EuroBusiness Media (EBM) : BNP Paribas, l’une des banques leader en Europe, publie ses résultats du deuxième trimestre 2015. Jean-Laurent Bonnafé, bonjour et bienvenue ! Vous êtes Administrateur Directeur Général de BNP Paribas. Quels sont les faits marquants du 2e trimestre, en terme de résultats et de solvabilité ?
Jean-Laurent Bonnafé : Je me réjouis des très bons résultats que le Groupe a réalisés ce trimestre. Notre résultat net se monte à près de 2,6 milliards d'euros et il fait suite à la très bonne performance du 1er trimestre. Au final, cela se traduit par un ROE annualisé de 10,1% hors exceptionnels au 1er semestre. C'est vraiment une très bonne performance.
Ces bons résultats ont été dégagés grâce à une forte croissance des revenus dans tous les pôles opérationnels. Au niveau du Groupe, les revenus augmentent de près de 16%, avec une progression continue chez Domestic Markets et une forte croissance chez CIB et International Financial Services. Ils bénéficient également des acquisitions ciblées réalisées l’année dernière.
L'augmentation des coûts est inférieure à celle des revenus. L’effet de ciseaux positif qui en résulte contribue à la hausse de 24,8% du résultat brut d’exploitation.
Le coefficient d’exploitation du Groupe s’améliore ainsi de 2,6 points au 2e trimestre, à 63,9%.
Le coût du risque diminue légèrement, hors effet des acquisitions réalisées en 2014 : en pourcentage des encours de crédit à la clientèle, le ratio s’améliore à 51 points de base.
Au final, ainsi que je vous l'ai déjà dit, BNP Paribas réalise un très bon résultat net au 2ème semestre à près de 2,6 milliards d’euros.
Cette solide génération de capital, alliée à notre capacité à gérer notre bilan, se traduit par des ratios de solvabilité et de levier en hausse. Notre ratio Common Equity Tier 1 fully loaded augmente à 10,6%, et notre ratio de levier atteint désormais 3,7% avec, dans les deux cas, la prise en compte d’un taux de distribution des dividendes de 45%.
Enfin, nous avons continué à créer de la valeur pour nos actionnaires ; notre actif net comptable par action atteint ainsi presque 69 euros à la fin du deuxième trimestre.
EBM : De manière générale, quels signes de reprise dans la zone euro voyez-vous sur la qualité de vos actifs et la croissance de vos encours de crédit ? Quels premiers signaux de redémarrage de la croissance voyez-vous chez Domestic Markets ?
Jean-Laurent Bonnafé : Dans Domestic Markets, les premiers signes de reprise économique se confirment comme le montre l’augmentation de 1,5% des encours de crédit au deuxième trimestre. Cette croissance est visible en Belgique et en France, alors qu'en Italie la tendance s'améliore mais reste encore en territoire négatif dans la mesure où nous achevons le processus de repositionnement du portefeuille de risque de crédits de BNL.
Compte tenu de ces signaux de reprise, les revenus de Domestic Markets s’élèvent à 4 milliards d’euros au 2T en hausse de 2,7%. Cette bonne performance a été tirée par l’activité de Banque de détail en Belgique et nos métiers spécialisés : Arval, Personal Investors et Leasing Solutions. Cependant, les revenus d’intérêts restent pénalisés par le niveau très bas des taux d'intérêt.
Grâce à nos efforts continus de contrôle des coûts et à la diminution du coût du risque au 2T, le résultat avant impôts progresse de près de 14% à 1,1 milliards d’euros.
Le coût du risque reste faible en France, et même très faible en Belgique et continue sa baisse modérée en Italie, où nous constatons une amélioration progressive de la qualité du portefeuille de crédit de BNL, avec un net recul des entrées en créances douteuses.
Dans l’ensemble, nous pouvons dire qu'il y a des signes clairs de reprise économique dans Domestic Markets, comme le montre l’amélioration de nos résultats, même si des obstacles, tel que le niveau bas des taux d’intérêt, demeurent.
EBM : En dehors de la zone euro, comment ont évolué vos activités International Retail Banking au 2ème trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : l’activité de notre pôle International Retail Banking, qui recouvre Europe-Méditerranée et BancWest, s’est bien développée au 2e trimestre.
Voyons d’abord Europe Med. La dynamique de l’activité reste forte, avec une croissance à deux chiffres des crédits et des dépôts, notamment en Turquie et en Pologne. En Pologne, l’intégration de BGZ se poursuit.
La progression des revenus est en ligne avec celle des volumes, et grâce à notre excellente maîtrise des coûts, elle génère une forte hausse du résultat brut d’exploitation. Avec un coût du risqué modéré ce trimestre, le résultat avant impôts atteint 179 millions d'euros, en progression de plus de 40%.
Aux États-Unis, BancWest bénéficie de la conjoncture économique favorable et continue à augmenter de ses crédits et ses dépôts, tout en continuant à développer ses actifs sous gestion dans la banque privée.
À périmètre et à change constants, les revenus du 2e trimestre progressent de plus de 9%, malgré l’augmentation des coûts réglementaires. Si l’on exclut ces derniers, les coûts progressent de 5,8% au 2e trimestre. Dans cette conjoncture favorable, le coût du risque reste limité ; ce qui se traduit par une hausse de 6,7% du résultat avant impôts à 246 millions d’euros. En euros, il augmente même de 34% grâce à la forte appréciation du dollar.
Au total, on peut dire que notre activité International Retail Banking a réalisé de très bons résultats ce trimestre.
EBM : Venons-en à Personal Finance. Que pouvez-vous nous dire des résultats de votre activité de crédit à la consommation au 2e trimestre ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 2ème trimestre, l’encours de crédit de Personal Finance progresse de plus de 24%, y compris LaSer. Sur une base comparable, le total des prêts augmente de 3,5% grâce à la reprise de la demande.
Parallèlement, Personal Finance continue d'avancer dans la mise en oeuvre régulière de nouveaux partenariats, comme par exemple les accords récemment conclus avec des institutions bancaires en Espagne et en Italie. L’activité de crédit auto poursuit également son bon développement, ainsi que le montre l’augmentation de 8% de ces encours.
La performance de ce métier reste élevée et elle intègre la contribution supplémentaire de LaSer.
Sur une base comparable, les revenus de l’activité progressent bien en Allemagne, en Italie et en Espagne, alors que nous continuons d'investir dans le développement de notre activité de crédit à la consommation.
Au 2e trimestre, Personal Finance réalise d'excellents résultats, avec un bénéfice avant impôt de 339 millions d'euros, en hausse de 12,5% par rapport à l’an dernier, sur base comparable.
Dans l’ensemble, c’est une performance solide dans une activité en croissance.
EBM : Comment évoluent vos activités de gestion d’épargne et d’assurance au deuxième trimestre de l’année ?
Jean-Laurent Bonnafé : Au 2e trimestre, nos activités de gestion d’épargne et d’assurance affichent une collecte nette positive, tirée par les métiers Wealth Management et Assurance. Les actifs en gestion atteignent EUR 949 milliards fin juin, en progression de 55 milliards par rapport à fin 2014.
L’évolution de l’activité d’Assurance reste très satisfaisante, avec des revenus en hausse de plus de 4% au 2e trimestre, et des coûts reflètant le développement de l'activité.
Au 2e trimestre, l’Assurance génère un résultat net avant impôts substantiel, à 336 millions d’euros.
S'agissant de Wealth & Asset Management, les revenus ont augmenté principalement grâce à la forte activité du métier Wealth-Management dans Domestic Markets et en Asie. Par ailleurs, l’activité d’Asset Management progresse dans Domestic Markets. Ici aussi, nous continuons d'investir dans le développement de l'activité.
Au total, Wealth & Asset Management génère un résultat avant impôts de 186 millions au 2e trimestre.
On peut donc dire que ces métiers réalisent une belle performance d'ensemble au 2e trimestre.
EBM : Qu’en est-il de la performance de Corporate and Institutions Banking (CIB) compte tenu du contexte de hausse de la volatilité ?
Jean-Laurent Bonnafé : CIB continue à dégager de très bons résultats, avec des revenus dépassant 3 milliards d’euros et une contribution des trois métiers à cette croissance.
Global Markets réalise une excellente performance sur les marchés d’actions, alors que dans Fixed Income l'augmentation a été limitée par le contexte incertain que vous évoquez.
Securities Services confirme sa tendance de forte croissance, avec une hausse à deux chiffres des volumes d’actifs en conservation et du nombre de transactions.
Quant à Corporate Banking, les encours de crédit sont tirés par la bonne croissance aux États-Unis. Dans le secteur Energie & Matière première, le ralentissement se poursuit en Europe et en Asie, alors que les autres métiers continuent de se développer. Nous avons eu ainsi, par exemple, de bonnes performances dans les financements de projet, les financements exports et le secteur Médias/Télécom.
Malgré des coûts réglementaires plus élevés, les coûts d’exploitation augmentent moins vite que les revenus. Hors effets de l’appréciation du dollar, et à périmètre inchangé, les coûts progressent de 3% au 2e trimestre.
Dans un contexte économique favorable, le coût du risque bénéficie de reprises nettes ce trimestre, améliorant sensiblement le résultat avant impôts : celui-ci dépasse 1 milliard d’euros au 2T, confirmant la très belle performance du trimestre.
EBM : Comment évolue la performance de vos activités aux États-Unis aujourd’hui ?
Jean-Laurent Bonnafé : Comme vous l’avez sans doute déjà noté, ce fut un très bon trimestre pour nos activités aux États-Unis. Aussi bien BancWest que notre plateforme CIB ont réalisé de bonnes performances, rendues encore meilleures par la nette appréciation du dollar sur la période.
Nous sommes vraiment très heureux des résultats réalisés par nos actifs américains depuis le début de l’année.
Le dossier grec a été un vrai sujet d’inquiétude ces derniers temps. A-t-il pénalisé vos résultats ? Êtes-vous encore exposés à ce pays ?
Jean-Laurent Bonnafé : Je me permets de rappeler, tout d’abord que nous avons décidé de fermer notre succursale grecque dès 2011 et que nous n'avons plus d'exposition souveraine. Nous n’avons qu’une exposition négligeable sur certains clients entreprises.
Nos excellents résultats du 2T le montrent : le regain de volatilité provoquée sur les marchés par la situation grecque n’a guère affecté la performance de BNP Paribas.
EBM : Depuis plusieurs mois, les marchés suivent de près les ratios de solvabilité et de levier des banques. Qu’en est-il de ces ratios pour BNP Paribas ?
Jean-Laurent Bonnafé : Comme je vous le disais en introduction, ces deux ratios augmentent sensiblement au 2e trimestre. Le ratio Common Equity Tier 1 progresse de 30 points de base à 10,6% tandis que le ratio de levier progresse d’un même ordre de grandeur pour atteindre 3,7%.
C’est la preuve de notre forte génération de capital. Combinée avec notre capacité à gérer notre bilan, cela signifie que nous pouvons nous adapter rapidement aux évolutions réglementaires, comme nous l’avons montré par le passé à de multiples reprises.
Je rappelle aussi que nous nous sommes engagés envers nos actionnaires à avoir un taux de distribution de dividendes de 45%, montants que nous avons bien sûr pris en compte cette année.
EBM : Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur-Directeur Général de BNP Paribas, merci beaucoup !
Jean-Laurent Bonnafé : Merci à vous.