EuroBusiness Media (EBM) : Société Générale, l'un des plus grands groupes européens de services financiers, publie ses résultats du 3ème trimestre 2015. Frédéric Oudéa, bonjour. Vous êtes le Directeur général de Société Générale. Quelles sont les tendances marquantes des résultats de ce 3ème trimestre ?
Frédéric Oudéa : Je crois que ces résultats du 3ème trimestre marquent une nouvelle étape dans notre plan stratégique. Dans un environnement plus contrasté qu'on a connu aux mois d'août et de septembre, avec des craintes sur l'économie mondiale, on bénéficie de l'équilibre de notre portefeuille d'activités. Ce 3ème trimestre marque une progression de nos revenus. Vous le savez, on a une ambition de croissance et des très bonnes dynamiques commerciales dans nos métiers.
Deuxièmement, on prolonge la bonne maîtrise des coûts et également nous avons une confirmation d'un coût du risque bas qui reflète la bonne qualité du portefeuille de crédits. Au total, on a donc un résultat net comptable qui progresse. Point très important qui focalise souvent l'attention des investisseurs aussi : le capital augmente, notre ratio augmente, en ligne avec la cible qu'on s'est fixée pour fin 2016 de 11%. Bref, je crois qu'on continue à avancer très positivement et je suis donc satisfait de ces performances.
EBM : Parmi ces avancées, les activités de détail enregistrent une très bonne performance dans l’ensemble. Quelles en sont les principales raisons ?
Frédéric Oudéa : C'est probablement effectivement la grande satisfaction de ce trimestre. Commençons par la France. Il y a une extraordinaire dynamique commerciale en France. On a un nombre record d'ouvertures de comptes, donc nous conquérons des clients et ce sont des bons clients. Ça se traduit par une collecte de dépôts et des progressions dans les productions de crédits.
Tout ça, je crois, ça part d'un bon business model, du relais pris, par exemple, par la mise en place de notre nouvelle Banque Privée qui produit ses effets. Cette dynamique commerciale se traduit aussi sur nos métiers d'Assurances, par exemple. Et donc on a, à la fois en marges d'intérêts et en commissions, de belles progressions. Deuxièmement, point très important aussi, la baisse du coût du risque, le coût du risque qui est bas. Et ça, ça fait partie aussi du modèle. Au total, un revenu très dynamique, alors que l'économie française se reprend progressivement, et une forte progression des résultats nets avec une bonne rentabilité. Donc, résultat très satisfaisant des réseaux France.
Et puis à l'international, là aussi des choses très positives. On le sait, on attend beaucoup des réseaux internationaux qui, pas à pas, améliorent leurs résultats. Et ce troisième trimestre l'illustre. Avec des bonnes dynamiques commerciales dans l'ensemble de nos géographies, et y compris en Russie, où le revenu progresse, donc une forme de stabilisation un peu de la situation économique – le revenu progresse en Russie. Mais, partout ailleurs aussi, nous progressons en crédits et en dépôts. Les métiers de Services Financiers Spécialisés aussi ont des dynamiques très positives, comme la gestion flottes automobiles, le leasing. Et au total, on a une forte progression là aussi des revenus avec une rentabilité qui est peu éloignée de notre cible. Et la Russie, pour le 2ème trimestre consécutif, réduit ses pertes. Donc bref, une Banque de Détail qui contribue de manière très significative aux résultats et c'est extrêmement encourageant. Tous les métiers, toutes les géographies vont dans la bonne direction.
EBM : En revanche, les activités de la Banque de Grande Clientèle et Solutions Investisseurs (GBIS) sont affectées par le recul de la performance des activités des marchés, et ce sur fond de forte volatilité…
Frédéric Oudéa : Après un premier semestre, on va dire, avec un environnement extraordinairement porteur, comme je l'ai dit, le 3ème trimestre est marqué par, sur les marchés, des peurs, des craintes, une forte volatilité. Donc on a des résultats plus contrastés dans le pôle GBIS. C'est très bon sur les financements, où on continue à avoir une bonne croissance des revenus. C'est bon dans la Banque Privée, les Métiers Titres et les nouveaux métiers comme le Prime Services. En revanche, c'est vrai que sur les autres activités de marché, le marché actions et le fixed income, nous sommes en retrait par rapport au 3ème trimestre, léger retrait, dans des marchés plus difficiles avec moins d'activités primaires, moins d'activités au total – une gestion de cet environnement de marché qui était plus complexe. Néanmoins, ça ne retire rien à la performance des 9 mois qui reste excellente et je reste très positif sur les perspectives de développement de ces métiers.
EBM : Et enfin, vous annoncez l'accélération de la transformation de la Banque de Détail pour vous adapter aux changements des comportements de vos clients. Comment concrètement cela va-t-il se traduire, notamment pour votre banque en ligne Boursorama et pour vos réseaux de banques de détail ?
Frédéric Oudéa : C'est effectivement un des faits marquants de ce 3ème trimestre, après des mois de travail pour donner beaucoup de cohérence aux projets de transformation en intégrant pleinement l'ampleur des changements liés à ce développement des nouvelles technologies, l'émergence du mobile comme un point de contact clé avec nos clients. Nous le voyons comme une opportunité.
Nous avons aligné nos manières de voir, et il est temps d'accélérer les transformations et les développements.
Ça se traduit de manières différentes. Avec les réseaux existants, il y a un travail important d'adaptation des réseaux, de développement d'applications numériques – on va investir à peu près 1,5 milliards dans des nouvelles applications et systèmes informatiques – et puis bien entendu un accompagnement très important des personnels en matière de formation, d'évolution des carrières parce que ce nouveau modèle de distribution omni-canal va vouloir dire des nouveaux métiers, et certains qui vont beaucoup changer. Donc là il y a une transformation très importante et nous sommes très confiants de la mener à bien. Et ceci nous permettra de finalement maintenir un bon niveau de rentabilité, alors même que le digital peut mettre de la pression sur les revenus.
Puis en ce qui concerne Boursorama, notre banque en ligne on va dire native, qui complète bien nos deux réseaux traditionnels, Société Générale et Crédit du Nord, elle va accélérer sa croissance. Nous relevons l'objectif de nombre de clients à 2020. Il était de 1,5 million dans le précédent plan. Vu le développement de Boursorama très satisfaisant, on vise maintenant au moins 2 millions de clients de Boursorama en 2020.
EBM : Frédéric Oudéa, Directeur général de Société Générale, merci beaucoup.
Frédéric Oudéa : Merci.