EuroBusiness Media (EBM): Le Groupe BNP Paribas, une des plus grandes banques d’Europe, publie ses résultats du troisième trimestre 2014. Jean-Laurent Bonnafé, bonjour et bienvenue ! Vous êtes l’Administrateur Directeur Général de BNP Paribas. Quels sont vos commentaires sur les résultats du Groupe pour le troisième trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé: Au troisième trimestre, le résultat net part du Groupe atteint 1,5 milliard d’euros, en hausse de 10,6% par rapport à l’exercice précédent. Hors éléments exceptionnels, le résultat net du trimestre s’établit à 1,7 milliard d’euros.
Au 3e trimestre, nous avons bouclé deux acquisitions ciblées significatives, LaSer en France et BGZ en Pologne.
A périmètre et change constants, le produit net bancaire des pôles opérationnels progresse de 2,6% grâce à une bonne dynamique commerciale de toutes les divisions. Les principaux moteurs de croissance sont le Retail International, Fixed Income et les métiers spécialisés tels que Securities Services, l’Assurance et Arval.
Les frais de gestion des pôles opérationnels continuent de bénéficier de la mise en œuvre du programme « Simple & Efficient » dans tout le Groupe, tout en intégrant les coûts liés à nos projets d’investissement.
Ainsi, le résultat brut d’exploitation progresse de 4,2% tandis que le coût du risque recule ce trimestre, à 47 points de base.
Globalement, je qualifierais notre performance de très bonne, et cela, grâce à la diversité de nos métiers et de nos implantations géographiques.
S’agissant de notre bilan, l’examen de la qualité des actifs (Asset Quality Review) réalisé par la BCE confirme leur grande qualité. Nous clôturons le trimestre avec un ratio « common equity Tier 1 de Bâle 3 plein » de 10,1%.
EBM : Dans le pôle Domestic Markets, l’activité Retail banking évolue dans des contextes de marché peu porteurs en France et en Italie ; en Belgique, elle réalise une bonne performance. Quelle est la situation sur ces différents marchés?
Jean-Laurent Bonnafé: Le pôle Domestic Markets a montré une bonne résistance au 3e trimestre. Si les encours de crédit reculent encore globalement de 0,8% en France, les crédits aux entreprises eux progressent légèrement. Les encours diminuent de 1,8% en Italie mais progressent de 1,5% en Belgique, et augmentent plus sensiblement dans nos métiers spécialisés, en particulier chez Arval. Dans l’ensemble, les crédits à la clientèle ont tendance à se stabiliser.
La collecte de dépôts reste soutenue en France, en Belgique et chez Cortal Consors en Allemagne. Chez Domestic Markets, les dépôts totalisent 296 milliards d’euros, en progression de 2,8% par rapport à l’année précédente.
Le développement de notre activité Cash Management se poursuit, comme en témoigne la récente enquête du magazine Euromoney. BNP Paribas y figure en tête du classement pour ses trois grands marchés : France, Belgique et Italie.
La transformation du réseau Retail annoncée en début d’année progresse conformément au plan avec une différenciation du format des agences et l’introduction de nouveaux modèles relationnels.
Les revenus de Domestic Markets atteignent 3,9 milliards d’euros, en hausse d’environ 1%, avec une forte performance d’Arval et de Leasing Solutions. L’environnement de taux d’intérêt bas se maintient, et continue de peser sur les revenus.
Les frais de gestion sont pratiquement stables, ce qui permet de dégager un effet de ciseaux positif, témoignant de l’amélioration continue de notre efficacité opérationnelle.
Si le résultat brut d’exploitation s’améliore de 2,2 %, le résultat avant impôt ressort à 0,9 milliard d’euros, légèrement plus bas que l’an passé, du fait du coût du risque toujours élevé en Italie.
Ainsi, vous voyez que nous continuons d’améliorer notre efficacité opérationnelle, tout en innovant dans nos réseaux Retail.
EBM : Comment a évolué votre activité Retail à l’international au cours du trimestre ? Quelles sont vos ambitions en Pologne où vous avez atteint une taille critique depuis l’acquisition de BGZ ?
Jean-Laurent Bonnafé: L’événement significatif du trimestre dans notre réseau Retail international est évidemment l'acquisition de BGZ en Pologne. Elle va nous donner la taille critique indispensable pour développer notre activité Retail Banking dans un pays caractérisé par de belles perspectives de croissance du PIB et un taux de pénétration bancaire encore modéré.
Avec ce rachat et en s’appuyant sur les métiers spécialisés du groupe dans le pays, BNP Paribas compte devenir une banque de référence en Pologne.
Regardons maintenant l’évolution de notre activité de Retail à l’International en regardant, comme vous le savez, les évolutions à périmètre et change constants.
Commençons par notre pôle Europe-Méditerranée. La croissance en volume reste soutenue au 3e trimestre, avec une croissance à deux chiffres des prêts et des dépôts. Dans les deux cas, le groupe TEB progresse fortement.
Les revenus progressent ainsi de plus de 22%, avec une hausse dans la plupart des régions.
Les frais de gestion augmentent de 7%, principalement en raison du renforcement du dispositif commercial en Turquie et au Maroc.
Malgré une légère augmentation du coût du risque, le résultat avant impôt augmente très nettement, à 147 millions d’euros.
Aux États-Unis, la progression en volume reste forte chez BancWest, traduisant une excellente dynamique commerciale. En banque privée, les actifs sous gestion continuent de progresser rapidement, et atteignent 8,2 milliards de dollars à la fin du trimestre.
Les revenus augmentent de près de 2% au 3ème trimestre grâce à la progression des volumes et malgré des taux d’intérêt peu favorables. De plus, au 3e trimestre, BancWest bénéficie de moins de plus-values de cession de titres que l’année précédente.
Les frais de gestion subissent l’augmentation des coûts réglementaires, en particulier du programme CCAR, tandis que la rationalisation du réseau d’agences s’est poursuivie.
Dans l’ensemble, BancWest a enregistré un résultat avant impôt supérieur à 200 millions d’euros, illustrant sa bonne dynamique commerciale.
EBM : Dans le crédit à la consommation, vous avez été très actifs dans le développement des partenariats stratégiques pour vos activités. Pourriez-vous nous en dire plus sur les derniers résultats de Personal Finance ?
Jean-Laurent Bonnafé: Au 3e trimestre, nous avons acquis les 50% que nous ne détenions pas encore dans LaSer en France, renforçant ainsi la position de Personal Finance en tant que 1er acteur spécialisé du crédit à la consommation en Europe.
L’intégration des encours de LaSer (9,3 milliards d’euros) au 3e trimestre fait augmenter le montant des crédits de près de 20% par rapport à l’année précédente. À périmètre comparable, l’augmentation des encours de crédit atteint 2,5%.
Au 3e trimestre, nous sommes également entrés sur le marché sud-africain avec l’acquisition de RCS, spécialiste local du crédit sur le lieu de vente.
Comme vous le mentionniez, la croissance au travers de partenariats stratégiques fait partie intégrante du plan stratégique de Personal Finance, et ce processus suit son cours. Pour le financement auto par exemple, nous avons récemment signé plusieurs nouveaux contrats avec des constructeurs automobiles, ce que reflète la progression de 2,7% des encours de crédit à ce secteur au 3e trimestre.
Du fait de la consolidation en intégration globale de LaSer, les revenus du métier progressent de près de 19%. À périmètre et change constants, l’augmentation est de +2,1%, grâce à de bons volumes d’activité en Allemagne, en Belgique et en Europe centrale.
Les frais de gestion progressent de 2,4% à périmètre et change constants, en lien avec le plan de développement.
Compte tenu de l’amélioration du coût du risque, Personal Finance clôture le trimestre avec un bénéfice avant impôt de 330 millions d’euros, soit une amélioration de 12% à périmètre et à change constants.
Au total, notre activité de crédit à la consommation confirme donc son bon développement, avec l’amélioration de son résultat au 3e trimestre.
EBM : Comment décririez-vous la performance de CIB au troisième trimestre, et notamment à la lumière de la diversité de vos implantations géographiques ?
Jean-Laurent Bonnafé: CIB réalise une bonne performance d’ensemble au 3e trimestre.
Chez Conseil et Marchés de Capitaux, les revenus progressent d’environ 3% avec un très faible niveau de VaR.
Le trimestre a été bon pour Fixed Income, même si la base de comparaison du 3ème trimestre de l’an passé était faible. Les activités sur le change et sur les taux ont été soutenues tandis que les revenus du crédit ont ralenti.
L’activité sur les marchés primaires est resté bien orientée, et nous confirmons notre première place au classement des émissions d’obligations « corporate » en Euro.
Au sein du métier Actions & Conseil, l’activité dérivés actions est ressorti en recul par rapport à une base élevée l’an passé avec un ralentissement sur les activités de flux dans la plupart des pays, à l’exception de l’Asie.
En revanche, les activités fusion & acquisitions et émissions d’actions ont été en progression sensible ce trimestre.
Chez Corporate Banking, les encours de crédits ont dépassé 110 milliards d’euros, en hausse de 2,3% par rapport à l’année précédente. C’est le résultat de la croissance enregistrée en Asie et dans la zone Amériques. Les encours de crédit en Europe ont eu tendance à se stabiliser par rapport au trimestre précédent. Les dépôts progressent rapidement, à 78 milliards d’euros, grâce notamment au développement continu du cash management à l’international, où nous avons obtenu plusieurs nouveaux mandats significatifs au 3e trimestre. Sur les neuf premiers mois de l’année, nous confirmons également notre place de premier arrangeur de financements syndiqués.
En conséquence, les revenus progressent de presque 3% au 3ème trimestre. En Asie, la forte croissance s’est confirmée. Les revenus s’améliorent légèrement sur le continent américain tandis qu’en Europe, l’activité est restée faible, en raison surtout du ralentissement dans le secteur Énergie et Matières premières.
EBM : Chez Investment Solutions, que faut-il retenir de la performance du 3e trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé: Les actifs sous gestion chez Investment Solutions progressent à 905 milliards d’euros fin septembre, grâce à une collecte nette et à un effet de change favorable.
La collecte nette du trimestre provient en particulier des métiers Wealth Management et Assurance, avec une contribution forte de l’Italie et de l’Asie.
Chez Securities Services, l’activité poursuit son fort développement, comme en témoigne l’augmentation importante de ses actifs en conservation et du nombre de transactions.
Les revenus du T3 progressent de 5%, à périmètre et change constants, avec une croissance satisfaisante dans tous les métiers, et particulièrement dans l’Assurance et Securities Services.
Les frais de gestion augmentent en raison de la croissance de l’activité en Assurance et chez Securities Services, même si les deux métiers affichent un effet de ciseaux positif sur le trimestre. De plus, nous poursuivons la mise en œuvre des plans de développement, en particulier chez Wealth Management et Asset Management.
Le résultat avant impôt atteint 538 millions d’euros pour le trimestre, en progression de 7,6% par rapport à l’année précédente.
En bref, ce qu’il faut retenir d’Investment Solutions pour le 3e trimestre, c’est une bonne dynamique de développement et une croissante soutenue de sa rentabilité.
EBM : Malgré l’accord conclu aux États-Unis, le groupe se montre très actif ces derniers temps avec plusieurs acquisitions ciblées. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les plus importantes ?
Jean-Laurent Bonnafé: Oui, c’est vrai que nous avons été particulièrement actifs. Outre BGZ en Pologne et LaSer en France, dont j’ai déjà parlé, j’aimerais mentionner l’acquisition de DAB Bank, dont le bouclage est attendu d’ici la fin de l’année.
Cette acquisition renforcera notre présence dans la banque numérique et le courtage en ligne en Allemagne ; elle nous ouvrira également les portes du marché autrichien.
DAB représente un apport de dépôts supplémentaires d’environ 5 milliards d’euros et double notre base de clients en Allemagne sur ce segment, à près de 1,4 million de personnes.
EBM : BNP Paribas a réussi l’exercice d’évaluation complète des actifs réalisé par la BCE. Quelles ont été les implications de l’AQR pour le Groupe ?
Jean-Laurent Bonnafé: Vous avez raison, BNP Paribas a passé avec succès l’évaluation globale de la BCE, appelée AQR, dont les résultats ont été publiés dimanche dernier. Cet examen très approfondi et très complet de la solvabilité de 130 banques de la zone euro a mobilisé de nombreux services du groupe depuis bientôt 12 mois. Pour vous donner une indication de la tâche herculéenne ainsi entreprise par la BCE, BNP Paribas, à elle seule, a fourni 370 millions de données et l’examen approfondi a porté sur plus de 50% de notre bilan.
Cette étude se décomposait en deux volets : la revue de la qualité des actifs (AQR) et le test de résistance (Stress Test) effectué en collaboration avec l’Autorité Bancaire Européenne.
L’AQR confirme la solidité du bilan du groupe, la qualité de ses actifs et la rigueur de sa gestion des risques.
Les résultats du test de résistance démontrent la capacité du groupe à résister à un scénario de stress majeur, sur la base d’hypothèses extrêmement sévères quant à la conjoncture économique et l’évolution des marchés.
L’impact de l’AQR sur notre ratio Common Equity Tier 1 est mineur, à seulement 15 points de base, et positionne BNP Paribas Group parmi les meilleures banques européennes.
Les résultats de l’AQR ont été pris en compte dans notre ratio Common Equity Tier 1 qui, comme je vous l’ai dit, se situe à 10,1% à fin septembre.
BNP Paribas confirme donc une fois de plus la très grande solidité de son bilan.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur-Directeur Général de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé : Merci à vous.