EuroBusiness Media (EBM) : Le Groupe BNP Paribas, l’une des plus grandes banques Europe, publie ses résultats du troisième trimestre 2015. Jean-Laurent Bonnafé, bonjour et bienvenue ! Quels sont les faits marquants concernant vos résultats au 3e trimestre?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 3e trimestre, BNP Paribas réalise une bonne performance d’ensemble, qui se traduit par une solide progression de son résultat net.
Dans un contexte d’augmentation de la demande de crédit en Europe, les encours de prêts de l’ensemble Retail Banking & Services sont en hausse de 7 % au 3e trimestre.
Les revenus sont en progression dans tous nos pôles opérationnels, bénéficiant également des acquisitions ciblées réalisées l’an dernier. Au niveau du Groupe, l'augmentation des revenus atteint 8,5 %.
Les coûts sont impactés par les investissements liés aux nouvelles réglementations, mais ils continuent de bénéficier de la mise en œuvre de « Simple & Efficient ». Le résultat brut d’exploitation du groupe s’améliore ainsi de presque 11 % au 3e trimestre.
Le coût du risque reste modéré à 50 points de base. À périmètre constant et compte tenu des reprises nettes de provisions faites au 3e trimestre 2014, la tendance sous-jacente est quasiment stable.
Au final, BNP Paribas réalise au 3e trimestre un résultat net solide, supérieur à 1,8 milliard d’euros. Compte tenu de la bonne performance déjà réalisée au premier semestre, et hors éléments exceptionnels, la rentabilité des fonds propres annualisée (ROE) atteint 9,6 % et celle des fonds propres tangibles, 11,7 % pour les 9 premiers mois de 2015.
EBM : La zone euro a montré dernièrement des signes de reprise. Cette tendance se confirme-t-elle ? Est-elle visible dans Domestic Markets ?
Jean-Laurent Bonnafé : Des données publiées récemment confirment la reprise de la zone euro. Les crédits augmentent depuis quelques mois, et les indicateurs de confiance sont dans le vert. Les mesures non conventionnelles prises par la BCE, combinées à la baisse des prix du pétrole et à celle de l’euro, commencent à avoir l’effet désiré sur l’économie de la zone euro.
Dans Domestic Markets, la hausse des crédits s’accélère progressivement. Le total des encours augmente de 1,7 % au 3e trimestre, contre un léger recul l’an dernier. La croissance est particulièrement forte en Belgique, et nous observons une progression en France et en Italie.
Compte tenu de la reprise actuelle dans la zone euro et de l’accroissement de la demande de crédit, les revenus de Domestic Markets progressent de 0,8 % au 3e trimestre, à 4 milliards d’euros. Une fois de plus, nous observons une bonne performance de l’activité de Banque de détail en Belgique et de nos métiers spécialisés : Arval, Personal Investors et Leasing Solutions. En Italie, les revenus de BNL sont pénalisés par le repositionnement
sélectif sur les meilleures clientèles d’entreprises. De plus, le niveau bas des taux continue de peser sur les revenus d’intérêts, comme on peut le constater, par exemple, en France.
Les coûts restent maîtrisés et combinés à la baisse du coût du risque, particulièrement en Italie, le résultat avant impôts progresse de 4.5% à 1 milliard d’euros.
Dans l’ensemble, on peut dire que la performance de Domestic Markets est sous-tendue
par la reprise économique de la zone euro, même si certains vents demeurent contraires,
comme le niveau bas des taux d’intérêt.
Si je peux m’attarder un instant sur Domestic Markets, je voudrais souligner que nous continuons de développer notre offre digitale, comme le montre le lancement d’Arval Active Link, première offre télématique intégrée en Europe pour optimiser la gestion des parcs de véhicules d'entreprise. En Allemagne, nous consolidons notre position dans la banque digitale, avec la finalisation prochaine de la fusion entre DAB Bank et Consorsbank ! Ce nouvel ensemble, fait de nous le premier courtier en ligne et la 3ème banque digitale en Allemagne, avec 1,5 million de clients.
EBM : Comment décririez-vous la performance de International Retail Banking ?
Jean-Laurent Bonnafé : Notre activité de Retail Banking hors zone euro, qui englobe Europe Méditerranée et BancWest, reste dynamique au 3e trimestre.
Voyons d’abord Europe Med. Nous maintenons une croissance à deux chiffres tant pour les activités de crédit que pour la collecte de dépôts. Nous continuons également à développer notre offre digitale. Par exemple, avec CEPTETEB en Turquie et BGZ Optima en Pologne, nous continuons à développer notre clientèle utilisatrice, déjà forte de quelques 130.000 personnes dans chacun des cas.Les revenus continuent de progresser, malgré un contexte un peu moins favorable ce trimestre. Hors l'impact limité de quelques coûts de restructuration non récurrents, les frais de gestion évoluent en ligne avec les revenus, ce qui conduit à une légère amélioration du résultat brut d’exploitation. Le coût du risque reste modéré au 3e trimestre, quoiqu’en hausse par rapport à l’an dernier. De ce fait, le résultat avant impôts diminue à 138 millions d’euros.
Aux États-Unis, BancWest fait preuve d'un bon dynamisme commercial, dans une conjoncture favorable, continuant à augmenter ses encours de dépôts et de crédits. La dynamique du Private Banking se maintient, avec une hausse des actifs sous gestion, à près de 10 milliards de dollars. Nous développons également notre offre digitale aux États-Unis, où par exemple, l’application en ligne « Quick Balance » dépasse un demi-million de connexions mensuelles.
À périmètre et à change constants, les revenus progressent au 3e trimestre, malgré l’environnement de taux bas, grâce à la croissance des volumes. Les frais de gestion restent impactés par l’augmentation des coûts liés à la réglementation. Si l’on exclut cet impact, les coûts progressent de 5,1% au 3e trimestre. La conjoncture économique favorable permet de conserver un coût du risque très bas et le résultat avant impôts s’établit en baisse à 238 millions d’euros. A taux de change historique, cependant, il progresse en fait de plus de 15 % grâce à la forte appréciation du dollar US sur la période.
EBM : Venons-en à Personal Finance. Que pouvez-vous nous dire des performances de votre activité de crédit à la consommation au 3e trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 3e trimestre, les encours de Personal Finance progresse de 10% y compris LaSer et de 5.5% sur une base comparable, grâce à une demande qui s'améliore dans la zone euro.
Personal Finance a réalisé la fusion avec LaSer le 1er septembre et se trouve désormais bien positionné pour accroître sa part de marché en France au cours des prochaines années. L’activité de financement automobile continue de se développer grâce à de nouveaux partenariats, notamment avec KIA au Mexique et Volvo en France.
Les revenus progressent en ligne avec l’augmentation des volumes et sont tirés par les très bonnes performances réalisées en Allemagne, en Belgique, en Italie et en Espagne. Sur une base comparable, les coûts augmentent moins vite que les revenus, et le coût du risque continue de diminuer.
Ainsi, Personal Finance enregistre une progression à deux chiffres de son résultat avant impôts à 377 millions d’euros.
En résumé, un très bon résultat dans une activité en croissance.
EBM : Comment évoluent vos activités d’épargne et d’assurance au troisième trimestre de l’année ?
Jean-Laurent Bonnafé : Sur les 9 premiers mois de l’année, nos activités d’épargne et d’assurance affichent une collecte nette positive dans tous les secteurs. Le 3e trimestre enregistre une collecte soutenue, en particulier sur l'Asset Management, mais il est aussi impacté par les conditions de marché difficiles. Les actifs sous gestion atteignent EUR 919 milliards fin septembre, en progression de 3 % par rapport à fin 2014.
Si l'on regarde tout d'abord l’activité d’Assurance, elle continue de se développer avec succès, avec des primes en hausse de 3,9 % à 21,9 milliards et une progression de 6,7 % des réserves techniques. Les revenus progressent ainsi de 7 % au 3e trimestre, les coûts reflétant le développement continu de l’activité.
Au total, l’Assurance génère un résultat net avant impôts solide de 325 millions d’euros au 3e trimestre, en progression de 5,5% par rapport à l’exercice précédent.
Dans la Gestion Institutionnelle et Privée, les revenus progressent dans tous les métiers, avec une hausse chez Asset Management et Real Estate, et une bonne performance de
Wealth Management au sein de Domestic Markets. La bonne maîtrise des coûts, permet de dégager un effet de ciseau largement positif, permettant une hausse de 23 % du résultat avant impôts, à 195 millions.
Pour résumer, je dirais que l'ensemble de ces métiers réalise une très bonne performance au 3e trimestre.
EBM : Qu’en est-il de votre Corporate & Institutional Banking dans un trimestre qui a généralement vu des résultats en baisse chez vos concurrents…
Jean-Laurent Bonnafé : les revenus de notre CIB sont en hausse malgré un contexte moins favorable au 3ème trimestre.
Si je prends les différents métiers l’un après l’autre, Global Markets réalise une bonne performance dans le secteur Equities, grâce à une forte activité de la clientèle. Fixed
Income s’avère très légèrement positif, grâce à une bonne performance sur le Crédit,
compensant une moindre activité sur les Taux et sur le Change. Securities Services réalise à nouveau un beau semestre tiré par une progression à deux chiffres des volumes d’actifs en conservation et du nombre de transactions.
Enfin, les revenus de Corporate Banking enregistrent l'effet de la réduction d’activité Energie & Matières Premières, que nous avons menée depuis plusieurs trimestres et qui est aujourd'hui largement réalisée. Hors cet effet, les revenus progressent légèrement, avec de bonnes performances des financements aéronautiques et de média telecom. Le niveau des commissions est relativement bas ce trimestre, du fait d'une saisonnalité plus
marquée. L’augmentation des coûts réglementaires continue d'avoir un impact sur les coûts d’exploitation, conduisant à une baisse modérée du résultat brut d’exploitation au 3e trimestre.
Le coût du risque reste à un niveau bas. La comparaison avec l’exercice précédent n’est pas vraiment pertinente, puisque CIB était alors en reprise nette de provision. Ainsi, le résultat avant impôts s'établit en baisse à 624 millions d’euros.
Pour résumer, l’activité de CIB a continué de progresser ce trimestre, comme le montre la hausse des revenus, malgré une conjoncture moins favorable.
EBM : La croissance en Asie est sous les projecteurs depuis quelques mois. Quelle sont vos performances dans cette région ?
Jean-Laurent Bonnafé : Le rythme de la croissance se ralentit depuis plusieurs mois en Asie même si elle reste élevée en valeur absolue.
Cela dit, depuis le lancement de notre plan de développement en Asie, nous avons très bien progressé et nos revenus ont continué à augmenter sur les 9 premiers mois de l’année, même si le rythme s'est réduit, avec une collecte nette positive dans nos activités Wealth Management et Assurance, et de nouveaux développements dans Global Markets et Corporate Banking. Nous sommes confiants dans la réalisation de notre plan dans la région et nous continuons de considérer l’Asie comme une composante importante dans le cadre de la poursuite du développement du Groupe.
EBM : Enfin, comment évoluent vos ratios de solvabilité et de levier à fin septembre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Nos ratios réglementaires s’améliorent une fois de plus au 3e rimestre. Ainsi, le ratio Common Equity Tier 1 fully loaded progresse de 10 points de base à 10,7 % grâce au résultat du 3e trimestre. Quant à notre ratio de levier, il atteint 3,8 %, progressant aussi de 10 points de base au cours du trimestre. Dans les deux cas, nos calculs tiennent compte bien sûr d’un taux de distribution de dividende de 45 %.
Tout cela démontre notre forte génération de capital. Combinée avec notre capacité, largement démontrée, à gérer notre bilan, cela signifie que nous sommes en mesure de
nous adapter rapidement aux changements réglementaires.
En conclusion, je tiens à souligner la création de valeur continue pour nos actionnaires, comme le montre la progression de l’actif net par action, à presque 70 euros à fin septembre.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, CEO de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé : Merci à vous.