EuroBusiness Media (EBM) : Sanofi-Aventis, l’un des leaders mondiaux de la santé, publie ses résultats du premier trimestre 2011. Jérôme Contamine, bonjour. Vous êtes le Directeur Financier de sanofi-aventis. Quels sont vos commentaires sur la performance du Groupe au premier trimestre ?
Jérôme Contamine (JC) : À périmètre constant, la comparaison par rapport à l'exercice précédent est difficile en l’absence de ventes de vaccins A/H1N1. Pourtant avec un chiffre d’affaires de 7,8 milliards d'euros qui comprend pour la première fois les ventes de Merial, nous avons atteint le même niveau que l’année dernière (sans ventes A/H1N1) et ce, malgré la perte de 570 millions d'euros de chiffre d'affaires due à la concurrence des génériques, particulièrement sur le Lovenox® et Ambien® CR aux États-Unis, et sur Plavix® et Taxotere® en Europe. L’excellent résultat de nos plateformes de croissance me satisfait tout particulièrement. En effet, leur chiffre d’affaires a progressé de plus de 15% à périmètre constant (toujours en excluant le A/H1N1) ; elles représentent désormais près de 60% du chiffre d'affaires du Groupe, et représentent réellement l'avenir de l'entreprise. Le BNPA du groupe atteint 1,66 euros par action, en léger recul (-6%) par rapport à l’exercice précédent hors A/H1N1, et stable à change constant. À noter également : le cash flow disponible reste stable, à environ 2 milliards d’euros, de sorte que nous avons dégagé un cashflow net positif en fin de trimestre, avant l’acquisition de Genzyme.
EBM : L’activité de santé animale, Merial, est désormais consolidée à 100%. Comment voyez-vous sa contribution aux bénéfices et aux perspectives du Groupe ?
JC : En effet, au 1er trimestre Merial est pleinement consolidé, pour la première fois. Merial est une activité très intéressante, encore méconnue. L’entreprise génère un chiffre d'affaires de 2 milliards d’euros, dispose d’un excellent positionnement sur le marché des animaux domestiques, et développe également sa présence sur le marché des animaux d’élevage dans le monde entier. Le résultat du premier trimestre est particulièrement satisfaisant : les ventes progressent de plus de 11% et la marge opérationnelle dépasse 36%, niveau exceptionnel pour ce secteur d’activité. L’avenir de Merial dépendra de produits innovants tels que Certifect®, qui prendra le relais de Frontline® pour les chiens, mais aussi d’acquisitions et d’une croissance accrue dans les marchés émergents.
EBM : Dans les Marchés Emergents, comment progressez-vous ? Restez-vous en tête de vos concurrents ?
JC : Vous avez raison de le mentionner, notre performance dans les Marchés Emergents est vraiment excellente. Nous nous sommes imposés comme le leader dans ces marchés, avec une présence dans la plupart des pays. Au premier trimestre, notre chiffre d'affaires y a atteint 2,4 milliards d’euros, soit un montant supérieur aux ventes réalisées par sanofi-aventis aux États-Unis ou en Europe. Toutes les plateformes de croissance du groupe y enregistrent une progression à deux chiffres. Au total, notre croissance sur les Marchés Emergents a atteint 15%. Qu’il s’agisse de diabète, des produits en vente libre, des génériques ou même de notre plateforme maladies cardiovasculaires et thrombose (soit Lovenox®, Aprovel® et Plavix®) nous y enregistrons une croissance à deux chiffres. Sanofi-aventis s’est donc constitué une position unique sur les Marchés Emergents avec un chiffre d'affaires annuel supérieur à 10 milliards d’euros. Nous proposons une vaste gamme de médicaments de prescription, de médicaments en vente libre, de génériques, de vaccins, et maintenant de produits pour la santé animale. Nous employons plus de 40.000 collaborateurs sur plus de 40 sites de production. Tout ceci va nous aider à pérenniser notre position de leader dans ces zones géographiques.
EBM : L’an dernier, vous avez augmenté les dépenses de promotion de vos anti-diabétiques. Au 1er trimestre, avez-vous pu observer une inflexion de la tendance pour Lantus®, votre anti-diabétique phare ?
JC : Ces efforts portent en effet leurs fruits aujourd’hui. Notre division « Diabète » a progressé de plus de 10% au cours du trimestre, avec des ventes en hausse de 13% pour Lantus®. Mentionnons tout particulièrement les États-Unis où l’augmentation de notre part de dépenses promotionnelles s’accompagne d’une progression des ventes en comparaison avec les trimestres précédents. En Europe, nos ventes sont stables, mais elles progressent fortement dans les Marchés Emergents. Nous continuons à élargir et à compléter notre offre aux patients diabétiques, nous venons d’ailleurs de lancer nos premiers systèmes de surveillance de la glycémie sanguine, BGStar® et i-BGStar®. Le lancement a déjà eu lieu en Allemagne, et va suivre en France dès le mois de mai.
EBM : Au 1er trimestre 2010, le vaccin A/H1N1 a dégagé un chiffre d'affaires important. Comment votre division Vaccins a-t-elle progressé en l’absence du A/H1N1 au cours de ce trimestre ?
JC : Vous avez raison de le souligner : l’an dernier, le vaccin A/H1N1 nous a valu 413 millions d’euros de chiffre d'affaires. Les ventes de vaccins au 1er trimestre 2011 ont atteint un peu plus de 600 millions d’euros, 602 millions d’euros pour être précis, et représentent une progression d’environ 10% par rapport à l’exercice précédent, hors A/H1N1. La progression a été très marquée dans les Marchés Emergents (+37%) sous l’effet d’une forte saison grippale et des ventes de Pentaxim®. Nous sommes également satisfaits des ventes d’Adacel® et de Pentacel® aux États-Unis. Enfin, la FDA vient tout juste d’annoncer, vendredi dernier, sa décision d’approuver le premier vaccin contre la méningite pour les enfants en bas âge et les nourrissons, le Menactra®.
EBM : Qu’en est-il de la performance de la division Santé Grand Public ce trimestre ? Le lancement d’Allegra® en vente libre aux États-Unis a-t-il tenu ses promesses ?
JC : Justement, s’il y a un événement important à noter pour ce trimestre dans la division Santé Grand Public, c’est bien le lancement, par Chattem, de l’Allegra® en vente libre aux États-Unis. C’est un véritable succès. Nous avons enregistré 80 millions d’euros de chiffre d'affaires au 1er trimestre alors que le produit n’a été lancé qu’en février. En quelques semaines à peine, Allegra® a dépassé l’un de ses principaux concurrents sur le marché américain. Mais il n’y a pas qu’Allegra® : nous enregistrons également de fortes progressions du chiffre d’affaires dans d’autres domaines, notamment sur les Marchés Emergents. Pour le trimestre, la croissance totale de l’activité Santé Grand Public est de 40%, la croissance organique étant de 23%. Le Groupe était relativement peu présent sur le marché de la Santé Grand Public il y a encore deux ans, mais nous avons doublé nos ventes entre 2009 et 2011.
EBM : En R&D, avez-vous du nouveau à nous présenter ?
JC : En effet, nous venons de publier les résultats de l’étude VELOUR sur l’aflibercept dans le traitement de deuxième ligne du cancer colorectal. L’atteinte du critère d’évaluation principal, l’amélioration de la survie globale, est très encourageant pour le programme VEGF. En outre, trois de nos produits seront soumis pour approbation par les autorités de santé au cours des douze mois à venir. Il s’agit du lixisenatide dans le diabète, ainsi que de l’alemtuzumab et de teriflunomide dans la sclérose en plaques. Genzyme nous a apporté 16 projets en développement, dont trois sont bien connus : l’alemtuzumab que je viens de citer, mipomersen pour le traitement de l’hypercholestérolémie et l’eliglustat, traitement oral pour la maladie de Gaucher. Nous procédons actuellement à une étude détaillée du portefeuille de Genzyme, que nous espérons terminer avant la fin du 2e trimestre.
EBM : Maintenant que l’acquisition de Genzyme est réalisée, pouvez-vous nous en dire plus quant à son impact financier sur sanofi-aventis ? Quelle en sera l'incidence sur vos perspectives à l'horizon 2013 ?
JC : En effet, l’acquisition de Genzyme est finalisée depuis quelques semaines. Elle représente pour sanofi-aventis une plateforme de croissance supplémentaire et crée un centre d'excellence dans le domaine des maladies rares. C'est donc une opération majeure pour le Groupe. Nous avons commencé à étudier le dossier des synergies. Vous savez que nous avons annoncé 600 millions de dollars de synergies. Nous y travaillons en ce moment même, pour élaborer des plans détaillés que nous publierons en cours d’année. Laissez-moi simplement vous dire que cette acquisition sera relutive dès cette année. Nous nous attendons à ce qu’elle soit accrétive entre 0,75 et 1 euro par action d’ici 2013. Nous prévoyons également un rendement sur capital investi supérieur au coût du capital, dès la deuxième année. L’acquisition de Genzyme devrait donc se traduire par une contribution positive aussi bien à la croissance du chiffre d'affaires qu’au bénéfice. J’aimerais d’ailleurs ajouter que le financement a été mis en place de façon très favorable, combinant un programme obligataire de 7 milliards de dollars, placé aux États-Unis fin mars, et un financement par billets de trésorerie, pour un coût de financement global sensiblement inférieur à 2% pour 2011. En ce qui concerne les perspectives pour 2011, nous tiendrons compte du caractère relutif de l’acquisition de Genzyme, et notamment du calendrier des synergies, et de la performance du Groupe dans son ensemble au premier semestre, quand nous annoncerons nos résultats du 2e trimestre.
EBM : Jérôme Contamine, Directeur Financier de sanofi-aventis, merci beaucoup.
JC : Merci !