilleure protection. Parmi nos autres succès, nous avons réussi à restabiliser Frontline®, mettant fin à l’érosion de ce marché. Bien sûr, le brevet a expiré, et nous devons absolument réfléchir à la nouvelle génération de produits. En l’occurrence, nous venons de lancer un nouveau produit, très bien accueilli, appelé Nexgard™. Ce dernier a sur Frontline® un immense avantage : Frontline® est un traitement topique qui nécessite de déposer quelques gouttes du produit sur le cou de l’animal. Nexgard™, par contre, est un comprimé à mâcher, mensuel, à saveur de bœuf. Les chiens adorent mâcher, ils adorent le goût de bœuf ; c’est donc un produit extrêmement facile à administrer et appelé à connaître un très grand succès. Dans notre activité Animaux de production, nous sommes spécialisés dans les produits aviaires, et les affaires se développent extrêmement bien. Nous avons eu des contretemps dans certaines activités biologics, mais de manière générale, notre division Santé animale a très bien commencé l’année, et devrait pouvoir poursuivre sa croissance.
EBM : Quelles sont les nouvelles du récent lancement de Nasacort® sans ordonnance ? Et comment qualifieriez-vous l’accord conclu avec Lilly pour la distribution de Cialis sans ordonnance ?
Chris Viehbacher : Le marché des médicaments vendus sans ordonnance est extrêmement important pour Sanofi. Pourquoi ? La durée de vie d’une marque s’étend sur des décennies. Et ce type de revenus à long terme est exactement ce qu’il faut à une entreprise comme la nôtre, qui prend tant de risques en R&D, si elle veut asseoir sa stabilité financière indispensable et entreprendre ces investissements risqués. L’autre bon côté du marché sans ordonnance, c’est que l’on y est régulièrement en contact avec le consommateur. Pour une entreprise comme la nôtre, il est essentiel de ne jamais oublier l’aspect humain de notre métier. Alors comment se porte cette activité ? Sa croissance est excellente, supérieure à celle de tous nos concurrents sur ce segment : 9,2 % pour le trimestre. L’un des volets les plus intéressants de ce marché consiste à faire basculer des médicaments soumis à prescription dans la catégorie des médicaments commercialisés sans ordonnance. Le marché des médicaments soumis à prescription comporte généralement un important réservoir de prescriptions ; soudain, vous donnez au consommateur la liberté de les acheter tout simplement à la pharmacie. Voyez le cas récent du Nasacort® : longtemps, ce médicament très demandé était disponible sur ordonnance. Aujourd’hui, il suffit de le demander à la pharmacie. Il s’ajoute utilement à notre portefeuille Allergies, après le succès du lancement d’Allegra® il y a quelques années. Aujourd’hui, à la pharmacie, vous trouverez aussi bien Allegra® que Nasacort® ; cela contribue fortement à la croissance de cette activité. À quels autres reclassements faut-il s’attendre ? Le trimestre dernier, nous avons signé un nouveau contrat avec Lilly pour les droits de distribution sans ordonnance du Cialis. Cialis représente aujourd’hui un chiffre d'affaires mondial de 2,1 milliards de dollars. Les droits de distribution sans ordonnance de Cialis que nous avons acquis auprès de Lilly concernent les États-Unis, l’Europe et le Japon. Ce sera probablement le premier de sa catégorie. C’est une excellente opportunité pour nous, et c'est l'occasion d'alimenter la très forte croissance du secteur de médicaments délivrés sans ordonnance. Notre activité « marchés émergents » poursuit également sa forte croissance. Dès lors, l’activité de vente sans ordonnance, pourtant destinée avant tout à assurer ces flux de trésorerie à long terme, contribue utilement à notre profil de croissance.
EBM : Enfin, quelles sont les grandes nouveautés de votre portefeuille de R&D qu’il faut tenir à l’œil ?
Chris Viehbacher : Avant tout, il ne faut pas se voiler la face sur ce qu’a été le groupe Sanofi. À nos investisseurs, je confirme que nous avons réussi à redresser l’entreprise. Nous avons construit ses plateformes de croissance, nous avons stabilisé l’activité après l’expiration des brevets. Mais beaucoup d’investisseurs ne voient pas encore dans Sanofi un centre d’excellence en recherche et développement. Et ce regard-là va commencer à changer, j’en suis persuadé. Au-delà des excellents résultats que nous avons annoncés pour notre nouveau médicament anti-cholestérol, nous nous préparons à lancer un nouveau médicament tous les six mois pendant les quatre années à venir. Notre activité de recherche et développement a connu une véritable révolution : jusqu’ici, tout ce que nous lancions était hérité du passé. Alirocumab est véritablement la première molécule d’une nouvelle génération en cours de création. Il y a Toujeo™, dont le dossier d’approbation a été déposé dans l’UE et aux États-Unis. C’est le premier élément d’une toute nouvelle génération de protection insulinique. Il y a Cerdelga®, traitement oral de la maladie de Gaucher. Pour cette maladie, le traitement commence généralement dès l’enfance avec une perfusion toutes les deux semaines. Un traitement oral, même limité aux adultes pour commencer, sera bien plus commode pour le patient que les perfusions. Ce qui nous intéresse particulièrement, en l’occurrence, c’est l’avis des patients. Ils nous ont expliqué que, souffrant d’une maladie rare, pouvoir se soigner en avalant tout simplement une pilule leur donne une impression de « normalité », qui est un avantage utile pour nous. Nous attendons encore une décision cette année sur Lemtrada™. Le profil d’efficacité de Lemtrada™ est très différent de tous les autres produits sur le marché. Les résultats d’études de phase III contre comparateur actif, à savoir le traitement standard, Rebif®, montrent une diminution de 50 % des rechutes ; chez certains patients, nous avons observé une véritable réduction du handicap physique. Ce produit a été lancé en Europe ; il a été approuvé dans 31 pays, et nous attendons actuellement la décision de la FDA. Pour Genzyme, il s’agit d’un domaine tout à fait nouveau. Associé à Lemtrada™, le lancement réussi d’Aubagio® est la base du développement d’un deuxième pôle de croissance chez Genzyme, en plus de son activité Maladies rares. Cette substance est le premier de toute une série de nouveaux produits. Notre partenariat avec Regeneron est extrêmement important. Nous avons signé un nouveau partenariat avec Alnylam sur l’interférence par acide ribonucléique. Je pense que notre concept d’innovation ouverte, visant à combiner les compétences de Sanofi avec de nombreux partenaires extérieurs, porte ses fruits. Nous disposons d’un portefeuille de très grande qualité, et je pense que cela se traduira pour Sanofi par une forte croissance.
EBM : Chris Viehbacher, CEO de Sanofi, je vous remercie.
Chris Viehbacher : Merci, Katherine.