EuroBusiness Media (EBM) : Jean-Laurent Bonnafé, bienvenue ! Vous êtes Administrateur Directeur général de BNP Paribas ! Quels sont les faits marquants dans vos résultats au 3T 2016 ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 3ème trimestre, BNP Paribas a réalisé de bons résultats et confirmé sa solide génération de capital. Les revenus des pôles opérationnels progressent de 4,8% malgré l’environnement de taux bas, ce qui confirme une fois de plus la pertinence du « business model » intégré et diversifié du Groupe.
Les coûts des pôles opérationnels augmentent moins vite que les revenus, intégrant à la fois le niveau d’activité en hausse de certains métiers et des coûts réglementaires plus élevés. Notre plan d’économies Simple & Efficient a permis par ailleurs de compenser la dérive naturelle des coûts.
Le coût du risque au niveau du Groupe recule sensiblement à 43 points de base, en baisse ou à un niveau bas dans la plupart des métiers. Le résultat net part du Groupe progresse de 3% à près de 1,9 milliard d’euros. Hors éléments exceptionnels, il progresse de 15%.
En cumulé sur les 9 premiers mois et hors éléments exceptionnels, la rentabilité des fonds propres s’améliore à 9,8%, et la rentabilité des fonds propres tangibles à 11,7%.
Comme je l’indiquais, le Groupe confirme au 3T sa solide et récurrente génération de capital, avec une amélioration significative de son ratio Common Equity Tier 1 plein qui atteint 11,4%, en hausse de 30 points de base ce trimestre, principalement grâce au résultat net du 3T, mais aussi à environ 5 points de base apportés par la première tranche de l'introduction en bourse de First Hawaiian Bank.
EBM : Commençons par Domestic Markets ; quelle a été la performance de cette division dans l’environnement de taux bas ce trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Domestic Markets a bien résisté dans l’environnement de taux bas. L’amélioration progressive de la demande de crédit s'est confirmée et la forte croissance des dépôts s’est poursuivie dans tous nos métiers.
Au 3T, Domestic Markets a confirmé son dynamisme commercial et a continué de faire évoluer son offre numérique. Nous rapprochons ainsi notre application Wa! avec Fivory, développée par le Crédit Mutuel, afin de proposer dès l’an prochain une solution de paiement mobile multi-services commune intégrant paiement, programmes de fidélisation et offres promotionnelles, en partenariat avec des acteurs majeurs tels que Carrefour, Auchan ou Total.
Comme vous pouvez le voir, de grands acteurs de la banque et de la distribution s’unissent pour proposer aux clients une solution innovante.
En matière de parcours client, nous continuons d'enrichir notre offre dans tous nos réseaux, à la fois pour nos clients Retail & Private et pour nos clients Entreprises. Par exemple, nous avons lancé de nouvelles applications en ligne, en Belgique et en France, qui permettent aux candidats à l’achat d’un logement d’obtenir une simulation de crédit ainsi que des services complémentaires.
En termes de résultats, les revenus restent stables à 3,9 milliards d’euros. Les taux bas continuent de peser, mais les activités spécialisées et de Retail en Belgique ont réalisé toutes deux une bonne performance.
Les coûts opérationnels enregistrent une hausse modérée, alors que le coût du risque diminue significativement, particulièrement en Italie. De ce fait, le résultat avant impôt atteint 1 milliard d’euros au 3T, en progression de 9% par rapport à l’année précédente.
En résumé, un résultat en hausse, grâce à la baisse du coût du risque, pour Domestic Markets, qui continue de développer sans relâche son offre numérique.
EBM : Passons à Personal Finance. Comment s’est passé le 3ème trimestre ? La baisse du risque de crédit observée au premier semestre s’est-elle confirmée au 3T ?
Jean-Laurent Bonnafé : Personal Finance montre une bonne activité au 3T, avec une augmentation de 9% des encours sur une base comparable, soutenue par une reprise de la demande dans la zone euro et l’effet positif des nouveaux partenariats. L’activité de financement automobile poursuit son bon développement. De plus, la digitalisation de l’activité se poursuit. Ainsi, le traitement électronique de dossiers est en cours d’extension à plusieurs pays.
Les revenus progressent de près de 1% sur une base comparable, grâce à la progression des volumes combinée au positionnement croissant vers des produits offrant un meilleur profil de risque. Ce trimestre, les marchés belge et italien ont particulièrement une bonne performance.
Les coûts restent bien contrôlés, et le coût du risque enregistre une sensible diminution. La tendance d’un coût du risque plus faible s’est effectivement confirmée au 3T, compte tenu de la baisse des taux d'intérêt et d’un positionnement progressif vers les produits offrant un meilleur profil de risque, comme le financement automobile.
Ceci conduit à une progression sensible du résultat avant impôt à 411 millions d’euros, soit une augmentation de 13,5% à périmètre et à changes constants.
En conclusion, Personal Finance continue de progresser fortement au 3T, confirmant son dynamisme commercial et sa contribution significative aux résultats du Groupe.
EBM : Quels sont les points marquants pour International Retail Banking au 3ème trimestre ? Que pouvez-vous dire de l’IPO de First Hawaiian Bank aux États-Unis ?
Jean-Laurent Bonnafé : Commençons par la zone Europe-Méditerranée, où l’activité progresse bien dans toutes les régions, tant en termes de crédits que de dépôts. Dans cette zone, nos banques digitales continuent d’accroître leur base de clientèle : en Turquie, Cepteteb a atteint 320 000 clients, alors qu’en Pologne, BGZ Optima est proche des 200 000.
À périmètre et changes constants, les revenus progressent bien, grâce à une augmentation des volumes et des marges. Les coûts augmentent essentiellement du fait de la nouvelle taxe bancaire en Pologne ; hors cet effet, ils augmentent de seulement 1,6%, confirmant un bon contrôle d’ensemble et l’impact positif des synergies de coûts dans nos activités en Pologne. Globalement, la contribution d’Europe-Méditerranée aux résultats du Groupe augmente sensiblement, à 165 millions d’euros.
Passons à BancWest, aux États-Unis, un des événements marquants du trimestre a été en effet l’introduction en bourse de First Hawaiian Bank, dont nous avons placé avec succès 17,4% sur le marché début août. Comme je le disais, cette cession a renforcé d’environ 5 points de base notre ratio Common Equity Tier 1 plein au 3T.
L’activité de BancWest est restée soutenue, avec une hausse de plus de 10% pour les dépôts et de plus de 9% pour les crédits. Nous avons également continué d’augmenter régulièrement le montant des actifs sous gestion dans notre banque privée, à 11,4 milliards de dollars, en progression de 1,6 milliard par rapport à l’année précédente.
À périmètre et changes constants, les revenus progressent de 4,4% grâce à une forte augmentation des volumes, partiellement compensée cependant par la baisse des taux par rapport à l’année dernière aux États-Unis.
Les frais de gestion ont été plus élevés du fait d’une augmentation des coûts de conformité, des charges liées à l’introduction en bourse de First Hawaiian et des investissements pour renforcer le dispositif commercial.
Compte tenu d’un coût du risque particulièrement bas, le résultat avant impôt de BancWest s’élève à 210 millions d’euros au 3T, légèrement en dessous de l’an dernier.
EBM : Quelle a été la performance de vos activités d’épargne et d’assurance en termes de collecte et de génération de résultats ?
Jean-Laurent Bonnafé : Ce trimestre, le total de nos actifs sous gestion a franchi pour la première fois la barre des mille milliards, pour s’établir à 1 004 milliards d’euros. Cette bonne performance s’explique par une forte collecte nette dans tous nos métiers, ainsi que par un effet performance élevé.
Prenons tout d’abord l’activité d’Assurance : les revenus du 3T progressent de 17%, du fait d’une évolution positive du marché par rapport à une base de comparaison faible au 3T 2015, ainsi que d’une forte augmentation des plus-values réalisées.
Les coûts augmentent en raison du développement continu de l’activité, alors que la contribution des sociétés mises en équivalence s’améliore. Ainsi, le résultat avant impôt de l’assurance marque une amélioration sensible pour s’établir à 427 millions d’euros au 3T.
Dans Wealth & Asset Management, nos revenus montrent une bonne résistance d’ensemble malgré un contexte défavorable. Les coûts progressent surtout à cause des investissements dans l’activité Wealth Management, ce qui conduit à un résultat avant impôt en baisse, ce trimestre, à 161 millions d’euros.
En résumé, notre activité d’assurance affiche une forte amélioration de ses revenus ce trimestre, tandis que nos métiers Wealth & Asset Management résistent bien dans un contexte qui reste défavorable.
EBM : Que pouvez-vous dire de la performance de Corporate & Institutional Banking au 3ème trimestre ?
Au 3T, Corporate & Institutional Banking montre une activité soutenue, qui s’est traduite par des résultats en hausse. CIB met en œuvre activement son Plan de Transformation, en ligne avec le calendrier prévu, et les mesures d’économies ont été lancées dans toutes les zones géographiques.
Les revenus atteignent 2,9 milliards d’euros, soit une forte hausse de 13% par rapport à l’an dernier, avec une bonne performance des trois métiers.
Passons les en revue et commençons par Global Markets qui enregistre une forte performance au 3T, avec une hausse de près de 20% de ses revenus.
Fixed Income en a été le principal moteur ce trimestre, avec une très bonne performance dans toutes ses activités par rapport à un trimestre peu porteur l’an dernier sur les taux et le change. Nous avons confirmé notre 1ère place pour les émissions obligataires en euros et nous occupons la 9ème place du classement pour les émissions internationales.
L’activité actions est en baisse par rapport à une base de comparaison élevée l’an dernier.
Securities Services progresse d’environ 3% s’appuyant sur la croissance de ses volumes, qu’il s’agisse d’actifs en conservation ou d’actifs sous gestion.
Dans Corporate Banking, la progression des revenus dépasse 9%, tirée par l’augmentation des volumes dans toutes les régions ainsi que par une bonne contribution des commissions. Les activités de banque de transaction comme le cash management et le trade finance progressent bien ce trimestre.
Les coûts augmentent du fait de la hausse d'activité, mais sont globalement bien contrôlés, grâce aux mesures d'économie prises.
En synthèse, un très bon trimestre pour CIB, dont l’activité continue à se développer favorablement.
EBM : Avez-vous déjà eu communication par la BCE de son exigence à la suite du SREP ?
Jean-Laurent Bonnafé : Oui, nous avons eu communication du SREP par la BCE.
L’exigence de ratio Common Equity Tier 1 pour BNP Paribas s’élève pour l’année prochaine à 8% en phasé ; tenant compte d’un G-SIB buffer de 1%, d’un Conservation buffer de 1,25% et d’un Pillar 2 requirement de 1,25%.
Ce chiffre ne tient pas compte de la demande de Pillar 2 guidance qui reste confidentielle entre la banque et le superviseur.
Aujourd’hui, avec un Ratio Common Equity Tier 1 phasé de 11,6%, BNP Paribas dépasse très sensiblement ces exigences minimales.
En conséquence, le niveau prévu d’exigence pour le ratio Common Equity Tier 1 plein pour 2019 s’élève à 10,25%, sur la base d’une augmentation progressive du Conservation buffer à 2,5% et d’une hypothèse de G-SIB buffer de 2%. Comme je l’ai déjà dit, cela n’inclut pas la Pillar 2 Guidance.
Ce niveau d’exigence de Common Equity Tier 1 représente la contrainte applicable à partir de 2019 en termes de restrictions sur le montant maximum distribuable (MDA).
BNP Paribas maintient son objectif de ratio Common Equity Tier 1 plein à 12%.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur général de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé: Merci à vous.