EuroBusiness Media (EBM) : La Gestion Flexible a-t-elle tenu toutes ses promesses au travers de la crise de 2011 ? Réponse tout de suite avec vous, Henri Chabadel, bonjour. Vous êtes le Directeur des Gestions Sigma et Responsable des Gestions Flexibles chez Groupama Asset Management. Votre fonds Groupama FP Flexible Allocation a surperformé ses pairs dans la crise de 2011. Comment l’expliquez- vous ?
Henri Chabadel : Oui c’est vrai, nous avons eu en 2011 une année qui a été difficile - elle l’a été pour tous les gérants - mais concrètement nous avons été en mesure de délivrer les performances que nous attendions, et que nous avions promis à nos clients. Nous avons protégé le capital, le fonds a baissé de moins de 5% en 2011, et surtout il a conservé toute sa capacité de rebond quand les marchés sont à nouveaux redevenus favorables en fin d’année. Cela nous a permis de nous distinguer de nos compétiteurs, qui dans l’ensemble malheureusement ont déçu, puisqu’ils ont eu un comportement beaucoup moins asymétrique ; ils ont baissé, comme les fonds diversifiés traditionnels, et rebondi comme les fonds diversifiés traditionnels. Ce qui nous a aidé, clairement, c’est un process robuste, un process qui a été construit et éprouvé pendant la crise de 2008 - et la crise de 2011 ressemblait en de nombreux points à ce qui s’est passé en 2008 - ce qui fait que nous avons confiance en ce process, nous savons comment il réagit, nous savons comment il fonctionne. Il nous a poussés à prendre un certain nombres de bonnes décisions, à protéger le capital quand la volatilité a fortement monté, de manière à avoir des marges de manœuvre, de réinvestissement, quand les conditions sont devenues à nouveau favorables, comme ça a été le cas à partir d’octobre et de novembre de l’année dernière.
EBM : Quel est l’engouement des clients aujourd’hui pour ce type de gestion ? Quel genre de clients sont intéressés et pourquoi ?
Henri Chabadel : L’engouement est réel. Il est fort depuis l’année 2008 qui a marqué vraiment une césure dans les marchés puisque les investisseurs, qu’ils soient particuliers ou institutionnels, se sont rendus compte que le monde avait changé, qu’il fallait être réactif, qu’il fallait être opportuniste, qu’il fallait être capable de bien réagir à des périodes de choc fort sur les marchés pour être en mesure de préserver le patrimoine. Donc c’est un marché qui est en collecte, qui est en collecte forte en 2009, qui décollecte marginalement en 2010, et qui collecte à nouveau en 2011 et en 2012. C’est un marché qui se différentie fortement du reste de la gestion traditionnelle qui décollecte, et c’est vraiment le signe qu’aujourd’hui les investisseurs, qu’ils soient particuliers ou institutionnels, viennent chercher auprès des sociétés de gestion des solutions qui leur permettent de résister à ces conditions de marché aussi difficiles.
EBM : Votre conviction chez Groupama Asset Management c’est que nous allons rester dans les marchés turbulents pour encore longtemps. Quelles conséquences pour la gestion en général et la Gestion Flexible en particulier ?
Henri Chabadel : Alors oui, c’est notre crédo. Malheureusement les marchés sont turbulents depuis le milieu de l’année 2007 et notre analyse c’est qu’ils vont le rester encore plusieurs années. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles nous pensons que la Gestion Flexible n’est pas un phénomène de mode, c’est quelque chose qui va répondre encore et pour longtemps à un besoin qui va aller en s’affirmant de la part des investisseurs. Pourquoi est-ce que nous pensons que c’est un changement structurel ? Tout simplement parce que nous avons affaire à un endettement massif qu’il faut résorber. Et cet endettement, malheureusement, il n’y a pas de manière simple de le réduire, si ce n’est en revoyant des structures, des modèles économiques, que ce soit au niveau des états, des particuliers ou des entreprises. Et tout cela va prendre du temps et il va falloir que le temps passe avant que les marchés aient la perspective de la sortie par le haut de cette crise. Pendant toute cette période, il va y avoir de fortes périodes de baisse, de chocs, qui répondront à des périodes d’incertitude, suivies de périodes de rebond quand les incertitudes se dissiperont, et il va falloir bien gérer cette volatilité.
EBM : Justement, quel est le positionnement de votre portefeuille aujourd’hui dans un contexte de marché qui demeure incertain ?
Henri Chabadel : Nous nous attendons clairement à une poursuite du mode risk on/risk off, c'est-à-dire des périodes de hausse entrecoupées de périodes de baisse assez violente et en conséquence, nous avons positionné le portefeuille essentiellement sur les actifs que nous considérons les plus robustes, les plus à même de supporter cette volatilité, à savoir essentiellement sur du crédit, sur des obligations d’entreprise, mais aussi sur des obligations d’état à condition qu’il s’agisse d’obligations d’Etats émergents puisque nous avons plus de confiance aujourd’hui dans les bilans des Etats émergents que dans les bilans des Etats développés. Nous avons aussi beaucoup d’exposition aux actifs dits « refuges », aux actifs dits « assurantiels », ceux qui vont nous permettre de gagner de l’argent, de protéger la performance du fonds en cas de fort choc de marché, je pense notamment à la volatilité, je pense aussi par exemple aux obligations de certains Etats considérés encore comme sûrs, comme peuvent l’être l’Allemagne ou les Etats-Unis. Et enfin, évidemment la contraposée, c’est que nous sommes relativement peu investis sur les actions et nous sommes presque absents aujourd’hui totalement de la zone euro qui est à l’épicentre de la crise.
EBM : Henri Chabadel, Directeur des Gestions Sigma et Responsable des Gestions Flexibles chez Groupama Asset Management, je vous remercie.
Henri Chabadel : Merci.