EuroBusiness Media (EBM) : Jean-Laurent Bonnafé, bonjour et bienvenue !
Jean-Laurent Bonnafé : Bonjour !
EBM : Vous venez de publier les résultats du 1er trimestre, quels en sont les faits marquants ?
Jean-Laurent Bonnafé : Le premier trimestre a vu des conditions de marché difficiles, particulièrement en Europe. Dans ce contexte, BNP Paribas confirme sa forte capacité bénéficiaire, grâce à son modèle économique diversifié et intégré.
Nos revenus baissent de 2%, grâce à la bonne résilience de l’ensemble Retail Banking & Services, alors que CIB-Global Markets a été impacté par des marchés très défavorables.
Les frais de gestion reculent de 2,3%, démontrant notre bonne maîtrise des coûts.
Le coût du risque du groupe diminue sensiblement au 1er trimestre, à seulement 43 points de base, avec une baisse dans la plupart des métiers.
Au final, BNP Paribas réalise au 1er trimestre un résultat net de 1,8 milliards d’euros, en hausse de 10% par rapport à l’an dernier. Hors certains éléments exceptionnels positifs, la rentabilité des fonds propres annualisée (ROE) atteint 9,4%, et celle des fonds propres tangibles, 11,2%. Calculé sur les mêmes bases que le plan 2014-2016, le rendement annualisé des capitaux propres est de 10,1% ce trimestre, en ligne avec l’objectif du plan.
Enfin, en dépit d’un environnement difficile, le Groupe démontre une fois de plus sa solide et récurrente génération de capital, son ratio Common Equity Tier 1 augmentant de 10 points de base à 11%.
EBM : Au 1er trimestre, les résultats des grandes banques américaines ont été affectés par l’augmentation des provisions sur le secteur de l’énergie. Qu’en est-il de l’évolution du coût du risque du groupe au 1er trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Comme je le disais, le coût du risque du Groupe est sensiblement plus bas ce trimestre. Dans l’ensemble, il a bénéficié de la bonne politique d’origination du groupe et de l’environnement de taux bas, qui contribue à la réduction du coût du risque.
Il en ressort une diminution du coût du risque dans notre activité de crédit à la consommation (Personal Finance), où le mix d’activités évolue progressivement vers des produits offrant un meilleur profil de risque.
C’est également le cas dans nos réseaux domestiques, où l’amélioration la plus marquée est intervenue comme prévu chez BNL, en Italie, où nous enregistrons pour la première fois une réduction de nos encours de créances douteuses. Les autres réseaux confirment des niveaux de coût du risque bas.
Dans CIB, le coût du risque est également bas ce trimestre. Bien entendu, nous avons passé des provisions additionnelles sur les secteurs Pétrole & Gaz et Mines, mais ceci a été plus que compensé par des provisions plus basses par ailleurs. Je tiens à rappeler que dans le secteur Pétrole & Gaz, l’essentiel de notre exposition concerne les Majors et des sociétés pétrolières nationales.
EBM : Le dernier train de mesures d’assouplissement monétaire (QE) prises par la BCE il y a deux mois maintient des taux d’intérêt bas. Comment vos réseaux domestiques se comportent-ils face à cet environnement ?
Jean-Laurent Bonnafé : Comme vous le savez, la baisse des taux pèse sur les revenus d’intérêt de la banque de détail. En revanche, comme je viens juste de l’indiquer, elle crée un contexte plus favorable en termes de coût du risque. Dans l’ensemble, notre pôle Domestic Markets se montre plutôt résilient au 1er trimestre. Nous observons une croissance modérée des encours de crédit, notamment en Belgique, et la croissance des dépôts se poursuit dans tous nos métiers.
En parallèle, notre banque digitale Hello bank ! poursuit son développement, attirant plus de 100 000 nouveaux clients ce trimestre.
Par ailleurs, Arval, notre activité de gestion de flotte automobile, poursuit l’intégration de GE Fleet Services en Europe, acquis en novembre 2015.
Nos revenus atteignent ainsi près de 4 milliards d’euros, légèrement inférieurs à l’an dernier, sous l’effet combiné des taux bas, déjà évoqués, et de la baisse des commissions financières, ce trimestre, liée au contexte de marché défavorable. Les métiers spécialisés et la banque de détail en Belgique réalisent une bonne performance.
Les frais de gestion sont marginalement plus élevés à base comparable, notamment du fait de l’augmentation des coûts dans les métiers spécialisés en croissance comme Arval et Leasing Solutions.
Comme déjà indiqué, le coût du risque diminue dans tous nos réseaux, et particulièrement chez BNL. Au final, Domestic Markets termine le trimestre avec un résultat avant impôt en hausse à 0,7 milliards d’euros.
En synthèse, Domestic Markets a pu augmenter son résultat net en dépit d’un environnement de taux bas.
EBM : Au-delà de la zone euro, quelle est la performance du pôle International Retail Banking au 1er trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : En dehors de la zone euro, International Retail Banking comprend la zone Europe Méditerranée et BancWest, qui affichent tous deux une bonne dynamique commerciale au 1er trimestre.
Voyons d’abord Europe Med. La progression des volumes se poursuit sur un bon rythme, notamment en Turquie et en Pologne.
En Turquie, nous continuons également de développer aussi notre banque digitale Cepteteb qui, un an après son lancement, a déjà attiré près de 250 000 clients.
En Pologne, nous développons efficacement nos ventes croisées comme par exemple dans le crédit à la consommation, où nos encours progressent de 9%.
Le produit net bancaire s’accroît en ligne avec les volumes, tandis que l’excellente maîtrise des coûts conduit à un effet de ciseaux positif. En Pologne, nous mettons en œuvre les synergies de coût liées à l’intégration de BGZ. Au cours de l’année écoulée, cela s’est traduit par une importante rationalisation du réseau, avec 118 fermetures d’agences.
Le coût du risque est en recul ce trimestre, par rapport à un niveau élevé l’an dernier.
Tout ceci se traduit par une amélioration significative du résultat avant impôt, presque 3 fois plus élevé que l’an dernier.
Chez BancWest, les volumes de dépôts et de crédits poursuivent leur croissance et les actifs sous gestion de l’activité banque privée continuent d’augmenter, à 10,4 milliards de dollars.
À périmètre et changes constants, la progression des revenus a été très soutenue, du fait notamment à l’augmentation des volumes et bénéficiant aussi de cessions de titres non récurrentes. Les frais de gestion continuent d’être impactés par l’augmentation des coûts réglementaires ainsi que par certains coûts liés à la mise en vente de First Hawaiian Bank.
Avec un coût du risque à un niveau bas, le résultat avant impôt progresse bien, augmentant de presque 23%.
En conclusion, une bonne performance d’International Retail Banking ce trimestre.
EBM : Votre pôle Personal Finance est le leader du crédit à la consommation en Europe. Comment cette activité a-t-elle évolué au premier trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 1er trimestre, les encours de Personal Finance ont augmenté de manière significative, portés par l’augmentation de la demande dans la zone euro alors que le métier continue d’étendre ses partenariats.
Les revenus sont impactés, ce trimestre, par un effet de change. Sur une base comparable, ils sont en hausse de 1,8%, en lien avec une augmentation des volumes et un positionnement vers des produits offrant un meilleur profil de risque. Les principales zones de croissance au 1er trimestre ont été l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. D’une manière générale, notre activité de crédit à la consommation gagne des parts de marché sur les principaux marchés européens.
Les coûts restent sous contrôle alors que le coût du risque bénéficie de l’évolution vers des produits présentant un meilleur profil de risque, mais aussi des taux bas et d’une importante reprise de provisions sur des cessions de créances.
Ainsi, Personal Finance réalise un résultat avant impôt en forte progression, confirmant la contribution de ce métier dynamique aux résultats du groupe.
EBM : Passons à vos activités d’épargne et d’assurance. Quelle a été leur performance dans le contexte difficile du 1er trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Bien entendu, l’évolution défavorable des marchés a pesé sur les actifs sous gestion qui reculent de 10 milliards à 944 milliards d’euros, principalement du fait d’un effet performance négatif. Cependant, la collecte nette atteint 2,2 milliards d’euros dans nos métiers Wealth & Asset Management et Assurance.
Dans l’Assurance, les primes brutes ont progressé de façon modérée sur une base comparable. Néanmoins, les revenus sont impactés ce trimestre par la chute des marchés financiers, comparée à une forte hausse au 1er trimestre 2015. Il faut rappeler qu’une partie des revenus de l’Assurance est comptabilisée en valeur de marché.
Les frais de gestion reflètent la poursuite du développement de l’activité et des coûts réglementaires plus élevés.
Dans l’ensemble donc, une bonne performance commerciale du métier Assurance, mais un résultat avant impôt significativement plus faible, ce trimestre, du fait de l’évolution défavorable des marchés.
Pour Wealth & Asset Management, les revenus se sont montrés résilients dans un contexte de marché difficile. Notre bonne maîtrise des coûts se traduit par une progression modérée du résultat avant impôt ce trimestre.
En résumé, un impact ponctuel de la chute des marchés financiers sur l’Assurance, mais une bonne résilience chez Wealth & Asset Management.
EBM : Les marchés financiers ont été plutôt difficiles au premier trimestre de l’année. Comment évolue votre pôle Corporate & Institutional Banking dans cet environnement?
Jean-Laurent Bonnafé : En effet, le contexte de marché a été particulièrement difficile au 1er trimestre, surtout en Europe, alors qu’au 1er trimestre 2015, il avait été particulièrement porteur. Cette évolution a eu un impact direct sur les revenus de Global Markets.
Dans Corporate Banking, les revenus sont en baisse modérée tandis que ceux de Securities Services enregistrent une légère amélioration.
Prenons chacun des métiers un par un. Global Markets a été impacté par l’approche très prudente de nos clients au cours des deux premiers mois de l’année. En fin de période, l’activité de la clientèle s’est bien redressée.
Fixed Income a souffert du faible niveau d’activité sur le change et les matières premières, mais l’activité a bien résisté sur les émissions obligataires, où nous confirmons notre leadership pour les émissions en euros. Sur l’activité taux et crédit, le trimestre a également été bon.
L’activité Equities est en nette baisse par rapport à une base de comparaison très élevée au 1er trimestre 2015, et ce en raison d’une faible demande de produits structurés dans un marché boursier européen en baisse.
Securities Services continue de gagner de nouveaux mandats, malgré l’effet négatif de la baisse des marchés sur le volume des actifs en conservation. En nombre de transactions, cependant, le métier enregistre toujours une progression à deux chiffres par rapport au 1er trimestre 2015.
Dans Corporate Banking, hors impact de la réduction du métier Énergie & Matières premières en Europe et en Asie, maintenant pratiquement achevée, les revenus n’ont baissé que de 3,6% au 1er trimestre. Les commissions baissent du fait d’un faible nombre d’opérations importantes comptabilisées au cours du trimestre. Dans les activités de transaction, nous réalisons une bonne performance, surtout dans notre métier cash management, qui continue de gagner des parts de marché en Europe.
Les frais de gestion diminuent de manière significative au 1er trimestre, en lien avec la baisse de l’activité et malgré une hausse des taxes et contributions bancaires. Cette baisse reflète également la poursuite des effets positifs de notre plan Simple & Efficient ainsi que les premières économies liées à la mise en œuvre du Plan de Transformation annoncé en début d’année.
En résumé, nos activités Global Markets sont celles qui ont été le plus affectées par l’évolution très défavorable du marché, mais nous avons vu une bonne reprise en fin de période. Corporate Banking a fait preuve de résilience, tout comme Securities Services.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur général de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé : Merci à vous !